We made plans
and god laughed

Contexte

Alors que le Graal a été démantelé, d’étranges meurtres corrompent les canaux de la Sérénissime. Le Conseil de Venise, autorité suprême de la ville, doit faire face à cette situation alors qu’un mariage prévu entre deux familles du conseil devait mettre fin à plusieurs années de rivalité. L’Association des Mages et la Sainte Eglise ont dépêché leurs éléments afin de résoudre ce mystère; véritable menace pour le Secret de la Magie. Dans l’ombre, les Apôtres de la Mort se nourrissent du chaos. Vous aussi entendez l’appel des muses de la désolation et venez mettre en lumière les secrets qui stagnent dans les abysses de Venise.
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illustrations par Zhimin Gao et Aw anqi. Codage pâr Kylas (mikazuki) sur le support du blank theme par Kim. Contexte et concept de jeu inspirés des oeuvres TYPE-MOON et du Naruverse.
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Cette étrange impression de jamais vu | Priscilla


Priscilla Mercier


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citation de votre choix : Chaque matin j'espère que le soleil sera d'une couleur différente.
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description : Simple étudiante qui se trouve arraché à son quotidien rassurant pour plonger tête baissée dans le chaos du mystère.
Porteuse d'incertitude, véritable anomalie, elle se révèle et se transforme au fil de sa descente aux enfers. Appréciant chaque instant de nouveauté.

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Priscilla Mercier
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Mercier
Priscilla
Chaque matin j'espère que le soleil soit différent. Chaque matin je suis déçue de le trouver d'un blanc éblouissant.
19 ans1m63FrançaiseVenisehumaincommunCivile

Quotidien quand tu nous tiens

Vous êtes-vous déjà réveillé avec l'impression que ce monde n'est pas le vôtre ? Que ses couleurs vous trompent, comme les paroles de ses apôtres ? Je ne saurai l'expliquer avec des mots, mais cette vie m'a toujours semblé n'être qu'un enclos. Une prison, un voile factice, rien d'autre qu'une contrefaçon. Je me lève chaque matin en espérant faire face à autre chose que ma chambre, comme si nous n'étions pas des insectes prisonniers de l'ambre. Pourtant chaque fois que j'ouvre les yeux le soleil occupe toujours la même place dans les cieux, spectateur impassible de notre présent comme il l'était pour nos aïeux.

Et pourtant mon coeur vacille

Je suis une fille sérieuse et j'ai toujours voulu me garder de mes tendances malicieuses. Mes études sont des plus brillantes et jamais je n'ai laissé de place au hasard en bonne âme prévoyante. Pourtant, tous les jours je sens en moi s'agiter cette envie, comme une voix qui susurre à mes oreilles le doux son d'une nouvelle vie. Prendre la décision que chacun stigmatise, voir de mes propres yeux la fin d'un choix empli de sottise. Mais non, mon esprit m'empêche de suivre mon cœur peu importe ses raisons. Et peut-être qu'un jour, entendez-moi bien, je me laisserai aller à l'inconstance face à un grand carrefour.

Ce jour là le soleil se teintera d'une nouvelle essence, et ma vie se peindra d'un tout autre sens.

Priscilla Mercier


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Cette étrange impression de jamais vu

Histoire
"Tu es libre, et cela crée comme une lumière autour de toi.
Les hommes ne s'y trompent pas et cherchent à te capturer pour s'approprier cette lumière.
Parce qu'ils croient, à tort, qu'elle les éclairera.
Parce qu'ils sont incapables de la trouver en eux et ne supportent pas l'idée de vivre dans l'ombre.
Parce que le réflexe de celui qui est cloué au sol a toujours été de tuer celui qui sait voler."


C'est une citation de l'un de mes livres favoris, le deuxième tome d'une trilogie de littérature jeunesse ancré dans un monde fantastique parallèle au notre ou l'imagination devient réalité et ou les voleurs sont des poètes amoureux de la liberté. C'est un moment important pour le personnage principal qui tombe amoureuse pour la première fois d'un homme, fort, loyal, il semble la comprendre, mais son maître la met en garde car les émotions sont fugaces, surtout celles aussi intense que l'amour. Comme un grand feu qui consume tout sur son passage au risque de s'étouffer lui même précipitamment.

