We made plans
and god laughed

Contexte

Alors que le Graal a été démantelé, d’étranges meurtres corrompent les canaux de la Sérénissime. Le Conseil de Venise, autorité suprême de la ville, doit faire face à cette situation alors qu’un mariage prévu entre deux familles du conseil devait mettre fin à plusieurs années de rivalité. L’Association des Mages et la Sainte Eglise ont dépêché leurs éléments afin de résoudre ce mystère; véritable menace pour le Secret de la Magie. Dans l’ombre, les Apôtres de la Mort se nourrissent du chaos. Vous aussi entendez l’appel des muses de la désolation et venez mettre en lumière les secrets qui stagnent dans les abysses de Venise.
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illustrations par Zhimin Gao et Aw anqi. Codage pâr Kylas (mikazuki) sur le support du blank theme par Kim. Contexte et concept de jeu inspirés des oeuvres TYPE-MOON et du Naruverse.
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Carmina


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description : Le rire au bout des lèvres, elle dirait qu'elle vient des tréfonds de la mer d'Irlande, son chant attirant les marins à leur trépas – un mensonge en demi-teinte. Elle a, après tout, la voix et le magnétisme des sirènes, son chant responsable de bien des naufrages.

La réalité de sa nature impie, cependant, n'a pas un arrière goût de saumure — mais plutôt de sang.

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Carmina
Come closer sir, and I’ll eat you alive.
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Le rire au bout des lèvres, elle dirait qu'elle vient des tréfonds de la mer d'Irlande, son chant attirant les marins à leur trépas – un mensonge en demi-teinte. Elle a, après tout, la voix et le magnétisme des sirènes, son chant responsable de bien des naufrages.

La réalité de sa nature impie, cependant, n'a pas un arrière goût de saumure — mais plutôt de sang.

Lèvres pourpres dissimulent crocs acérés, son sourire reste discret, serein. Derrière son silence, des siècles des secrets jamais partagés; une vengeance peut-être arrivée trop tôt, et le vide qui la suit depuis.

Victime, martyr, monstre ou diva, Carmina assume tous les masques avec aisance, infinie confiance. Les souvenirs amers sont laissés sur la touche, à quoi bon ressasser le passé? Elle n'en a pas besoin, ou du moins s'en convainc.
Tout ce qui compte, c'est elle et,

L'écho de sa voix.

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La réalité de sa nature impie, cependant, n'a pas un arrière goût de saumure — mais plutôt de sang.

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test rp

there's someone walking over my grave
Qu'importe les précautions prises, il est dit que le passé fini toujours pas nous rattraper.
Tôt ou tard.

Un invité inattendu s'était annoncé au cœur de la nuit froide, présentant un visage inconnu. Il avait dit se nommer Nikita, venu en qualité d'ami de longue date de la mère d'une certaine Céleste – l'invitée d'honneur du maître de maison. Il n'eut qu'à ajouter être au service de sa Majesté pour que les portes lui soient ouvertes, personne ne questionnant vraiment les faits, ni réalisant que le souverain en question n'était peut-être pas celui assumé.

Il ne lui avait fallu qu'un seul regard pour qu'elle voit en ce nouvel arrivant un reflet dérangeant, une familiarité synonyme de danger.

Le dénommé Nikita n'eut aucun mal à séduire le petit comité présent ce soir, l'hôte particulièrement; Lazar était un homme vaniteux désireux de se faire bien voir des puissants de ce monde, et tous les moyens étaient bons. Autant dire qu'il était hors de question de laisser dans le froid un personnage de marque tel que lui, s'il en était à juger les quelques anecdotes de la cour partagées entre deux courbettes. De là, il fut très vite présenté à celle qu'il était venu voir de si loin, l'intimité d'un balcon comme théâtre de leurs retrouvailles.

S'il y avait bien quelque chose que Céleste n'appréciait pas, il s'agissait des surprises.

