GÉNÈSE 9:6 - TRISHA ESAÜ KATHERINE
humain |
Maître du Lethwei |
Magus |
Circuits Magiques |
Renforcement sacré |
Die Hard |
Thaumaturgie Sacrée |
Mystic Eyes of Brimstone |
Martyr |
Feu |
Physique Surhumain |
Sacrement |
Thaumaturgie Moderne |
Sin Eater |
Exécutrice de l'église sauvant l'humanité.
Prisonnière de la Mission qui la plonge dans la nuit.
Elle rêve à chaque visage croisé dans la rue.
Exp :
Quartz:
Date d'inscription :
Trisha Esaü
Elevée loin de la civilisation afin de la conditionner à se voir comme moins qu'humaine et dans un cadre excessivement religieux, Trisha n'est pas une jeune femme adaptée à la société moderne.
Prisonnière de ses dures années entre les mains de ses parents, elle reste fidèle à sa mission et démontre d'incroyables talents dans la chasse aux Apôtres de la Mort et autres mages noirs.
Cependant son combat le plus important restera contre elle même, entre la part d'elle qui souhaite rester fidèle à sa Mission et celle qui souhaite vivre comme tous ces agneaux qu'elle passera sa vie à protéger.
Le corps de Trisha a été façonné depuis ses plus jeunes années afin d’assurer son futur d'exécuteur. Avec un quotidien rempli d’exercices divers, allant du renforcement musculaire aux parcours d’obstacles en passant par le conditionnement partiel de ses mains, il n’est pas étonnant que le corps de Trisha soit aujourd’hui si éloigné des standards de beauté italiens. Elle a ainsi pris l’habitude de porter des habits épais afin de camoufler sa véritable apparence, afin de ne pas attirer des regards indiscrets.
Dire qu’elle n’est faite que de muscle ne serait pas si éloigné de la réalité. En termes de capacités physiques, Trisha n’excelle pas dans un domaine plus qu’un autre, ayant plutôt opté (peut-être malgré elle) pour un entraînement pluridisciplinaire. Cependant pour une jeune femme à la stature aussi fine que la sienne, sa force, son agilité, mais surtout son endurance semblent pratiquement surnaturelle si bien qu’elle rivalise sans peine avec les créatures surnaturelles les plus communes, bien que sa simple force humaine ne soit pas suffisante pour affronter les monstres les plus puissants.
Trisha a été formé à de nombreuses techniques de combat avec plus ou moins de succès. Le style des exécuteurs étant bien souvent une étrange chimère entre la praticité et la puissance afin de lutter contre les créatures de la nuit. Martin Katherine, le père et professeur de Trisha utilisait une technique de combat proche du Systema, profitant de sa large carrure et de ses capacités thaumaturgique pour soumettre les menaces au corps-à-corps en cas de nécessité. Cependant, même après avoir pratiqué ce style pendant de longues années, Trisha n’a jamais senti d’affinité particulière avec ce style bien trop porté sur la maîtrise de son adversaire.
Ce n’est que plus tard, vers ses 15 ans, qu’elle a découvert le Lethwei, un art martial Birman. La particularité du Lethwei vient de sa rare violence, pas de gants, pas de limites sur les coups, une simple recherche de l’éradication de son adversaire à travers des offensives perpétuelles extrêmement éreintantes. En se plongeant entièrement dans la pratique de ce sport de combat et en l’intégrant au fil des années à son style initial, mêlant l’utilisation des Clefs Noires de l'Église et l'entraînement de son père, Trisha a fini d’affûter sa lame.
Trisha a de nombreuses qualités qui font les grands exécuteurs. Sa condition physique est pratiquement parfaite, son sens du combat est aiguisé, malgré son âge, elle accumule l’expérience et sa lignée lui offre des sacrements puissants, un potentiel spirituel élevé ainsi que des yeux. Mais la vraie valeur de Trisha ne se trouve dans aucun de ces traits. La véritable terreur qu’elle inspire aux créatures de la nuit se trouve dans son absurde endurance et sa capacité à encaisser un nombre surhumain de blessures.
Blessée, sanguinolente, aux portes de la mort, elle se relèvera, marmonnant dans sa bouche pâteuse et pleine du goût de fer les versets de la Bible que son père lui répétait chaque soir. Trisha reste une simple mortelle, une blessure sur l’un de ses organes vitaux finira par l’abattre, mais soyez sur que tant qu’elle gardera une once de conscience, ce n’est pas briser ses membres qui suffira à l’arrêter.
Trisha est capable d’utiliser les Sacrements de l’Église, autant la forme la plus commune connue sous le nom de “Rites Baptismaux” qui permet de repousser et purifier les entités spirituelles, que les rites spécifiques de sa famille. Cependant, si les secrets des Katherines se reposent à la fois sur les vertus et sur les péchés, elle ne semble capable que d’utiliser les sacrements pécheurs, probablement due à son attribut spirituel unique (voir Sin Eater).
Quoi qu’il en soit, Trisha ne trouve que très peu d'intérêt à l’utilisation des Sacrements autre que le Rite de la Colère qui lui sert à renforcer ses prouesses physiques. Son entraînement spirituel ne lui permet que de tirer assez peu de valeur de son héritage thaumaturgique.
La lignée des Katherine ne remonte d’ailleurs qu’à quelques siècles à peine, rendant leurs enseignements assez simpliste par rapport aux miracles que l'on peut trouver dans certaines reliques. En tant que [Thaumaturgie Moderne] elle ne peut pas rivaliser avec d’autres miracles sans les caractéristiques uniques de Trisha.
Le symbole des Katherine se manifeste sous la forme d’une simple croix au niveau du cœur, sur la poitrine gauche de Trisha. Trisha manipule l'élément Feu.
Grâce au sang de sa mère, Trisha a pu hériter d’un fort potentiel spirituel. Loin de celui de sa sœur ou de celui des héritiers des familles magi nobles, il lui permet tout de même de manifester des sacrements bien plus efficacement que d’autres exécuteurs, lui permettant ainsi d’alimenter son corps en énergie spirituelle afin de repousser les créatures du mal.
Les circuits magiques de Trisha partent toujours de son cœur, peu importe le sacrement qu’elle utilise. Cependant, lorsque ses Mystic Eyes sont actifs, ils ne semblent pas reliés à ses circuits magiques, comme complètement indépendants de ses réserves spirituelles.
La plus grande bénédiction de Trisha dans son combat contre le mal, les Mystic Eyes of Brimstone (ou Yeux mystiques des flammes des enfers) sont des armes terribles capables de manifester les flammes qui ont dévoré les cités déviantes de Sodome et Gomorrhe. Le fonctionnement de ces Mystic Eyes est largement similaire aux Mystic Eyes of Flame, assez répandus, à quelques différences près. Tout d’abord, le pouvoir des Mystic Eyes of Brimstone est bien plus important que de simples yeux communs, les flammes sacrées ne peuvent être éteintes par des moyens conventionnels et parviennent même a atteindre les créatures de l'ombre voilées d'un ancien Mystère.
Ces Mystic Eyes sont bien conscient de la mission qui leur incombe : détruire les pécheurs et les engeances du mal. Face aux créatures de l’ombre, Dead Apostle, Mages Noirs, ou même face aux humains bien trop plongés dans le mal, ces Mystic Eyes auront tendance à s’activer seuls, provoquant ce qui ressemble a des cas de combustions spontanées. C’est pour cette raison que Trisha porte bien souvent un cache œil lorsqu’elle s’aventure dans des lieux peuplés afin d’éviter tout accident, les yeux fonctionnant en paire.
Malheureusement, ces yeux sont peut être un don divin, ils sont aussi un poids terrible pour Trisha. Leur activation lui inflige une terrible douleur qui ressemble plus à des piqûres d’aiguilles lorsqu’elle pose son regard sur un pécheur sans pouvoir les laisser détruire le mal. Un fléau quotidien maintenant qu'elle vit dans une ville de pouvoir et de vice.
Au final, Trisha comprend assez mal la nature et le rôle de ces cadeaux miraculeux. Elle les voit comme une mise à l'épreuve, la recherche d'un équilibre entre l'ombre et la lumière, un tentation du Malin à vouloir l'entrainer dans l'ivresse du pouvoir et de la débauche. Peut être que ses yeux ne s'activent pas pour punir le malin ? Peut être que la douleur n'est pas une épreuve ? Peut être que la réponse se trouve juste en elle, qu'une fois qu'elle aura grandit et vu le monde, elle saura juger par elle même qui mérite d'être puni sans se laisser guider par les flammes de la colère divine.
Un attribut latent de la lignée de sa mère, révélé à travers Trisha. Une affinité particulière pour les miracles de renforcement physique qui lui permet de les manifester avec une aisance naturelle. N’améliore pas particulièrement leur puissance, mais réduis plutôt l’effort nécessaire pour, Trisha ne semble pas avoir besoin de réciter ses rites entiers pour embraser son cœur spirituel, quelques mots suffisent.