Au final elle ne s'est pas trompée, elle l'aimait, lui aussi, il avait beau être loyal et enchainé a sa famille, elle avait beau avoir peur de l'engagement et de ce que cela représentait, lorsque le moment est venu d'accomplir leur missions, ils ont tous les deux pris les armes sans hésitation et se sont battu ensemble contre le destin. Finalement leur histoire s'est terminé sur ce dernier acte, lui est mort dans ses bras, heureux d'avoir fini sa vie fidèle à ses valeurs et près de la femme qu'il aimait, elle a survécu et a décidé de vivre pour eux deux, sans jamais s'enchainer de leur histoire inachevée, sans jamais nier qu'elle l'aimait.

J'aime cette histoire, j'aimerai un jour trouver une âme qui m'aime comme ils se sont aimé. Après tout, je ne me suis jamais donné l'occasion d'aimer de peur me perdre dans l'autre, mais je sais que je brille, moi aussi. Je ne suis pas vraiment libre, je porte mes propres chaines, mais j'ai les qualités d'une fille désirable et je le vois, comme un poids supplémentaire à porter sur la vie que l'on attend de Priscilla.

Heureusement depuis que je suis arrivé à Venise, les choses vont un peu mieux de ce côté. Je n'ai plus à me soucier de ma famille et de leur regard, je n'ai plus à me soucier des professeurs qui dressaient mes résultats comme leur propre fierté, tout ce que j'ai à faire c'est ignorer le mal du pays et finir d'apprendre la langue.

Mais la ville est belle, c'est une certitude, ses monuments, ses canaux, la lagune, et depuis Venise je peux imaginer explorer le reste de l'Italie mais aussi les autres pays non loin. Les gens sont avenants malgré mon statut d'étrangère mais je suppose que dans un ville aussi touristique ce n'est pas surprenant. L'université est magnifique, véritable bâtiment historique, et les professeurs de ma filière sont presque tous des références dans leur domaine. Grace à ma première année en France et le programme d'été j'ai pu demander l'équivalence pour passer immédiatement en troisième année, ce n'était pas très dur mais au moins j'évite les bases ennuyantes que j'ai déjà travaillé par moi même.

J'espère que vous êtes fier de moi, ou que vous soyez. Que vous ne m'en voulez pas d'avoir quitté la maison, mais je ne pouvais plus supporter tante Aude, je sais que tu ne l'aimais pas non plus papa, désolé maman. J'ai continué comme vous me l'avez appris, j'ai essayé de prendre les décisions qui me rendait heureuse et me voilà loin, nimbée de réussite et avec un avenir radieux sous mes pieds. Je n'aurai fait ni de l'art, ni du public, mais je pense que ce n'est qu'un début.

Je pense écrire un livre, après ma thèse, me lancer dans la philosophie ou quelque chose comme ça, essayer de partager ma vision du monde, chercher si d'autres sont comme moi. Voyager aussi, j'aimerai bien voir le monde, l'Italie n'est qu'un début mais l'Europe cache tellement de chose, sans même parler des autres continents. Je n'ai pas oublié ma maison de rêve, une grande maison pleine de bibelot étranges, autant de memento de tout ce que j'aurai pu vivre.

Et... oui, je pense profiter de ce nouveau départ pour essayer de rencontrer des gens. C'est un peu tard, je sais papa, et je ferai attention maman, mais après que vous soyez parti j'ai mis... longtemps, avant d'être de nouveau capable de regarder les autres en face. Je me suis concentré sur les études, sur moi-même. Avec un peu de chance je ferai de belles rencontres ici, c'est une ville sacrément romantique Venise.

Bon, je vais devoir y aller, ça va être l'heure de faire chauffer l'eau pour le repas de ce soir, j'ai aussi le linge qui devrait bientôt être prêt. Demain sera une grosse journée et je vais rencontrer le reste de ma promo pour la première fois. Je dois être en forme et présentable.

A demain.

Je vous aime.

Priscilla Mercier


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Cette étrange impression de jamais vu

Test RP
Ne t’en fais pas Priscilla, tout va bien se passer.