Il s'était présenté à elle avec l'aplomb de ceux qui ont un but et sont déterminés. Ses mots étaient bien choisis, et aurait-elle été plus naïve qu'elle se serait laissée charmer sur le champ. Étonnement passionné pour un parfait inconnu, le voilà qui l'avait presque suppliée de lui accorder de son temps la nuit prochaine, insistant qu'il lui fallait savoir ce qui était arrivé à sa mère, Varvana. Et, incertaine de ce qu'il cherchait vraiment, elle avait accepté avec le sourire poli des jeunes femmes bien élevées, socialisées pour plaire et ne jamais froisser.

Et du reste de la soirée, ils ne firent que danser.

***

​ ​ « Je commençais à craindre de vous avoir faite fuir. »

Elle était venue pourtant, allant à l'encontre de son instinct qui lui criait de disparaître, une fois de plus. Non, envers et contre sa raison, Céleste se tenait à quelque pas de lui, profitant d'une soirée sans festivités pour le rejoindre dans les jardins, leur hôte ayant gracieusement offert de l'héberger.

« Pardonnez-moi encore pour mon insistance d'hier. Comprenez simplement qu'après si longtemps, vous n'êtes pas ce que j'espérais trouver, » il sourit, quelque peu embarrassé.

« Ne vous excusez pas, voyons, » qu'elle lui répondit, ses prunelles sombres observant le moindre de ses mouvements. « je ne peux qu'imaginer ce que vous ressentez. »

Les mots échangés n'étaient que farce, cependant. Tout œil observateur aurait bien vite remarqué cette danse lente et silencieuse dans laquelle ils s'étaient engagés, chaque mouvement, du pas au regard, donnant réponse à un autre. Deux prédateurs à l’affût, cherchant un instant de faiblesse chez l'autre derrière leurs masques avenants.

« Nous étions proches – votre mère et moi-même. » Sa pause laisse sous-entendre qu'il désire lui laisser le temps d'accepter l'information, et la dame lui rend un sourire. Elle ne le croit pas, n'en dira rien; elle sait que sa mère n'a jamais été proche de personne, une perte de temps selon ses propres mots. Et surtout, n'avait jamais parlé de lui. « J'aurais aimé pouvoir la revoir, nous avions tant de choses à nous dire encore. »

Aventureuse, Céleste s'était rapprochée, juste à sa portée. Sur son visage, un air profondément désolé, de ceux qu'on offre à une personne en deuil.
« Pardonnez ma curiosité, mais comment vous êtes-vous rencontrés? Sans vouloir vous offenser, elle n'a jamais mentionné votre nom. » Le visage de son interlocuteur passe de la mélancolie à la surprise, sans oublier une pointe de chagrin – bon acteur. Pourtant, elle l'a vue, cette infime seconde de colère. Finalement, il adopta un air pensif, bras joints derrière son dos, avant de s'éloigner de quelques pas.

« Le moment exact échappe à ma mémoire, j'ai bien peur. Elle était brillante, vous savez, si investie dans sa poursuite de connaissance, ce désir d'élever notre condition au dessus des lois naturelles. » La passion avec laquelle il la lui décrivait était si convaincante, et pourtant. Dans le cœur de cette femme, il n'y avait jamais eu le moindre soupçon d'altruisme, ni chez aucun de leurs semblables d'ailleurs. « J'aurais aimé pouvoir la retenir, rester à ses côtés. Peut-être serait-elle encore parmi nous aujourd'hui. » La prenait-il donc pour une idiote, une enfant trop peu informée au sujet de leur nature profonde? Qu'il soit aussi effronté dans son mensonge la déstabilisait, juste assez pour qu'elle se fasse passive dans cette interaction étrange.

Il n'était pourtant pas le premier à tenter de prendre avantage de sa jeunesse toute relative, de son manque de familiarité avec le monde des créatures de la nuit. Il était vrai, après tout, qu'elle avait été "élevée" à l'écart de leur société, modelée selon les désirs de sa créatrice. Tout ce qu'elle savait, elle avait du l'apprendre par ses propres moyens, le prix de ses erreurs invariablement élevé

Et ne pas être capable de voir à travers son jeu si aisément le rendait d'autant plus fascinant.