L’atout principal que cet attribut apporte à Trisha est la nature intrinsèque de ses renforcements. Alimenté par les pouvoirs bénis des Sacrement de la Sainte Église, ses membres gagnent les mêmes propriétés que leurs armes sacrées : les clefs noires. Ainsi chargés d’énergie sacrée, les coups de Trisha parviennent à briser bien plus aisément les sortilèges de magie noire et peuvent même empêcher les Apôtres de la Mort de se régénérer.
L’attribut de la lignée des Katherine, une constitution particulière qui leur permet de tirer une forme d’élévation spirituelle de la douleur physique. Chaque coup reçu est une épreuve de plus à surmonter pour l’accomplissement de leur mission et à travers leur détermination viendra la paix des justes. Chaque blessure abîme leur enveloppe corporelle mais vient renforcer leur âme.
Concrètement, cette constitution leur permet d'accélérer grandement la récupération d’Od lorsqu’ils subissent des blessures, leur permettant de manifester leurs sacrements d’une façon beaucoup plus consistante sur les champs de bataille. Cet attribut est particulièrement adapté à Trisha qui démontre naturellement une capacité à encaisser une quantité impressionnante de dégâts avant de tomber, qui peut donc en tirer son potentiel maximum.
Un attribut unique et aberrant, propre à Trisha, qui fait d’elle le réceptacle des péchés de l’humanité. Pur produit de la fondation thaumaturgique des sacrements de l’église, cet attribut n’a d’ancrage que dans les croyances et la foi inaltérables de ceux qui l’ont forgé. Cette étrange condition lui impose une affinité avec les sept péchés capitaux et semble renforcer ses prouesses thaumaturgiques lorsqu’elle se laisse aller aux vices.
Cet attribut semble être la raison derrière les limites qu’elle rencontre lorsqu’elle tente d’utiliser les sacrements de sa lignée, ainsi que la source du pouvoir de ses Mystic Eyes. La puissance de ceux-ci semblant directement dépendre d’à quel point leur propriétaire a “absorbé” de péché avant de les utiliser.
Malheureusement pour elle, cette condition entre en opposition directe avec les bonnes mœurs qu’elle a toujours appris à respecter en plus de la terrifier. Comme une proposition du Diable qui tenterait de souiller son âme contre le pouvoir de lutter en vain. Une marée de doute qui l'empêche d’utiliser ce don à son plein potentiel.
"Si l'humanité est le troupeau alors nous sommes les chiens"
Trisha est une femme. Trisha est une adulte. Trisha est sans emploi. Trisha est célibataire.Tant de qualificatifs qui ne la concernent pas.
Trisha est une exécutrice de l’église. Elle n’a pas été élevée pour être une femme de foi. Elle a été éduquée pour détruire le mal. Elle n’a pas été élevée pour être une membre active de la société. Elle a été élevée pour la protéger.
Trisha n’a pas été à l’école. Ses seules connaissances viennent de la bible, des enseignements chrétiens de sa mère et de son père, et de ce qu’elle a appris en étant jeté dans l’océan de la vie.
Trisha prie. Tous les jours. Elle ne va pas à l’église, à part pour les confessions. Elle n’y a pas sa place. Elle prie lorsque le temps le lui permet. De chez elle ou dans la rue, sans prêter attention aux passants. Trisha croit en Dieu, en sa bonté, en la mission qu’il a donnée à l’humanité et à ses gardiens.
Trisha doute. Elle prie pour se rassurer. Elle doute de sa capacité à mener à bien sa mission. Elle doute de sa place dans la mission de la Sainte Église. Elle n’est pas pure. Elle n’est pas comme sa sœur. Elle boit. Elle fume. Elle jure. Elle fréquente des hommes lorsque le stress devient intenable. Pourquoi elle ?
Trisha n’est pas comme les autres exécuteurs. Certains se voient au-dessus de l’humanité. Certains voient le Huitième Sacrement comme une libération. Une bénédiction qui leur permet d’agir comme bon leur semble avec l’assurance de faire le bien. Certains sont simplement des criminels. Trisha voit chaque humain comme un individu exceptionnel. Une vie si précieuse. Une vie tellement plus importante que la sienne.
Trisha n’a pas d’ego. Il est mort. Constamment exécuté à travers son enfance et après. Trisha ne se voit pas comme un être humain. Elle ne mérite pas d’en être une. Elle n’a pas à en être une pour les protéger. Ses efforts seront récompensés au paradis. Sa souffrance n’est qu’un infime prix à payer pour l’accomplissement de sa mission.
Trisha brûle de colère. Dans le combat contre le mal, sa violence embrase son cœur. Elle n’a ni regret, ni remords à prendre la vie de celles et ceux qui menacent ce magnifique jardin. Face aux créatures de la nuit, elle se transforme, se change en une lame acérée qui ne s’arrête pas avant de transpercer le cœur de son ennemi. Elle expie ses doutes dans des émulsions sanglantes, elle retrouve son chemin dans la mort du mal, elle enfouit sa colère contre elle-même, contre son père, contre Dieu, sous les cadavres des monstres sur son chemin.
Trisha est en plein conflit intérieur. Elle ne le sait pas encore, il n’est que naissant, mais bel et bien là. Après avoir vécu toute sa vie comme un futur outil de Dieu, loin des hommes, des vices et du mal, elle commence à se construire en tant qu’individu 20 ans plus tard maintenant qu’elle découvre le monde. Son sens du devoir inflexible lui impose de s’isoler, de laisser les agneaux tranquilles, son cœur la tente. Ce n’est pas grand-chose. N’a-t-elle pas le droit à un peu de bonheur ?
Trisha habite dans un petit appartement misérable des bords de Venise. Son frigo est rempli de bière et ses placards de plats instantanés. Dans un coin, se trouve une sorte de makiwara pour son entraînement quotidien. Trisha a des camarades, qui fréquentent une salle de sport lugubre où elle se fait passer à tabac, et passe à tabac ceux qui comme elle vivent à travers ces sursauts d’adrénaline. Trisha a des espoirs, elle veut revoir sa sœur, son père, sa mère, qu’ils soient fiers d’elle.
Elle veut rentrer un jour chez elle, en écosse et dire “Regardez, j’ai réussi.” Mais pas tout de suite. Il est trop tôt. Elle n’est pas encore digne.
Un jour, peut-être, ses efforts seront récompensés. Le paradis lui ouvrira ses portes.
Plongée dans une grande réflexion sur la nature du combat de la Sainte Église, ses moyens, ses méthodes, ses victoires, ses défaites et ses travers le patriarche des Katherine a décidé d’emprunter un chemin broussailleux. Pour lui l’abandon de l’individu pour la réussite du Saint combat prôné par le Huitième Sacrement était la bonne direction, cependant le cœur des hommes est fragiles et un vice terrible, un péché mortel venait inlassablement voiler la foi et la volonté des exécuteurs de l’église : l’ego. La fierté, l'orgueil, le péché d’or, trop nombreux étaient les agents de la Sainte Église persuadés d’être au-delà des lois des hommes et des lois de Dieu sous prétexte de mener un combat juste.
La vision du patriarche était juste, pure, droite, créer une lignée d'exécuteurs qui ne se perdrait pas dans les ombres qu’ils étaient censés combattre. Ne pas donner naissance à des soldats mais à des armes, affûtées, reflétant la lumière divine qui guidait chaque serviteur de Dieu sur le droit chemin. Mais avec le temps les visions des ancêtres se perdent et le chemin dévie de sa destination initiale, chaque génération interprétant les paroles de la précédente, enivrée non pas par la fierté de l’individu mais par celle du juste combat, un combat qu’eux seuls menaient “comme Dieu l’entendait”.
Dans son propre orgueil, le Patriarche n’avait pas anticipé qu’en écrasant l’individualité de ses héritiers pour mener son propre combat, lorsque vint le jour où le fils devint le père, lui qui n’avait jamais connu ou désiré le pouvoir découvrit cet étrange sentiment d’avoir entre ses mains le destin d’une autre vie. Une vie comme la sienne, une vie qui n’avait pas d’importance au-delà du Saint Combat, une vie qu’il passerait le restant de ses jours à affûter telle l’épée qu’il n’avait pu être de son vivant afin de vaincre la nuit et ses habitants.
Mais à trop affûter la même lame encore et encore, elle finit par se fragiliser, l’acier lourd et épais devient tendre et frêle. C’est ce sort qu’à connu la lignée des Katherine au début du XXème siècle. Ses héritiers de plus en plus faibles étaient une insulte à la vision initiale du Patriarche et face à cet échec la famille Katherine s’est enfoncée toujours plus profondément dans sa recherche de juste combat. Brisant ses héritiers sur l’autel de la Sainte Église à travers une éducation et un entraînement qui n’a rien à envier aux magi qu’ils méprisent tant et à bien des égards, nombreuses sont les familles hérétiques à avoir croisé le chemin des Katherine pour revenir blème.
Aucun enfant, aucun héritier ne sortait de cette lignée, il n’y avait pas de fierté du nom ou du sang, seulement une arme, toujours plus affûtée, toujours plus fragile. Telle une chandelle en train de brûler ses derniers centimètres de mèche.