C’est ce que je me dis en arrivant en trombe aux portes de l’Université de Venise ou j’ai commencé mes études pas plus tard que lundi de cette semaine. Vendredi 4 septembre, je n’ai pas eu le temps de souffler que Venise m’assaille déjà de ses incertitudes. Entre les plombs éteints au matin, empêchant le réveil de sonner, la plaque qui a refusé de s’embraser pour chauffer la bouilloire rustique, et les clefs tombées derrière la commode de l’entrée, je n’ai pas respecté mes horaires.

Pas du tout.

Au moment de quitter l’appartement, tellement pressée par le temps que j’ai dû sacrifier mon passage à la salle d’eau pour éviter d’accumuler plus de temps perdu, j’avais déjà trente-deux minutes de retard. Pas de retard sur mon planning habituel sécuritaire, non, trente-deux minutes par rapport au dernier départ autorisé. Je suis donc partie précipitamment, mais heureusement je n’ai rien oublié, clef, téléphone, notes, ordinateur, je m’en suis bien assurée.

Les imprévus sont une part importante de la vie, je le sais, je l’ai vécu plus d’une fois. Ces moments où rien ne va, ou l'inattention est couplée à l'amoncellement de circonstances extérieures hors de mon contrôle. Évidemment le monde ne répond pas à mes moindres désirs et je dois chaque jour faire face à ses caprices, c’est en ayant une plus grande maîtrise de ma propre existence que je me préviens de ses errances.

“En cas d’absence de réveil, prioriser le rattrapage des tâches censées être en cours plutôt que de suivre la routine habituelle.”

L’un des trois post-it collés aux murs derrière le boîtier électronique, aux côtés du “En cas de réveil anticipé” et “En cas de réveil ponctuel”. Une évidence pour certains, certes, mais pourquoi ne pas justifier d’aller visiter la ville, répondre à une envie passagère, ignorer l’engagement supposément en cours et accepter de décaler son emploi du temps ? Pourquoi ne pas rester sur place, profiter du temps gracieusement offert par le hasard, pourquoi ne pas décider d’aller suivre les transports jusqu’au bout de leur itinéraire, pourquoi ne pas marcher au hasard, entre les rues et les canaux, monter sur la première gondole et discuter avec le batelier de nos obligations oubliées ?

Non.

Priscilla ne ferait pas ça, elle accorde trop d’importance à ses études, son sérieux est démontré chaque jour. Elle ne négligerait pas leur importance sous prétexte qu’une opportunité d’excuse se présente. Certainement pas s’il s’agit d’une simple panne de réveil et ce même si le destin décidait d’en remettre une couche.

Tout le monde connaît les problèmes de transport en commun, je n’ai pas à expliquer en détail pourquoi c’est aussi rageant, mais peu de monde peut comprendre les problèmes de transport à Venise. Vous ne me croyez pas ? Très bien. Imaginez vous vivre dans une ville rustique pleine d’histoire ou la technologie et les routes n’ont pas encore fait leur entière percée. Les gens se déplacent à pied ou grâce aux canaux qui décorent la ville comme un damier aquatique.

Quels sont les transports en commun de cette ville ?

Les bus ? Non, il n’y a pas de route. Les métros ? Certainement pas, à moins de vouloir être immergé. Le tramway ? Je suis pratiquement sûr que Venise coulerait sous le poids de l’un de ces engins. Non, ce sont les gondoles et autres bateaux sur les canaux qui nous transportent. Aussi agréable cela soit-il de traverser les eaux de Venise, ce n’est pas la méthode la plus consistante. Imprévus et embouteillages sont étrangement fréquents, les ralentissement se comptent en poignées de secondes qui petit à petit s’accumulent pour ajouter treize minutes à notre retard déjà fort de plus d’une demie heure.

C’est tourmenté par la spirale incontrôlable de la journée que j’arrive à la Ca’Foscari, qui je le précise se trouve elle-même sur une île isolée du reste du territoire de Venise, forçant l’utilisation des voies navales pour l’atteindre. Je ne suis pas maquillée, pas douchée, même pas correctement coiffée, mes long cheveux décolorés tombant en cascades dans mon dos, prêt à s’accrocher au moindre obstacle ou s’envoler devant mon regard au moindre coup de vent.