***

Ils s'étaient revus le soir suivant, celui d'après et une semaine vint à passer. Des heures occupées à simplement parler, dans l'intimité de ces jardins coupés de tout. Des conversations devenues confessions alors que le temps filait, et Céleste ne saurait dire ce qui l'avait poussée à être aussi sincère, à vif. Peut-être la certitude que cela aurait une fin, que leurs similarités ne feraient que précipiter l'inéluctable.

Ce soir encore, ils se tenaient dans l'ombre du belvédère, observant la neige tomber. Elle n'aurait même pas à tendre la main pour le saisir, et cette seule pensée gardait son esprit en alerte. En dépit de ses sourires et hochements de tête entendus, elle ne faisait pas confiance à Nikita, et lui n'était pas suffisamment simplet pour ignorer ce fait. Comme deux acteurs retravaillant leurs lignes inlassablement, ils répétaient une fois de plus ce simulacre de relation cordiale, à la quasi perfection.

« Varvana a toujours prédit qu'elle saurait laisser sa marque dans l'histoire. » Cette affirmation la laissa perplexe, et du coin de l’œil, elle attendait la suite de ses pensées. « Peut-être aurais-je du la suivre un peu plus longtemps, bien que je peine à l'imaginer obtempérer si facilement. La confiance n'avait jamais été son point fort. » Voilà une chose sur laquelle ils pouvaient s'accorder sans peine.

Cependant, cette conversation avait un poids que celles des nuits précédentes n'avaient pas, comme une question en suspend qui ne semble jamais venir. Une impression infime, et qui pourtant était bel et bien là, suffisamment notable pour la troubler.

« Que voulez-vous de moi? » Leur petit jeu avait beau être stimulant, sa patience avait ses limites. De ses observations, elle ne tirait que conjectures et suppositions, rien qui ne saurait avoir un poids. Elle l'avait réalisé, chaque jour en sa compagnie en révélait plus sur elle que sur lui, et même après leurs conversations éparses, cet homme restait une idée floue, insaisissable.

Et cette idée l'effrayait.

« Quelle impatience. » Par pur mimétisme, Céleste lui rendit son sourire, mais son regard restait décidé. Le vampire s'amusait de cette situation, de cette emprise qu'il semblait avoir sur elle tout à coup et du doute qu'il lisait dans ses prunelles sombres. « Une femme comme vous ne devrait pas avoir besoin de se cacher. Je peux vous offrir tout ce dont vous avez toujours désiré, et plus encore. » Combien de fois avait-elle entendu ces mots, ces promesses? Il n'était pas le premier soupirant aux yeux pleins d'étoiles et de rêves. un fait dont il devait être conscient, car il ne se démonta pas devant son air désappointé. « Ensemble, nous pourrions faire de grandes choses, » il saisit sa main gantée, y déposant un baiser bref. « Le monde pourrait nous appartenir, très chère. J'ai des contacts haut-placés, un soutien conséquent – je n'ai pas obtenu ma place auprès de sa Majesté par hasard. » Pas une seule hésitation dans ses paroles, il semblait si certain de lui, la défaite aucunement une option pour lui.

La vérité, cependant, était qu'elle n'avait jamais eu de telles ambitions, et si cette vie d'errance lui pesait, Céleste n'avait jamais imaginé s'élever au dessus de sa condition actuelle. Sa main échappa à la sienne, tandis qu'elle lui tournait le dos à nouveau pour tenter de rassembler ses esprits. La quête du pouvoir n'était pas pour elle, et qu'en ferait-elle de toute façon?