C’est en 1950, lorsque Jacob M. Katherine reprit les rênes de la famille que le destin bascula. Son existence en tant que supposé dernier héritier de la lignée lui offrit une enfance plus douce que ses prédécesseurs alors que l’espoir avait quitté le regard de son propre père, laissant uniquement la place à de la déception et de la honte. Mais Jacob portait encore la flamme de sa lignée, avec l’opportunité de grandir comme un individu plein, il étendit le champ des possibles en portant son regard là où la vision étriquée des Katherine n’avait jamais pu porter.
Le sang des Katherine était précieux, il portait avec lui un potentiel qui a été raffiné pendant deux siècles sans relâche avec une ferveur que l’on ne trouve que rarement de nos jours. Un potentiel qui ne demandait qu’à s’exprimer si on lui offrait le nécessaire pour enfin se développer. Dépendant des Sacrements de l'Église, les Katherines ne s’étaient jamais interessés à la théorie thaumaturgique en détail, grossière erreur que cet héritier providentiel su corriger.
Ayant été oublié par la Sainte Eglise qui depuis longtemps avait perdu la foi dans les méthodes de cette famille barbare, et sans aucun lien avec le monde des magi, Jacob se lança dans l’océan carnassier de la vie mondaine des magi. Serrant les dents lorsqu’il prétendait se détourner des Saints textes pour laisser fleurir le potentiel de sa lignée, jouant de l’histoire de ses ancêtres et des secrets de leurs traditions, il parvint à se trouver un parti correct.
Bien vite, la ruse tomba en lambeau mais l’objectif était atteint, les Katherine avaient trouvé de quoi renouveler leur sang ainsi qu’une famille de magi intrigués par l’héritage qu’ils pourraient cultiver grâce à cette union… cependant tout s’écroula à la génération suivante. Le fils unique de Jacob, qu’il nomma Martin, fut élevé pour être l’héritier métis des pratiques de la Sainte Église et de l’Association des mages. Pas tout à fait un exécuteur, pas tout à fait un magus, il présentait tout de même un potentiel spirituel bien plus important que son père et le père de son père avant lui.
Mais plus que tout, il fut élevé dans une philosophie totalement différente de toutes les générations qui l’ont précédé. Un monde exigeant, mais presque aimant, plaçant de nombreuses attentes sur ses épaules. Des attentes qui n’avaient plus rien à voir avec la vision du Patriarche né deux siècles auparavant. C’est en découvrant l’histoire de sa lignée et la divine mission qui les guidait jusque-là, même dans les chemins obscurs et difficiles, qu’il fut pris d’une profonde révulsion pour son père qui avait décidé d’abandonner ces valeurs pour cultiver le sang et le nom.
Malin, l’héritier des Katherine fit profil bas, répondant aux attentes de son père et des magi qui le soutenaient dans l’ombre tout en prenant contact avec la Sainte Église afin de leur demander leur soutien. Une fois en possession du blason familial, le fils Katherine prit la fuite sous couvert de la protection de la Sainte Église prête à retirer aux magi le plaisir d’étudier leurs secrets. De retour dans le juste combat de la Sainte Eglise, Martin Katherine fit rapidement ses preuves en tant qu’exécuteur zélé, puissant et déterminé.
Persuadé d’être capable de raviver la flamme de la volonté de ses ancêtres, il se lança avec la bénédiction de l’église dans la recherche d’une femme de foi au grand potentiel spirituel afin de pousser encore plus loin l’héritage des Katherine.
Les Katherine sont une famille de la Sainte Église, ce ne sont pas des magi, ils ne considèrent pas leur sacrement comme des miracles thaumaturgiques, mais comme la manifestation de leur foi. Dans une volonté de se rapprocher d’une perception bien plus universelle de la foi et des miracles de l'Église, les Katherine ont concentré leurs études des écrits et des dogmes sur les notions de vertus et de péchés. Dans la foi chrétienne, il existe sept péchés considérés comme capitaux, à l’origine des maux de l’homme, et sept vertus qui elles pavent le chemin qui mène au paradis.
Les sept vertus sont la foi, l’espérance, la charité, la justice, la prudence, la force et la tempérance. Les septs péchés quant à eux sont l’orgueil, l’avarice, la luxure, l’envie, la gourmandise, la colère et l’acédie. En se concentrant sur ces quatorze concepts, leur importance et leur rôle dans la conception du monde, les Katherine les ont transformés en fondation pour les sacrements de leur lignée.
Les vertus sont des bénédictions, des objectifs perpétuellement recherchés par le juste afin de s’assurer que son chemin reste droit. Les péchés sont des malédictions, des manifestations des dérives de la morale humaine et l’éloignement de Dieu.
Les rites des Katherine se manifestent avant tout sous la forme de renforcement personnel en se plaçant comme réceptacle temporaire de ces valeurs, pour illuminer la voie des agneaux, ou de ces vices, pour donner au mal une valeur et repentir la morale humaine. Malgré tout, la famille des Katherine reste jeune et sa doctrine s’est perdue sur certaines générations, des membres porteur du savoir du sang ont péris et leur héritage n’a été que partiellement récupéré.
Sur les quatorze rites théoriques, il n’en reste aujourd’hui que six : la charité, la force, l’avarice, l’envie, la colère et l’acédie. La Sainte Église ne soutenant pas les initiatives thaumaturgiques au-delà des rites baptismaux enseignés aux exécuteurs, les Katherine se retrouvent dans l’impossibilité d’étendre leurs connaissances sur leur propre passé. Cependant… il existe peut-être quelqu’un qui sait, encore aujourd’hui, comment manifester ces miracles perdus.
humain |
Maître du Lethwei |
Magus |
Circuits Magiques |
Renforcement sacré |
Die Hard |
Thaumaturgie Sacrée |
Mystic Eyes of Brimstone |
Martyr |
Feu |
Physique Surhumain |
Sacrement |
Thaumaturgie Moderne |
Sin Eater |
Exécutrice de l'église sauvant l'humanité.
Prisonnière de la Mission qui la plonge dans la nuit.
Elle rêve à chaque visage croisé dans la rue.
Exp :
Quartz:
Date d'inscription :
Deux filles, deux fausses jumelles.
Un affront ignoble.
Martin Katherine voulait un fils. Un homme capable de porter le combat de sa lignée haut et fort, pas deux frêles bouches à nourrir. Lorsque son regard se posa sur sa femme épuisé par l’épreuve de l’acouchement, il était meurtri et meurtrier, couvant une colère sourde. Refusant de porter ses enfants, il quitta la salle puis l'hôpital, laissant la jeune mère et ses deux enfants sans un mot et sans moyen de retourner à la demeure familiale.
Il ne s’était pas retourné, pas arrêté, il n’avait pas douté, son regard uniquement porté sur l’avenir et sur comment réparer cette erreur. Il lui faudrait faire un nouvel enfant, cette fois-ci, il ne refuserait pas d’identifier le sexe du nourrisson, c’était une perte de temps monumentale. Avec un peu de chance l’une des deux filles serait suffisamment douée pour servir de terreau fertile et cultiver ce sang ignoble qui coulait dans leur veine. Maudite sois leur mère, cette enfant n’était même pas capable de remplir correctement son rôle.
Dans sa chambre d'hôpital, Sophia observait tendrement les deux nourrissons entre les mains des sages-femmes. Lorsqu’elle pu les tenir, quelques secondes seulement, elle sut que Dieu ne laissait rien au hasard. Que sa mission était accomplie. Qu’un grand destin les attendait.
La première, plus solide, au crâne parsemé de quelques cheveux rougeoyant, s'appellerait Trisha en digne héritière de la famille de son père. La seconde, plus douce, dont le silence inquiétait les médecins, s'appellerait Elizabeth et serait la petite lumière de leur foyer.
Une grande quiétude étreignait son cœur en cet instant et c’est le sourire aux lèvres qu’elle s’assoupit, bercée par les anges.
---
Les cris du père résonnaient à travers les murs fragiles de la demeure perdue dans les tréfonds de la campagne britannique. Sa voix grondait de longues secondes durant avant d’exploser dans des éclats tonitruants qui rivalisaient sans peine avec les pleurs des deux bébés perturbés durant leurs jeunes semaines.
“Pour qui te prends-tu, femme ?! Ces deux ne seront qu’un poids mort dans la mission qui nous incombe !
- Silence Martin, ces filles sont la chaire de ta chaire, le sang de ton sang, le devoir t’incombe de les reconnaître comme tel.
- Le devoir ? Que sais-tu du devoir à ton âge ? Tu devrais déjà commencer par être reconnaissante, si j’avais su ce que cette naissance nous réservait, elles n’auraient jamais vu le jour.
- Silence.
- Crois-tu que cela m’enchante ?! Je connais le poids de la vie et sa valeur, mais ce n’est pas à nous d’en profiter, cette famille est là pour protéger le troupeau. Nous ne sommes ni le berger ni les agneaux, mais les chiens qui le gardent.
- Tais-toi.
- N'oublie pas pourquoi tu es là, je t’ai tiré de ton couvent misérable pour que tu puisses élever ta vie aux yeux de notre Seigneur, contente toi de te concentrer sur la mission qui t’incombe."