Mais tout va bien, je n’ai pas encore trop de regard, quarante-cinq minutes cela ne me fait rater que la première moitié de mon cours magistral du matin. Je suis sûr qu’en passant discrètement les portes je serai capable de rattraper l’exposition en vol. Et puis, pourquoi est-ce que je m’inquiète ? Je suis pratiquement sûr d’avoir déjà avancé sur cette partie du programme de mon côté alors tout ça n’est pas aussi nécessaire que ce que j’essaye de me faire croire…

“Oh ? Tu es en retard toi.”

La voix s’élève, chaude, un peu fluette, dans un italien natif qui fait pâlir le mien. Je ne l’ai pas aperçu en arrivant mais un étudiant est installé tranquillement sur un banc, un feuillet à la main et une brique de lait vanillé dans l’autre. Il a un petit air moqueur probablement à cause de mon expression inquiète, propre aux étudiants qui sont en retard pour la première fois et qui ne savent pas faire face à l'imminence des conséquences de leur erreur.

“Mh. Oui, effectivement. Je suis censée avoir cours avec monsieur Moretti ce matin.”

Il arrête sa lecture et pose sa boisson enfantine pour réfléchir un instant. Je ne lui ai répondu que par usage et parce que l’impolitesse ne me connait pas, mais j’ai déjà suffisamment de retard pour perdre mon temps ici, échangeons encore quelques banalités avant que je ne reprenne ma route.

“Moretti ? Oui, il était censé donner cours dans le bâtiment à l'extrême sud. Mais je crois qu’il a annulé pour ce matin.”

La surprise se lit probablement sur mon visage car il sourit de plus bel, un peu gêné cette fois-ci, puis la frustration de m’être ainsi précipité. Trop pressée je n’ai pas pris le temps de vérifier mon emploi du temps et voilà ou cela m’a mené. Je me fige, passant en revue les options à ma disposition. Mon retard du matin serait donc sans conséquences ? Je ne peux pas me baser sur les ouïe-dire d’une seule personne, je dois aller vérifier par moi même afin d’être responsable de mes actions…

“Mais c’était un cours pour troisième année non ? Tu es sûre de ne pas t’être trompé de nom ? Tu es une étudiante internationale pas vrai ?”

Je n’ai pas le temps de penser avec quelqu’un qui s’adresse à moi, mais Priscilla ne laisserait pas quelqu’un sans réponse. Mal à l’aise, incertaine de la suite des évènements, je me concentre d’abord sur sa question.

“Non, je ne me suis pas trompé, je suis bien en troisième année. Merci pour l’information.”

J’incline légèrement la tête puis me retourne pour continuer ma route, pensant que cela suffirait mais…

“Pfiou… tu dois être super douée pour être en troisième année si jeune… Bon, je suppose que tu vas à la bibliothèque, je vais suivre ton exemple tiens. Autant être sérieux en début d’année.”

Mais c’est qu’il se lève et se met à me suivre en plus ? D’autant plus que je ne vais pas à la bibliothèque tout de suite. Je vais commencer par aller jusqu’à la salle de monsieur Moretti vérifier ses informations qui m’ont fait perdre quatre minutes supplémentaires, puis passer à l’administration afin de vérifier la situation en cas d’absence effective du professeur et m’assurer que je ne me suis pas trompé de salle ou que je n’ai pas une erreur dans mon emploi du temps avant de seulement à ce moment là me diriger vers la bibliothèque si aucun cours ne s’avère prendre place durant la matinée.

Je ne m’en formalise pas cependant, pas de façon visible, Priscilla ne serait pas dérangée pour si peu alors je continue ma route, pensant innocemment qu’il va finir par changer d’itinéraire lorsqu’il se rendra compte que je ne vais pas à la bibliothèque. Mais non. La bibliothèque se trouve à droit une fois le bâtiment des langues dépassés mais il me suit malgré tout se contentant d’un :

“Mince, tu ne vas pas à la Bibliothèque ?”