« Vous perdez votre temps. » Tout son corps s'était tendu en sentant la main de l'homme saisir son bras, avec une fermeté dénotant de sa délicatesse précédente – une fissure dans son masque parfait. « Je vous imaginais plus avisé. Ce genre de beau discours pourrait certes séduire une demoiselle esseulée, mais j'aurais espéré un peu plus de respect. » Ses mots étaient choisis avec soin, chaque syllabe prononcée avec précision. « Vous me décevez, Nikita. Était-ce cette confiance en soi sans borne qui lui avait permis survire si longtemps, ou lui réservait-il d'autres surprises? Incapable encore de jauger l'étendu de ses capacités, la dame ne pouvait que rester à l'affût du moindre geste imprévu, et anticiper la fin sûrement tragique de cette rencontre.

« Veuillez me pardonner mon emportement. » Et juste comme cela, la tension se relâcha soudainement tandis qu'il lui permettait d'échapper à sa poigne, retrouvant son calme olympien par la même occasion. Oh, il était habile acteur, à n'en point douter. Trop pour son propre bien. « Permettez-moi de me racheter – demain. Au bord du fleuve. On dit que la vue y est excquise à cette époque de l'année. » Le lieu de rendez-vous n'était pas anodin, les deux en étaient conscients. Parce qu'elle lui avait, au cours de leurs longues conversations, confié certains détails de sa renaissance et transformation. « Je vous promets un moment inoubliable. » Une promesse tout autant qu'une menace, presque un ultimatum. Un fait qu'elle acceptait avec une amère résignation.

Les regrets, ils ne viendraient que plus tard.

***

Cela faisait des heures qu'ils observaient la lune sans un mot, l'astre dessinant dans le firmament un disque quasi parfait. Adieu l'excitation du jeu dangereux, elle avait laissé place à une tension étouffante, une échéance qui ne promettait aucune fin heureuse. Ce genre d'attente qui vous prend à la gorge et vous obsède, envahit la moindre de vos pensées.

Son ombre engloutit la sienne lorsque enfin il se décida à faire le premier pas, se glissant derrière elle – Céleste en aurait presque frissonné. Ses prunelles fixées sur les eaux sombres du Danube, elle guettait le moindre de ses mouvements avec appréhension : sa main gelée traçant la courbe de sa mâchoire tandis que l'autre venait trouver sa hanche. Son calme n'avait rien à voir avec la certitude de pouvoir triompher – au contraire. Il était une anomalie, une incertitude dans l'équation et face à cela, elle savait ne pouvoir lutter.

Elle aurait pu prendre la fuite, disparaître comme tant de fois auparavant, mais avait pris la décision de rester. L'affronter en gardant la tête haute et laissant les regrets derrière elle.

« Quel dommage, tout de même. » Son emprise sur elle s'était resserrée, ses mains perdant de leur calme précédent, laissant leurs marques sur sa peau pâle. « Vous êtes la seule déception ici, Céleste. Si elle vous voyait aujourd'hui, Varvana vous le dirait. » Qu'il ait raison ou tort n'importait peu, et elle n'avait nullement oublié la cruauté de sa mère. « C'est inacceptable. » La main qui vint brusquement enserrer sa gorge ne lui laissa aucune chance d'émettre ne serait-ce qu'un son, l'étouffant dans une douleur brûlante. Chaque mot emportait un peu plus de son calme factice, dévoilant le monstre s'y cachant. « J'ai toujours été celui qui réparait ses erreurs, toujours dans son ombre. Jusqu'à ce qu'elle m'abandonne! » Un grondement hargneux lui échappa alors qu'il assurait sa prise sur elle, sa force vastement supérieure à la sienne.

L'esplanade donnant sur le lac était déserte, ses chances de fuite minimes. Était-ce là sa dernière nuit? L'idée la fit sourire : cette nuit était belle après tout, la lune presque pleine. Le sort avait voulu que cela arrive des mains de celui qui un jour fut la seconde moitié de sa créatrice. Ça avait quelque chose de presque poétique, parfaitement à son goût.