La colère était un sentiment qui était presque inconnu à Sophia et pourtant, elle bouillonnait de rage. Pendant que son mari vomissait ses sermons, incapable de comprendre la nature des sentiments de sa jeune femme, celle-ci s’était munie d’un couteau et, en le pointant vers le père de ses filles, dévoila ses véritables sentiments.
“Tu n’es pas un homme de foi Martin, si tu crois réellement en notre Seigneur comment peux-tu douter du miracle dont il nous a bénis ? Tu souhaites un fils pour poursuivre cette mission, incapable d’imaginer qu’une femme puisse la mener à ta place. Tu ne veux pas un digne héritier, tu veux un miroir dans lequel te refléter et imprimer ton image.
- Quelle folie… baisse ce couteau Sophia, dit-il en grinçant des dents.
- Si j’ai quitté la maison de Dieu pour te rejoindre c’est que je crois en cette mission qui t’incombe Martin. Et si l’envie d’avoir un fils t'empêche de saisir l’opportunité de la mener à bien, je te priverai de cette envie et tu seras forcé de reconnaître ces filles, nos filles, tes filles comme le futur de cette lignée qui est la tienne !”
Tournant la lame vers son propre corps, dans un instant de confiance surréelle, la jeune mère enfonça le couteau dans son ventre sous les cris de surprise, d’horreur et de colère du père. Aucun cri de douleur ne quitta les lèvres de Sophia alors que la lame la transperça par trois fois avant que Martin ne parvienne à la désarmer.
Quelques semaine seulement après avoir accouché, alors qu’elle était encore faible, Sophia Katherine due retourner à l'hôpital, laissant ses deux filles entre les mains de son mari suspecté de l’avoir agressé… malgré les témoignages de la jeune femme affirmant s’être infligée ces blessures elle-même.
---
Martin Katherine a beau être un homme d'extrême, un exécuteur de la Saint Église et un membre de l’Assemblée du Huitième Sacrement chargé d’élever une nouvelle génération capable de pousser la guerre contre le mal a une nouvelle échelle, il n’est pas fou. Ses décisions ne sont pas plongées dans le chaos et face à la volonté implacable de sa femme qui n’était à ses yeux qu’une “matrice”, terme utilisé par les Magi, il fut forcé d’ouvrir les yeux. Les voies du Seigneur sont impénétrables et la naissance de jumelles ne pouvait pas être un simple hasard.
Après avoir soumis ses deux filles au regard des experts de la Sainte Église, il sembla évident que la plus jeune, Elizabeth, disposait d’un potentiel spirituel largement supérieur à sœur. Elle avait eu la chance d’hériter de la grande qualité des circuits magiques de sa mère, en suivant un entraînement physique suffisant pour compenser sa frêle nature elle deviendrait capable de porter les armes des exécuteurs et les sacrements du Saint ordre et serait la parfaite héritière des Katherine.
Sa sœur, Trisha, semblait bien mieux portante physiquement mais n’avait pas hérité des circuits magiques de sa mère, ou du moins pas autant qu’Elizabeth. Elle ferait une exécutrice acceptable en perfectionnant sa condition physique et en apprenant quelques pratiques thaumaturgiques de base.
Le sort était jeté, la plus vieille, plus solide, servirait la plus jeune plus sage et destiné à porter un grand rôle. N’ayant pas pu nommer ses filles lors de leur naissance, c'est en ce jour qu’il leur donna un second prénom à chacune, honorant l’histoire bien trop similaire des frères de l’ancien testament : Jacob et Esaü.
---
La jeunesse de Trisha fut étrange. Pour elle tout allait pour le mieux. Elle vécut ses dix premières années dans une campagne tranquille, loin de la ville et de son agitation chaotique. Entourée d’une mère aimante et douce et d’un père fort et rassurant capable de chasser le mal. Sa sœur était sa plus grande et sa seule amie. Ensemble, elles pouvaient tout se dire, leurs rêves et leurs espoirs.
Chaque repas était un moment de paix et de communion avec le Saint-Esprit, chaque journée était l’occasion de travailler et de prouver sa valeur au seigneur, chaque nuit leur père leur lisait des passages de la bible avant de dormir, chaque matin leur mère les réveillait avec un peu de lait chaud au miel. Une véritable bulle anachronique à seulement 40 minutes de la ville bourdonnante en voiture.
Une jeunesse étrange éloignée de tout contact humain, car n’importe quel humain aurait stoppé cette vision du purgatoire.
Cette famille vivait de peu, cultivant ses quelques légumes, élevant ses quelques chèvres, puisant l’eau d’un puits à trente minutes de marche de la bâtisse flétrissante, isolant à peine du vent glaçant de l’hiver. Les deux filles étaient nourries de peu, elles n’avaient jamais vu de téléphone ou de technologie plus avancée que le poêle au feu de bois, elles n’étaient jamais allées à l’école, leur père restant leur seule source de savoir, de quoi d’autres avaient-elles besoin ?
Sans jamais avoir mangé de festin, sans jamais avoir entendu le mot téléphone, sans jamais avoir vu d’écolier ou de professeur, comment pouvaient-elles en avoir besoin ? Ce monde étriqué d’un regard extérieur était bien assez grand pour elles, la véritable définition du bonheur.
Mais les Katherine n’élèvent pas des fermières. Les Katherine n’élèvent pas des agneaux. Les Katherine élèvent des exécuteurs de la Sainte Église et Martin Katherine comptait atteindre de nouveaux sommets avec cette génération.
La formation des deux fillettes commença au plus tôt avec des choses simples. Réaliser les tâches ménagères, aider dans le jardin, aller puiser de l’eau dans le puits. Très tôt ces tâches firent partie de leur quotidien, d’abord avec leurs parents, puis seules, dans un climat qui ne dépassait que rarement les vingt degrés. Dès leurs jeunes années, leur corps fut forgé par l’effort et récompensé par la chaleur du foyer.
Leur père et leur mère dédiaient leur vie à Dieu, elles étaient encore trop jeunes pour passer une vie de prière c’est pourquoi elles s’occupaient de la maison. Leur mère avait grandi dans un couvent, sans avoir la chance de connaître ses parents, qu’elles étaient chanceuses. Leur père avait été retiré à sa famille pour remplir sa mission, qu’elles étaient chanceuses. Une gratitude aveugle.
---
Hiver 2007, le froid mordant faisait frémir Trisha sous son épais manteau. Les seaux de bois pendaient au bout de ses bras, tels des balançoires, mot qui lui était inconnu. Derrière elle, scrutant le paysage aride et coloré avec une éternelle fascination se tenait Elizabeth. Avec les années, en suivant le même train de vie, les deux sœurs avaient grandi d’une façon bien différente. Les longs cheveux de feu de Trisha volaient au vent, plus proche de ceux de son père, les cheveux sombres et bien entretenus d’Elizabeth étaient tressés. Quelques centimètres les différenciaient déjà, annonçant de quoi seraient fait leur futur.
“Le puits n’est plus très loin ! J’espère que mère aura allumé un feu, la nuit tombe et le vent souffle.”
Une voix innocente, amusée et souriante même si sous ses gants ses mains étaient meurtries par l'entraînement au combat imposé par son père depuis quelques mois et que ses muscles grinçaient, engourdis par un quotidien d’activité éreintante. La course matinale au rythme intensif de leur père, aller chercher et couper le bois, l’apprentissage de l’art du combat et le plus dur : le conditionnement.
L’apprentissage spirituel avait révélé chez l’ainé une grande affinité pour le renforcement magique, un trait probablement hérité du sang de sang de sa mère qui n’avait jamais eu à s’exprimer pleinement. Une aubaine pour Martin qui y trouvait une valeur simple et pure pour son futur rôle d'exécuteur, ainsi que l’occasion d’explorer de nouveaux sentiers.
“Sais-tu quel est notre rôle Trisha ?
- Protéger le troupeau du Seigneur en chassant le mal qui rôde dans la nuit.
- Qui sommes-nous ?
- Les chiens du berger.
- Avons-nous une place dans le troupeau ?
- Non, mais notre sacrifice sera récompensé au paradis.”
Un sourire fier se dessina sur les lèvres de Martin ce jour où il commença à sérieusement entraîner sa fille. Doucement il lui prit les mains et continua d’un air grave.
“Si le troupeau est d’agneaux alors nous sommes des chiens, si le troupeau est d’humains nous sommes des armes. Les soldats du Seigneur se battent normalement avec des armes sacrées que l’on appelle les Clefs noires, je t’apprendrai à les utiliser mais je veux que tu puisses vaincre sans. Ton tranchant sera sans égal.”
Trisha ressenti pour la première fois un grand élan chaleureux dans son cœur, un sentiment inconnu : la fierté. Son père était un homme avare en parole et en complément plus encore, l’attention du foyer s’était toujours portée sur le destin incroyable promis à sa sœur. Voir se dessiner sous ses pieds un chemin de lumière était exaltant, elle serait “sans égal”.
“Oh ! Le voilà ! Il est l’heure de puiser !”