Je tique. Mais il ne le voit pas, évidemment, je garde quelques pas d’avance sur lui. Sa présence me ralentit, je ne veux pas lui donner l’impression de le semer alors je maintiens un rythme tranquille qui doit probablement me faire perdre deux à trois minutes face au pas pressé que j’aurai pris sans lui. Pourquoi est-ce qu’il me suit ? Est-ce que je devrais lui demander gentiment de me laisser tranquille ? Est-ce qu’il compte me suivre jusqu’au bout de ma route ? Est-ce que je devrai m’inquiéter qu’il ne tente de nouveau d’intervenir dans mon chemin déjà hors des sentiers battus ? Est-ce un tueur en série ?

“Non, je vais vérifier la salle de monsieur Moretti.
Ah, je comprends, mieux vaut être sûr c’est ça ?
Oui, je suis arrivée il y a peu, je ne suis pas encore très à l’aise alors j’en profite pour découvrir le campus.
Tu viens d'où ?
De France."

Mon ton est un peu trop sec ou sa curiosité se tarit, en tout cas la discussion cesse jusqu’à l’arrivée devant la porte fermée de l'amphithéâtre vide. Non. Mauvaise nouvelle. Il est toujours là, l’air malicieux comme si ses yeux me crient “je te l’avais dit” et sur le chemin j’ai eut bien du mal à me concentrer sur mon objectif en cours… mon esprit se perdant dans toutes les possibilités de mes interactions passé, présentes et futur avec ce garçon.

Encore, toujours, les incertitudes et les possibilités manquées se bousculent dans le flot de mes pensées. Je ne l’ai jamais vu. Du moins je crois ? Pourquoi il savait que je suis une étrangère. Est-ce que l’on a déjà discuté ? Dans quelles circonstances ? Je n’ai ni le temps, ni le calme nécessaire pour parcourir mes souvenirs, surtout pas en retard, surtout pas avec l’incertitude de mon cours annulé et surtout pas avec un inconnu qui me talonne.

Et pourquoi ? Je ne sais pas. Je ne peux pas savoir sans lui demander mais lui demander revient à m’exposer à plus d’incertitude alors je reste silencieuse, bouillonnant dans le propre tourbillons des scénarios tous aussi possibles qu’improbables. Et ensuite ? Impossible de savoir et c’est justement ça qui me paralyse lorsque j’ouvre la porte de l'amphithéâtre et que je le découvre vide à l’exception de quelques étudiants qui profitent du calme pour travailler. Ma vie rate une nouvelle occasion de retrouver son rythme normal et ses rails confortables.

“Alors, on va à la bibliothèque ?”

Le je s’est transformé en on. Il parlait de lui, il parle de nous. Il n’a pas de raison de nous considérer de paires à moins que ça ne soit qu’une simple gentillesse venu d’un extraverti qui profite d’une rencontre fortuite avec une jolie jeune fille pour faire la conversation. Ou je suis en train de surinterpréter chaque situation à cause du stress et de la tension qui m’envahit à chaque étape de cette journée qui semble s’éloigner de ma normalité chérie.

“Non, je vais à l’administration pour comprendre la situation.
La situation ? Un prof est absent, c’est tout, ça arrive.
Ce n’était pas indiqué hier, j’aimerai savoir pourquoi.
Ok, ok, comme tu veux. Suis moi, je connais un raccourci d’ici.”

Un raccourci ? Non, certainement pas, pas maintenant que j’ai identifié une route simple et directe entre ce bâtiment et l’administration plus tôt dans la semaine. Il est agréable, ensoleillé la matiné et à l’ombre l’après midi, avec un passage moyen, plutôt faible le mercredi visiblement, je ne vais pas en changer.

“Non.”

Il s’arrête, un peu surpris.

“Euh… ok ? Je veux juste être sympa hein.”

Outre le fait qu’il peut vouloir me guider dans un chemin peu usité pour environ trente septs raisons qui se concrétisent comme des scénarios d’horreur et de feel good movie dans ma tête, le chemin en lui-même est incertain. S’il se révèle que je ne l’ai jamais arpenté, aujourd’hui où tout semble mal se passer, à quoi suis-je censé m’attendre ?

