psychologieSensible. Fière. Découragée. Fatiguée.
La vie lui semble être un marathon constant – elle a du mal à reprendre son souffle.
Forcée trop tôt de faire face à la cruauté d'un monde qui ne voudra jamais d'elle, Veronica a grandit trop vite, gagné une maturité qui aujourd'hui la blesse à revers. Elle se distance des situations, les aborde avec une rationalité qui la pique au vif trop souvent. Elle veut bien faire, trop bien faire et souvent en paie le prix.
Il y a ce besoin vital de plaire – à ses parents, ses proches, et les inconnus également ; l'ambition d'être la première dans tous les domaines, briller au sommet des podiums, que tous n'aient d'yeux que pour elle. Un pansement maladroitement appliqué sur une plaie béante, purulente et qui ne se fermera jamais. Tous ses accomplissements ne sont que poussière dans l'œil du magus avisé, détails insignifiants qui ne feront jamais honneur à son nom. Prise au piège de limitations qu'elle ne pourrait s'imaginer dépasser un jour, elle se débat furieusement, hargneuse dans son désir de reconnaissance. Tout en sachant, au fond, que cette conclusion ne sera jamais sienne.
Il y a également ce désir de transcender l'adversité, de rester douce envers autrui, pleine d'empathie. Être une bonne personne malgré les blessures et les injures, de voir le bon côté des choses et des gens surtout. Toujours un sourire ou quelques mots sincères, une main offerte sans attendre compensation. Veronica ne veut pas se laisser consommer par l'amertume, refuse un cynisme pourtant attendu d'elle étant donné ses circonstances. Elle veut, plus que tout, donner leur chance à autrui là où la vie ne lui a offert aucune grâce. Elle veut, également, faire la paix avec cette partie d'elle qui parfois se tourne vers le soulagement vicié offert par la souffrance d'autrui, et essayer de faire mieux la prochaine fois – on a tous nos moments d'errance.
En dépit des épreuves de la vie, elle se permet de rêver à une vie plus simple, romance clichée et famille aimante. Un domaine dans lequel elle n'excelle pas vraiment d'ailleurs, la réalité faite de défaites amoureuses, histoires sans lendemain, et plus récemment, une surprise autrement plus difficile à gérer. Néanmoins, c'est avec compassion qu'elle considère ses propres erreurs, compréhensive envers elle-même une fois les larmes séchées et un nouvel ex maudit pour les trois prochaines générations. Elle y voit les balbutiements d'un humain ayant du appréhender la vie trop vite et d'elle-même – son oncle a fait beaucoup pour elle, mais ça? C'est trop lui en demander. Elle se prend les pieds dans ses sentiments trop forts, trébuche trop vite mais toujours se relève ; qu'importe les genoux en sang et le cœur tout autant écorché, elle se dit que ce sera mieux la prochaine fois, qu'elle verra le mur avant de le percuter. Une sympathie qu'elle étend, ou au moins essaie, à ceux qui l'entourent, même ceux qui la blessent – à moins que ce ne soit un de ses exes.
Et au delà de tout ça, il y a une joie de vivre qu'elle essaie d'entretenir au mieux, une appréciation sincère pour le lever aux aurores et le café chaud ; les fêtes trop alcoolisées et rire à en pleurer. Veronica ne veut pas se priver de vivre réellement, même empêtrée dans le marais crasseux de ses insécurités. Elle veut toucher à tout, s'échapper de sa réalité et peut-être trouver un peu de paix. Pour elle-même et l'enfant qu'elle était, pour son futur et l'enfant qui naîtra bientôt. Et il y a des jours qui sont plus difficiles que d'autres, des jours où le poids de ses responsabilités la cloue au sol sans qu'elle n'ait le courage de se relever. Une fatigue qui s'accumule, petit à petit, encrasse les rouages bien huilés de son quotidien, menace de toute faire sauter.
Avant que le cycle ne recommence à nouveau. Toujours un peu plus vite, un peu plus tôt.