Le silence au sourire timide d’Elizabeth serait sa seule réponse mais ça ne la dérangeait pas. Elle savait à quel point sa sœur suivait un chemin difficile. Si elles apprenaient ensemble à se battre et utiliser les sacrements de l'Église ensemble, elles finissaient toujours par se séparer. Trisha se devait de suivre son père pour approfondir sa connaissance du combat, ces heures étaient les plus dures et les plus douloureuses de la journée, pour Elizabeth qui se devait de briller plus fort encore, ces moments de solitude avec sa mère devaient être de véritables épreuves dont elle ne savait rien.
"Donne-moi un de tes seaux plein, je vais le porter !
- Tu es sûre Trisha ?
- Mais oui ! Tu dois te reposer après tes leçons avec mère, tu dois être fatiguée !”
L’air incertain de sa sœur ne sû l’arrêter et alors que les quatres seaux de bois étaient remplis, Trisha trouva un moyen d’en porter trois sans renverser leur contenu. Elizabeth ne savait pas comment réagir. Elle savait que Trisha ne sentait plus ses mains. Elle savait que ses heures passées avec sa mère n’étaient en rien comparable à l’enfer que sa sœur subissait. Mais si elle pouvait tout de même soulager ses bras aujourd’hui, elle ne dirait rien.
Après tout, sa sœur était là pour la servir non ? Il n’y avait rien de mal à cela, non ?
---
“Arrête Martin !”
Les cris de Sophia couvraient à peine les pleurs d’Elizabeth et le claquement répété du martinet. Martin Katherine avait un air dément sur le visage, un mélange absurde de colère, de tristesse, de déception et de culpabilité. Pourquoi ? Pourquoi le mal avait-il trouvé un chemin jusqu’à sa fille ? Pourquoi les graines de l'égoïsme avaient-elles trouvé un terreau fertile en son cœur ?
Affalée sur le sol, le dos et les bras en sang, le regard hagard et la bouche entrouverte, Trisha peinait à reprendre pleinement conscience de la scène. Elle se souvenait de la marche avec sa sœur, du poids écrasant des trois seaux, de l’air surpris de sa mère à l’entrée de la maison, de la détresse dans son regard, de l’arrivée soudaine de son père, de la poigne de fer sur son bras déjà endolori et de la punition…
“Arrête ! Je t’en supplie !”
Elizabeth poussa un nouveau cri déchirant de douleur lorsque la punition claqua sur son dos nu. Le regard de Trisha vrilla, incertain, vers la scène, voilé de confusion et d’un nouveau sentiment naissant.
La colère.
Difficilement, dans un mélange de fluide, de grognement et de douleur, Trisha posa un bras sur le sol, puis le second, avant de finir par se relever. Sa mère avait arrêté d’apostropher le père, les yeux désormais rivés sur sa fille se rebellant contre son propre corps. Portés par l’adrénaline, mettant en œuvre pour la première fois en situation réelle son apprentissage, les muscles brûlant de l'aînée se couvrirent de ses circuits magiques exaltés par la punition reçue plus tôt.
Dans une détonation sourde, Trisha bondit vers sa sœur pour s’interposer. Elle ne comprenait pas. C’était elle qui avait tenté Elizabeth, seule elle méritait d’être punie. Sa sœur n’avait rien fait de mal. Elle était destinée à de grandes choses. Elle n’avait pas fauté.
Avec Elizabeth dans les bras, présentant son dos à son père, serrant les dents, les yeux clos, attendait la punition qui s’imposait pour avoir défié l’autorité de la maison. Le corps chaud et humide de sa sœur lui collait à la peau, elle pouvait la sentir se recroqueviller contre elle. L’attente était insupportable, chaque seconde s’accumulait comme un poids supplémentaire sur sa conscience embrumée.
Mais il ne vint jamais.
“Sophia, panse les, qu’elles nettoient le désordre qu’elles ont causé. Une fois cela fait, allez dans votre chambre et réfléchissez à vos actions. Nous verrons demain quelle punition---”
La voix rauque de Martin s’enraya au milieu de sa phrase. Sous ses yeux jusqu’à lors rempli de colère de voir son autorité contestée, se remplirent de surprise. Sa fille se levait. Lentement mais sûrement. Ses mouvements étaient erratiques mais ne semblaient pas faiblir. Après avoir observé quelques instants sa mère puis sa sœur, elle se tourna dans la direction des seaux et des torchons pour commencer à laver le sol de son propre sang. Aucun mot ne sortait de ses lèvres, quelques gémissements de douleur par moment, aucune plainte ou question. Elle n’était qu’un corps avec une mission et une volonté d’aller contre vents et marées pour protéger la vie d’une juste.
Les voies du Seigneur sont impénétrables en effet, pensa Martin en esquissant un sourire avant de faire volte-face et quitter la pièce.
---
Printemps 2012. Après les premiers vents doux, la préadolescence de Trisha et Elizabeth fleurissait. Leur entraînement se déroulait à la perfection, toutes deux avaient largement les capacités nécessaires pour prétendre au rang d'exécuteurs de la Sainte Église. Toutes deux avaient hérité du trait thaumaturgique de la lignée des Katherine en plus de développer leurs forces propres. Esaü brillait par ses prouesses physiques et sa résilience hors du commun tandis que Jacob démontrait chaque jour un peu plus la puissance des miracles de l’église.
Mais plus que tout, Martin avait découvert chez chacune de ses filles des caractéristiques uniques, qui ne s’étaient jamais manifestées dans la lignée des Katherine. Telles deux faces d’une même pièce, Trisha et Elizabeth semblaient bénéficier d’une thaumaturgie étrange, comme dépendante de leur mode de vie respective. L’ainée se voyait renforcée lorsqu’elle agissait de manière égoïste ou sous le coup d'émotions négatives, tandis que la benjamine profitait d’une attitude bénéfique et vertueuse. L’une portait les péchés, l’autre les vertus.
C’est pour cela que Martin avait décidé d’exposer pour la première fois sa fille au reste du monde. Prétextant un voyage jusqu’à un lieu d'entraînement lointain, il l'emmena avec lui jusqu’à la ville la plus proche. Après avoir été témoin de la grande volonté de sa fille et de son sens du devoir implacable il a compris que peu importe ce que le destin lui réservait, avec une éducation suffisamment stricte elle resterait toujours fidèle à sa mission.
Ce don étrange qui la poussait au péché ne devait pas être vu comme une malédiction, mais comme une épreuve supplémentaire du seigneur pour tester la détermination et la foi de sa fille. Si elle devait vivre dans le péché, elle le ferait pour le bien de l’humanité, portant sur ses épaules les torts des siens dans un effort de repousser toujours plus loin les ténèbres.
“Trisha, dans les mois qui suivent tu commenceras à lutter avec moi contre le mal qui s'agite dans les ténèbres. Ta sœur accompagnera ta mère.”
Pas de réponse. Un silence dévoué.
“Mais avant ça tu as gagné le droit de voir pourquoi tu te battras toute ta vie.”
Un écho surpris s’échappa de ses lèvres.
“Qu’y a-t-il ?
- Suivre la voie du Seigneur n’est pas une raison suffisante ?”
Martin resta silencieux quelques instants. Il savait qu’il assistait probablement aux dernières heures de l’innocence de l’âme de sa fille. La guerre contre le mal n’avait pas besoin d’enfant, et si elle n’était pas destinée à vivre de ses vertus, il briserait son cœur pour la rendre plus forte, comme il avait brisé ses mains chaque jour depuis des années.
“Non, ce n’est pas suffisant. Nous nous battons pour honorer la voie du Seigneur, mais c’est pour permettre à l’humanité de vivre en sécurité qu’Il nous guide ainsi.
- L’humanité…
- Tu ne la connais pas encore. Tu l’a entendue dans les récits de la vie de notre Seigneur mais je suis bien conscient que ce n’est encore qu’une image éloignée pour toi. C’est pourquoi, aujourd’hui tu vas la rencontrer.”
Il s’arrêta, se tourna vers sa fille. Martin Katherine n’était ni un mari, ni un père aimant. Son sens du devoir primait sur tous ses désirs personnels. Toute sa vie il s’était uniquement battu pour remettre sa lignée sur le droit chemin et permettre à l’humanité de rester en sécurité. Il avait trahi ses parents, fait connaître les pires souffrances à ses filles et les avait élevés loin de tous les cadres qu’on pourrait imaginer pour un enfant. Il ne regrettait rien. Il ne prendrait aucun choix différent s’il pouvait recommencer.
Cependant, il prit tout de même quelques instants pour imprimer dans sa mémoire le visage illuminé d’admiration de sa fille. Elle était soudainement perdue dans ses pensées, en train de s’imaginer à quoi pouvait bien ressembler cette humanité qu’on lui avait appris à placer sur un piédestal si haut au-dessus de sa propre existence. Martin savait qu’il ne reverrait jamais ce visage.
“Reprenons la route, nous arriverons là-bas à la tombée de la nuit.”
---
Trisha n’en croyait pas ses yeux. Aucun mot ne saurait décrire ce qui se passait dans son cœur.