“Désolé, je…”

Une excuse, vite, une justification à mon comportement soudainement froid.

“Je…”

Je ne sais pas. Je ne suis là que depuis une semaine, je n’ai pas encore de repère, de lieux, de connaissances qui pourraient me servir de point d’ancrage. Je n’ai pas d’obligation, d’engagement à remplir, je ne saurai même pas en inventer un sur le moment. Je…

“Non mais c’est bon, laisse tomber.”

Ce sont vingt-trois secondes qui disparaissent dans mon hésitation mais sans cours ce matin le temps n’a plus d’importance. Je fais la moue, incertaine, alors qu’il se retourne un peu déçu. Finalement, portée par l’envie de maintenir qui Priscilla est malgré les circonstances de la journée, je reviens sur ma décision.

“Tu as raison, je veux bien savoir, ce sera utile pour la suite.”

Un peu de laché prise et voilà que les engrenages de la machine incompréhensible de ma vie se remettent à tourner après que je les ai forcé à rester en place si longtemps. Je suis obligé de temps en temps ! Je ne peux pas tenir éternellement, des fois ce sont des journées comme celles ci qui finissent par abattre ma détermination mais ce n’est pas grave, ce n’est qu’un chemin censé me faire gagner un temps inconséquent.

Pas vrai ?

En un sens j’ai raison et sur le chemin du batiment administratif l’on discute plus en profondeur, désormais au même niveau. Il s’appelle Andrea, je m’appelle Priscilla. Il est en deuxième année, je suis en troisième. Il est drôle et, visiblement, j’ai attiré son attention.

L’administration n’a pas de vraie réponse à me donner et le temps gagné grâce à ce raccourci qui n’en était pas vraiment un se perd dans des explications fumeuses. Dommage, mais au moins j’ai fait la chose juste et maintenant nous pouvons aller à la bibliothèque…

Fermée.

Evidemment.

Après quelques échanges et une petite réflexion sur le peu de chance que l’on a aujourd’hui, il décide de nous guider jusqu’à un carré de verdure dans le campus pour que l’on puisse travailler tranquillement pour le reste de la matinée. Il n’a pas l’air méchant finalement, juste peu studieux. Il n’est probablement ni un tueur en série ni un riche fils d’un patron d’entreprise de nouvelle technologie qui n’a rien à faire à l’université mais qui y va quand même dans l’espoir d’y établir une forme de règne pseudo-social à l’image de son père pour contester l’image paternelle qu’il rejette mais à laquelle il s’identifie tout de même en utilisant des méthodes moralement contestable.

Non, il est plutôt simple et c’est rafraichissant. La matinée s’écoule sans mal et avec elle tout un temps que j’aurai du passer à travailler, heureusement l’après midi a rattrapé un peu tout ça. En décidant d’abandonner la matinée au néant je peux reprendre ma vie correctement pour l’après midi sans conséquence durable car même mes engagements de la matinée n'étaient que factices.

Soulagement.

Priscilla est de retour et la journée touche doucement à sa fin. Plus de peur que de mal finalement, il faut peut-être que je sois un peu plus souple face aux imprévus, peut-être serai-je plus capable d’y faire face ?

Je ne sais pas.

La question est trop incertaines, la réponse me semble évidente après une journée de contre-exemple mais le reste de mon existence me prouve majoritairement que respecter mes plans reste le plus sécuritaire. A voir.

Sur le chemin retour j’ai le temps de brasser mes souvenir, de repenser un peu à cette matinée presque fictionnelle pour quotidien rigide et à Andrea. J’ai beau chercher à travers la semaine, je ne crois pas l’avoir déjà rencontré, il aura juste été perspicace.

A moins qu’il ne savait vraiment qui j’étais ce matin ?

Et puis quoi encore ? Le destin n’était pas si mesquin, il ne me ferait pas quelque chose comme ça, pas pour un réveil manqué.

Peut être pas.

Mais pour une plaque allumée de bon matin dans la précipitation pour chauffer une bouilloire rustique en vain il est capable de mettre le feu à mon appartement.

N’aurais-je pas oublier de couper le gaz ?




   
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