Sous la tutelle de son père, elle apprenait soudainement tant de choses. La ville, les voitures, les magasins, les lunettes, les téléphones, les restaurants, les supermarchés, la télévision, l'électricité, l’eau courante, les médicaments… La liste infinie défilait bien plus vite qu’elle n’était capable de la comprendre. Elle n’avait pas le temps de finir de s'émerveiller sur une découverte, qu’une nouvelle faisait son entrée. Sa curiosité d’enfant lui donnait soudainement une énergie sans fin.
Elle ne comprenait pas exactement tout mais une chose lui semblait certaine. Les humains étaient incroyables. Ils n’avaient pas à chercher l’eau au puits chaque jour car ils avaient appris à l'emmener directement chez eux. Ils n’avaient pas à aller couper le bois durant de longues et fatigantes heures pour se chauffer l’hiver car ils avaient inventé des objets qui chauffent tout seuls. Ils n’avaient pas à traire leurs chèvres, faire pousser leurs propres légumes car d' étranges créatures de métal le faisaient à leur place.
Chaque individu avait sa place dans ce monde qu’elle découvrait, chaque personne avait un “travail” qu’il remplissait pour permettre au monde de tourner. Un grand monde dans une harmonie complexe qu’elle était incapable de se représenter en entier.
“Ce n’est qu’une petite ville.”
Nouvelle vérité, nouveau choc. Elle avait croisé en quelques heures plus d’individus qu’elle ne savait compter. Petite ? Une part d’elle refusait d’y croire, l’autre savait que son père ne disait que la vérité. Désormais elle comprenait pourquoi son entraînement avait été si rigoureux. Elle comprenait le regard dur de son père. L’importance de ses blessures. Qui, en son âme et conscience, ne voudrait pas protéger un monde aussi incroyable ? Qui voudrait voir s’effondrer toutes ces créations d’individus bien plus incroyables qu’elle ne le serait jamais.
Mais elle savait que si jamais elle ne saurait comment être l’égal de ces hommes et de ces femmes, Dieu avait mis entre ses mains le pouvoir de les protéger. Rien ne pouvait la rendre plus fière.
“Père… J’ai compris… je crois.
- Je sais ce que tu ressens Trisha, grave ce sentiment dans ton cœur et ne l'oublie jamais.”
Quittant la rue principale, lumineuse et animée malgré l’heure tardive, pour s’engager dans une ruelle plus sombre et humide, Martin et sa fille s'enfoncèrent dans les boyaux malodorants de la ville. Le changement de ton ne passa pas inaperçu aux yeux de l’enfant qui afficha rapidement un air d'incompréhension. Silencieusement elle emboîta le pas de son père au milieu des ordures et des mendiants, des ivrognes et des voyous, des rats et des prostituées.
La voix rauque de son père continuait inlassablement sa leçon, ignorant les individus qui les entouraient.
Trisha n’en croyait pas ses yeux. Aucun mot n’aurait su décrire ce qui se passait dans son cœur.
Un grand sentiment d’inconfort l’envahissait, chaque visage était sombre et menaçant, la lumière jaunâtre n’aidait pas. Sa tête la faisait souffrir. Elle avait envie de pleurer. Vomir. Partir. Loin. La main rugueuse de son père se posa sur son épaule et son regard se plongea dans le sien, apportant avec lui un instant de calme.
“Regarde-moi Trisha. Regarde-moi bien. Rappelle-toi de notre mission. Qui sommes-nous ?
- Nous sommes les chiens qui protègent les agneaux du berger. Si le troupeau est d’agneau alors nous sommes des chiens, si le troupeau est d’humains alors nous sommes des armes.
- Que faisons-nous ?
- Nous chassons le mal, les engeances du malin et protégeons la vie des enfants du Seigneurs.
- Et si nous devons choisir entre la vie d’un agneau ou notre propre vie ?
- Notre sacrifice sera récompensé au paradis.”
À chaque réponse, la voix de Trisha s’apaisait un peu plus, ses yeux se fermaient petit à petit pour laisser son cœur s'imprégner de ces mots qu’elle avait répété tant de fois.
“Notre rôle n’est pas de juger la vie des hommes Trisha, l’important n’est pas de savoir combien de vies, ou quelles vies nous avons sauvées, mais que nous ayons accompli notre mission sans jamais quitter le droit chemin qui nous est dicté par le Seigneur. Tu comprends ?
- Oui père…
- Tous les humains n’ont pas la même vie, pas la même chance, pas les mêmes péchés cependant cela ne nous concerne pas. Si le troupeau est d’humains…
- Alors nous sommes des armes.
- Chaque être humain que nous avons croisé depuis notre arrivée dans cette ville mérite de vivre, d’être protégé. Tu as grandi sans aucune de ces inventions qui font de l’humanité ce qu’elle est aujourd’hui, tu ne fais pas partie du troupeau, tu n’y auras jamais ta place mais ce n’est pas grave, ce n’est pas que notre Seigneur att--
- C’est quoi ton problème le vieux ?”
Trisha écarquilla les yeux. Une voix inconnue venait de couper celle de son père. Personne ne coupait la parole à père sans subir une punition. Mais c’était un--
“Aaaarh…”
Une vive douleur traversa le crâne de Trisha en découvrant l’apparence de l’inconnu, comme si un millier d'aiguilles venait de lui transpercer les yeux pour se loger au plus profond de sa tête.
Le regard de Martin, se tourna vers sa fille en ignorant totalement le voyou, surpris par sa réaction. Il la savait solidement bâtie et capable de supporter de grandes souffrances, elle ne laisserait pas échapper un gémissement de douleur sans raison.
“J’te parle le vieux ! Tu t’es perdu avec une gamine ? Tu veux de l’aide ?
- Que se passe-t-il Trisha ? continua Martin en tentant de retirer les mains de sa fille de son visage pour voir ce qui lui arrivait.
- J’ai peu… AAAAH”
Son cri de douleur résonna en écho dans la ruelle, en écho à celui de l’homme qui les avait abordés, recouvert par des flammes écarlate. Dans un mélange de larmes et de sueur, Trisha avait subitement perdu connaissance. Le regard de Martin était plongé entre la surprise et un soupçon de terreur. Sans savoir comment, sans savoir pourquoi, sa fille venait de rompre la plus importante des règles de leur mission.
---
“Est-ce que tu es sûr que c’était la bonne chose à faire ?”
La voix de Sophia, éternellement douce, ne cachait pas son inquiétude.
“Je ne doute pas de mon choix.”
La réponse de Martin ne convenait pas à sa femme, il le savait. Son esprit avait beau être limpide, les mots avaient du mal à se dessiner clairement.
“Et Elizabeth ?
- Elizabeth continuera sa mission comme nous lui avons appris. Elle rejoindra les rangs des exorcistes si tôt que tu la jugeras prête.”
Face au silence de sa femme, Martin s’approcha doucement d’elle..
“Dès le premier jour tu l’as su. J’aurai du… J’aurai dû avoir plus foi en toi.”
L’étreinte de ses bras trahissait des émotions qu’il n’avait jamais su exprimer.
“Elle fera une superbe membre de la Sainte Église, soit sans crainte, tes pères sont fiers de toi Martin.”
Hors de la petite maison perdue au milieu des terres vierges de l'Écosse, Elizabeth regardait sa sœur partir. Ses lourds sacs ne semblaient pas l’encombrer et ses pas étaient déterminés. Quand est-ce que tout a commencé à tourner pour le pire ? Il y a trois ans lorsque père et Trisha s’étaient absentés plusieurs jours ? Sa sœur était revenue étrange, changée et terrifiée d’une ombre invisible.
Oui, ça devait être ça. À partir de cet instant, père et mère ont commencé à lui porter une attention étrange. Elle a dû commencer à se voiler les yeux et Elizabeth avait retrouvé à plusieurs reprises les arbres du bois environnant calciné. Elle ne savait pas comment, mais Trisha en était la cause, elle le sentait, elle le savait. Et pour finir, alors qu’elle était celle qui était destinée à assurer le futur de leur lignée, c’est sa sœur qui avait fini par porter leur héritage.
Elizabeth se mordait la lèvre inférieure. La jalousie, l’envie, le désir, tant de sentiment qu’on lui avait appris à refouler. Elle n’avait qu’à se montrer patiente. Après tout, si sa sœur finissait par échouer, ses parents seraient bien obligés d’admettre sa supériorité.
“Adieu Trisha.”
---
Hiver 2018. Bas quartiers de Paris.
Frank était mal à l’aise. Pour la première fois depuis longtemps il devait porter une tenue correcte. On l’avait envoyé loin de chez lui pour trouver une gamine et “en faire quelque chose d’utile”. Tu parles d’ordres.
Voilà qu’il se retrouvait à chercher dans le dépotoir qu’est la première dame de France. Son objectif ? Une gamine. Rouquine. La fille d’un exécuteur britannique qui s’est lancé dans le business familial depuis quelques années. Une enfant à problèmes incapable de suivre les dogmes de leur Sainte Église.
Comme lui en fait.
Arrivé dans une communauté sans abris, il trouva bien vite l’objet de ses recherches. Installée contre un pilier de béton, recroquevillée comme un bébé, sa cible semblait dormir. Pas de chance pour elle, Frank n’avait jamais eu de manière. D’un coup de botte dans le visage, il la tira de sa torpeur.
“Debout là-dedans ! J’ai pas envie de perdre plus de--”
Elle ne réagissait pas, toujours endormie… non, probablement plutôt inconsciente. Les gens commençaient à s’amasser autour de la scène, regardant d’un air mauvais l’étranger qui venait déranger leur camarade. Pourtant aucun ne semblait prêt à intervenir, comme tenu en respect par une menace fantôme.
Un nouveau regard vers le corps de la gamine lui fit comprendre qu’elle n’allait pas très bien. L’odeur de fer avait fini par percer celle des ordures et son œil avait fini de s’acclimater à l’obscurité, loin des lampadaires. Levant son pied pour finir de la réveiller, ou de confirmer qu’elle ne se réveillerait pas, Frank ignora totalement la menace de la quinzaine de personnes autour de lui.
“Alleeeeeeeer, Come on ! T’es si frag--”
Avant qu’il ne s’en rende compte, son dos avait percuté le sol et la gamine le tenait fermement en place. Son visage était pâle, probablement à cause de l’anémie et de la fatigue. La douleur l’avait étourdi quelques instants et en soupesant un peu l’emprise qu’elle avait sur lui, il savait bien qu’en forçant il pourrait se libérer de son emprise. Pas dit qu’elle le laisse faire cependant.
“Qui… êtes… vous ? Vous… n’êtes pas… un agneau ?”
Son air hagard prouvait bien qu’elle n’avait pas joué la comédie jusque-là. Elle était complètement désorientée, mais elle semblait s’être relâchée quelques instants, comme si elle avait compris que Frank n’était pas une menace.
“Pas mal gamine. J’suis là pour te récupérer. À compter de maintenant j’vais t’apprendre la vie.
- Aaah… Vous êtes… comme moi…”
Ces derniers mots grésillant à travers ses lèvres, elle s'effondra sur le cinquantenaire qui laissa échapper un soupir étouffé. C’est qu’elle était lourde la gamine. Libre de sa prise, bien qu’encombré de son poids, Frank se releva sans mal avant de regarder la petite foule en la gardant dans ses bras.
“Je vous la prends. Elle a besoin d’aide et j’pense qu’elle a fait plus que le nécessaire pour vous. Désolé les gars, c’est le boulot.”
Il s’attendait à un élan de colère et d’insatisfaction mais il ne trouva que des regards reconnaissants. Visiblement ces gens auraient aimé l’aider plus tôt. Si elle se débattait comme ça à chaque fois, c’est sûr qu’ils n’avaient aucune chance de lui faire entendre raison, même si elle était mourante.
Tirant de sa poche toute l’espèce qu’il avait sur lui, il la laissa à la place ensanglantée qu’avait occupé la gamine.
“Adieu les gars, au plaisir.”
---
“Je ne sais pas Père Katherine, cela me semble être un pari trop risqué.
- Je vous assure qu’elle serait un ajout conséquent à votre paroisse.
- Venise est en proie à suffisamment de problèmes en ce moment, j’ai entendu parler de votre fille et de celui qui lui sert de tuteur actuellement.”
Martin Katherine resta silencieux. Il s’était déplacé jusqu’à Venise, il ne comptait pas repartir avec une réponse négative. Trisha avait largement fait ses preuves depuis son huitième sacrement et son entrée dans l’ordre des Exécuteurs. Il lui fallait l’occasion de briller plus encore, de dévoiler son potentiel aux grandes pontes de la Sainte Église.
“Avez-vous la foi Père Boréal ?
- Seriez-vous en train de vous moquer de moi ?
- Répondez simplement à ma question. Avez-vous la Foi ?”
Le silence du père Boréal tenait plus de son incompréhension que d’un véritable refus d’obtempérer mais le paternel de la famille Katherine ne lui laissa pas la chance d’échapper au doute.
“J’ai toujours cru au rôle prédestiné de ma famille. J’ai toujours cru qu’en nous éloignant du droit chemin, mes ancêtres nous avaient privés d’un destin grandiose. De l’occasion de faire pencher définitivement la balance de la guerre de notre côté.
- Une désillusion des plus commune…
- En effet, l’âge m’a assagi et lors des jeunes années de mes filles, après que le Seigneur m’ai refusé un fils, j’étais arrivé à cette même conclusion. Nous ne serions que des soldats supplémentaires dans notre lutte éternelle. Mais ce n’est plus le cas.
- Où voulez-vous en venir ?
- J’ai été témoin d’un Miracle père Boréal, et chaque jour qui passe est un miracle supplémentaire. Mes filles ont été bénies et elles utilisent cette bénédiction pour le bien de l’humanité.”
Le regard de Martin Katherine s’était illuminé d’un éclat fou, ce qui n’avait pas échappé au Père Boréal qui tenait désormais à couper cette discussion au plus court.
“Je vous l’ai dit Père Katherine, Venise a suffisamment de problème en ce momen--
- Avez-vous déjà vu un exécuteur de notre église blesser à mains nues un apôtre de la mort et le priver de sa vitalité surnaturelle ? Avez-vous déjà vu un mage noir brûler d’un simple regard, sans prière, sous le poids de ses propres vices ?
- Je…
- Cette enfant aura un jour sa place parmi les grands de notre guerre. Venise a des problèmes vous dites ? Je ne vous demande pas de la laisser agir à sa guise, mettez lui une laisse, enchaînez là si nécessaire, mais le jour où le mal révélera son visage laissez là faire ce pour quoi elle dédie son existence.”
Martin Katherine s’était dangereusement rapproché. Son visage crispé par l’excitation dégoûtait le Père Boréal, cependant celui-ci ne pouvait nier qu’il aurait probablement besoin d’une force de frappe explosive une fois la menace de sa ville révélée. Sans compter que l’arrivée de l’Association des Mages sur ce territoire ajoutait une toute nouvelle dimension de difficulté. Dans un soupir, il finit par acquiescer.
“Très bien. Je l’accueillerai dans notre paroisse, sous quelques conditions, il me faudra tout d’abord la rencontrer. J’espère que la réalité sera à la hauteur de vos mots.
- Merci beaucoup mon père.”
Le sourire du Britannique était sincère. Dieu, dans quoi le père Boréal s’était-il encore engagé ?
humain |
Maître du Lethwei |
Magus |
Circuits Magiques |
Renforcement sacré |
Die Hard |
Thaumaturgie Sacrée |
Mystic Eyes of Brimstone |
Martyr |
Feu |
Physique Surhumain |
Sacrement |
Thaumaturgie Moderne |
Sin Eater |
Exécutrice de l'église sauvant l'humanité.
Prisonnière de la Mission qui la plonge dans la nuit.
Elle rêve à chaque visage croisé dans la rue.
Exp :
Quartz:
Date d'inscription :
Son regard divague sur la scène. La proximité de la maison de Dieu l’apaise, elle aperçoit les boîtes de cierges et d’aumônes à travers la porte ouverte, quelques affichages d’une étrange matière qui n’est ni tissu, ni papier qui présente les bonnes œuvres de la paroisse. Les groupes de soutien, les fêtes à venir et les brigades de jeunes, des enfants, des adolescents, éduqués ensemble dans l’amour du Seigneur.
Un vent de nostalgie traversa les plaines de sa mémoire alors que dans un élan d’orgueil elle comparait cela à sa propre histoire. Elle pensait à sa sœur, son père, sa mère. Cela ne faisait que quelques mois qu’elle les avait quitté et son cœur laissait déjà entendre un cri lancinant de douleur. Rien de comparable à la colère et la tristesse qui agitait son cœur en cet instant.
Ses vêtements abîmés témoignaient d’une soirée agitée, ses poings et son front rougie d’écorchures sanglantes laissaient paraître la violence de ces dernières heures, ses yeux irrités semblaient au bord des larmes. Elle n’était pas blessée. Ce sang n’était pas le sien et s’il l’était c’était de son propre fait et pourtant l’odeur du fer et de la mort s'échappait de l’église au cœur de la ville.
Elle avait souillé la maison de Dieu.
Dissimulées dans l’ombre elle pouvait discerner des silhouettes évasives dont elle reconnaissait instinctivement la démarche, similaire à celle de son père. Des chiens comme elle. Des exécuteurs de la Sainte Eglise venus s’occuper de la préoccupante situation qui s’était manifestée d’une façon aussi soudaine que violente. Ils étaient arrivés trop tard. Par chance, par la grâce de Dieu, Trisha se trouvait en ville.
Ils ne s’approchaient pas, jaugeant la situation de loin. La fille Katherine ne leur portait pas d’attention maintenant qu’elle avait senti leur présence. Ils feraient leur œuvre tout comme elle avait accompli sa mission. Il était l’heure de quitter les lieux. De se remettre en quête du mal qui ronge ce jardin.
Elle aurait voulu partir. Elle aurait voulu s’enfuir. Elle aurait voulu laisser cet endroit derrière elle plus tôt.
Mais fut retenue par quelques sanglots.
Surprise, dans un réflexe presque animal, elle fit volte-face vers l’entrée de la sainte bâtisse. Ses sens ne l’avaient pas trompés et l’écho continuait à résonner entre les murs de pierre. L’écho d’une voix qui aurait pu être cristalline, telle une rivière d’eau claire perturbée par un torrent de bourbe, de peur, de douleur, d’incompréhension.
Sans hésiter une seule seconde, l’adolescente s’élança dans la bâtisse, ignorant du mieux qu’elle pouvait le spectacle révulsant du festin de corps qui lui tordait les boyaux. Au fond de l’église Il était là, Son regard attristé posé sur toutes ces âmes privées de leur futur par les péchés d’un être qui n’aurait pas dû être. Une mise en scène morbide orchestrée par un Apôtre de la Mort qui avait dévoyé le sang du troupeau pour ses dessins pervers.
Trisha n’était pas sur ses gardes. Elle ne l’était plus. Elle savait que la menace était passée, les bancs de bois fracassés et le corps carbonisé sur l’autel étaient suffisamment de traces de son propre passage. Elle ne s’était pas occupée des corps non pas par manque d'intérêt mais parce qu’elle ne savait pas comment faire. On lui avait appris à protéger les vivants et non à préserver les morts, cette tâche ne lui revenait pas.
C’était aux familles de faire leur deuil, elle n’avait aucun droit de les priver de leurs derniers adieux.
L’écho des sanglots rendait la recherche de Trisha difficile, mais pourtant ses pas la guidèrent jusqu’à une porte jusque-là fermée. L’impact de son poing sur le fer de la serrure archaïque suffit à ouvrir le passage, révélant une scène immaculée. Une jeune fille, probablement aussi âgée que l’executrice, habillée de blanc trônait au milieu de parures dont la présence inexplicable donnait à la pièce un air presque féérique.
Un pas en avant et un regard suffit au crâne de Trisha d’être parcouru d’une décharge électrique qui lui arracha un cri de douleur alors que mille aiguilles semblaient se planter dans sa rétine. Cette fille portait en elle la corruption de l’Apôtre de la mort, la marque de morsure ensanglantée à son cou ne laissait aucun doute. L’iris lumineux de l’exécutrice se posa sur la pauvre âme, prêt à faire son œuvre en ouvrant sur elles les portes des enfers.
Mais le zèle laissa place au doute et le doute à l'inaction.
Le regard de l’adolescente était empli de terreur depuis l’entrée en scène de la fille aux cheveux de feu, ses mouvements incertains l’avaient mené jusqu’au coin de la scène dans une fébrile tentative d’éviter une menace invisible qu’elle seule pouvait voir.
“Non !” sa voix étouffée par les pleurs parvenait à peine à quitter ses lèvres “Ne vous approchez pas ! Laissez moi tranquille !”
Trisha se mordit la lèvre inférieure en faisant un pas en avant, son cœur déjà en train de flageller son esprit pour avoir pensé à toucher une âme innocente. Trisha protégeait le troupeau. Trisha ne touchait pas les agneaux. Chaque vie est tel un joyaux précieux poli par la vie, scintillant dans le ciel aux côtés du Seigneur.
Les premiers projectiles percutèrent son corps, quelques bougies, une coupe, puis vint l’arme pointée dans sa direction, une paire de ciseaux usés probablement utilisés pour repriser la tenue du prêtre de la paroisse.
“NON ! ARRÊTE ! STOP !”
Doucement, Trisha vint se poser à proximité de l’âme effrayée incapable de manier son arme de fortune. Dans un élan d’incertitude, de la même voix qu’elle calmait sa sœur étant plus jeune, Trisha s’adressa à la fille.
“Tout va bien. C’est terminé. Le malin n’est plus là.”
Sa main, aussi douce que possible, tenta de récupérer l’objet tranchant alors que le visage de la pauvre âme s’était figé. Désarmée, incapable de se défendre ou de comprendre, elle s’écroula en sanglot toujours plus bruyants.
“Tu fais partie de la Brigade de jeune fille n’est-ce pas ?”
Un hochement de tête affirmatif fut sa seule réponse.
“Quel est ton nom ?”
Petit à petit, la voix de Trisha fit son œuvre. Peut-être que se retrouver en présence d’une fille de son âge parvenait à la rassurer, peut-être s’accrochait-elle au moindre espoir.
“Alice.”
Trisha déglutit difficilement. De si près elle pouvait la voir. La morsure. Le poison qui se répandait dans le corps de sa victime. Qui bientôt dévorerait sa vie pour la changer en âme errante, prête à dévorer même sa famille. Son père lui avait toujours expliqué que le mal se répand et que prévenir est toujours la meilleure solution, qu’elle devait aller au devant du combat mais qu’un jour elle serait obligée de faire face au mal déjà planté. Qu’elle devrait prier pour son âme car c’était bien la seule instance ou la vie d’un agneau pouvait être sacrifié pour la mission.
“Est-ce que tu pries Alice ?”
Nouveau hochement de tête. Légèrement tremblante, Trisha saisit la main d’Alice, la peau si douce de l’innocente surprise par le contact rugueux de la main qui venait la cueillir. Dans un murmure la voix de Trisha puisa dans ses souvenirs une supplique au ciel.
“Ô Dieu. Prête l’oreille à ma prière, et ne te dérobe pas à mes supplications. Écoute-moi et réponds-moi. J’erre ça et là dans mon chagrin et je m’agite, à cause de la voix de l’ennemi et de l’oppression du méchant ; Car ils font tomber sur moi le malheur et me poursuivent avec colère.”
La terreur du visage d’Alice laissa place à l'incompréhension et à la curiosité.
“Ce sont les Psaumes ? Chapitre quarante…
- Cinquante cinq.
- Ah… Oui… ça continue comme… Mon cœur tremble en moi et les terreurs de la mort me surprennent, non ?
- La crainte et l’épouvante m’assaillent et le frisson m’enveloppe.”
De deux voix qui n’en firent bientôt qu’une, les adolescentes s’adressèrent à Dieu. Il était clair que Trisha connaissait ses lignes à la perfection, Alice ne se permettant de parler que sur les quelques qui lui revenaient en mémoire. Bientôt seule la voix de la rousse se fit entendre alors que la pauvre âme observait cette fille qu’elle ne connaissait pas, apparue de nul part au milieu de la nuit, de la peur et de la douleur, en train de prier avec elle.
Pour elle.
“Et moi je crie à Dieu, et l’Eternel me sauvera. Le soir, le matin et à midi, je soupire et je gémis, et il entendra ma voix.
- Je..
- Il me délivrera de leur approche et me rendra la paix, car ils sont nombreux contre moi.
- Je vais mourir n’est-ce pas ?”
La voix de Trisha se perdit dans un hoquet de surprise. Depuis qu’elle avait commencé à prier elle n’avait pu supporter le regard de la pauvre âme, le visage fermement pointé vers le sol, défiguré par une douleur qui lui tordait le cœur. La soudaine paix dans la voix d’Alice n’était qu’une lame de plus qui traversait son âme. La respiration agitée, le rythme de ses paroles ne faisait qu'accélérer.
“Dieu entendra et il humiliera, Lui qui de toute éternité est assis sur son thrône ; Car il n’y a point en eux de changement, et ils ne craignent point Dieu.
- Il porte la main sur ceux qui étaient en paix avec lui, Il viole son alliance… C’est toi n’est-ce pas ? Tu l’a puni ? J’ai entendu depuis cette pièce, je croyais qu’il allait revenir me tourmenter…
- Sa bouche est plus douce que la crème, mais la guerre est dans son cœur ; ses paroles sont plus onctueuses que l’huile, mais ce sont des épées nues.
- Tu sais… Je ne sais même pas ton nom… Mais… Mais…”
Les sanglots semblaient naître de nouveau dans la voix d’Alice, les mots prisonnier de sa gorge et de ses lèvres. Trisha, figée dans sa prière frénétique, n’était pas capable de faire face à celle qui semblait avoir trouvé une paix qui lui était encore inaccessible.
“Remets ton sort à l’Eternel, et il te soutiendra, Il ne laissera jamais chanceler le juste…
- Mais je n’ai pas envie de mourir. S’il te plait…
- Et toi, ô Dieu, tu les feras descendre au fond de la fosse;
- Je ne veux pas mourir. Ce n’est pas juste. Tu… tu n’as pas le droit.
- Les hommes de sang et de fraude n’atteindront pas la moitié de leurs jours. C’est en toi que je me confie.”
Alors que sa voix se faisait de plus en plus faible, les veines spirituelles sur le bras de Trisha s’embrasèrent, trouvant la source de leur pouvoir sur son cœur alors que les pleurs incontrôlés de la pauvre âme avaient de nouveau envahit l’église. Puis, dans un craquement sinistre, tout prit fin.
Pendant quelques seconde, Trisha senti le liquide épais et chaud couler le long de son bras, toujours incapable de faire face au visage désormais figé d’Alice. Elle avait péché. Encore. Prostrée dans un mutisme qui cachait difficilement le chaos intérieur qui l’agitait elle ne remarqua pas les deux silhouettes sombres dans son dos.
“Contacte le père Vandenbriele. Il saura quoi faire.”
Exp :
Quartz:
Date d'inscription :