« Même pas une protestation, rien? » Il perdait patience face à son indolence, et dans le reflet brouillé de l'eau, elle pouvait voir sa forme prendre des proportions grotesques, oppressantes. « Soit. Je me chargerais de mener ses recherches à bien, de réussir où ses efforts furent un échec– » Cette fois, elle rit. Parce qu'il était pathétique, parce qu'il n'était pas la menace qu'elle l'avait imaginé être – pas de cette façon du moins.

« Si peu de dignité. N'êtes-vous pas embarrassé? Vous serrez toujours dans son ombre, quoi que vous fassiez– » Si la douleur ne l'empêcherait pas de fanfaronner et attiser sa colère, il sut lui couper la parole l'espace de quelques instants. Elle pouvait sentir l'articulation de son épaule être poussée à sa limite tandis qu'il tirait sur son bras, grondant contre sa nuque. « Toujours second. Jamais vainqueur. » Son corps avait beau être capable de prouesses de régénération, la douleur, elle, était toujours présente. Le membre avait été arraché comme un pétale de fleur, l'effort semblant minimal.

Son cri n'avait alerté rien d'autre que les oiseaux sauvages occupant la berge, seuls spectateurs de la danse macabre de ce soir. Tremblante et bien plus affectée qu'elle ne le laissait paraître, elle lui faisant face à présent – la voracité sous forme humaine.

« J'aurais le dernier mot, et une fois votre chair consommée,  » Il avait tout simplement perdu la raison, mais cela n'importait que peu. Elle l'avait compris à la façon dont il avait inspecté son épiderme découvert un peu plus tôt, humé son parfum avec l'insistance d'un prédateur affamé. Que son raisonnement soit tangible ou non, il la dévorerait.

Et sans prévenir, il s'était jeté sur elle, scellant par la même occasion leur sort.

Ses défenses étaient réduites à ses crocs et griffes, ainsi que sa hargne. Ah, voilà que trop se reposer sur ses autres dont finissait par enfin se retourner contre elle, semblerait-il. Pourtant, il n'était pas question d'abandonner si vite, pas alors que le dégoût enflait à morsure, la vue de sa propre chair déchirée entre ses mâchoires la révoltant. Il n'avait aucun droit de s'approprier de la sorte ce pourquoi elle avait souffert pendant si longtemps. Il était aussi abjecte que pathétique. Pitoyable.

Accusant un coup puis un autre, cette fois sans tenter de le retenir ou de l'éviter, Céleste fini afficher un sourire vainqueur. Derrière elle, la rambarde de pierre érodée par l'humidité et le froid venait de céder, et Nikita ne réalisa que trop tard son erreur. Et, s'accrochant désespérément à son corps tordu, elle l'entraîna dans sa chute, leurs deux corps grotesquement enlacés engloutit par l'eau glacée.

Son existence était peut-être bel et bien un éternel recommencement; une première chute pour mettre fin à sa vie, une autre marquant un tournant important de cette dernière. Et si elle n'admettrait jamais que tout était peut-être bien écrit d'avance, elle pouvait au moins apprécier l'aspect poétique de la notion.

Submergés jusqu'à la taille, elle ne s'accorda même pas le plaisir de l'observer agoniser. Non, le temps n'était pas à la contemplation, mais à laisser parler sa propre colère, et son chagrin. Délaissant ses armes naturelles pour une roche pesante, elle avait frappé, encore et encore, jusqu'à ne plus sentir de mouvement contre elle, jusqu'à ce que l'eau en devienne poisseuse; jusqu'à ce que ses bras soient trop fatigués, et son corps en péril.

C'était une victoire sans saveur. Elle n'était ni satisfaite ni déçue, simplement lasse. Tout s'était déjà joué à l'instant où il l'avait trouvée, après tout. La violence était la seule issue, quand bien même essayait-elle de se convaincre du contraire. À quoi bon se battre contre ce qui était inscrit dans sa chair, sa nature profonde? Ce soir, Céleste était fatiguée de se battre, usée par les circonstances et son existence sans but. Demain, il serait temps de prendre congé, s'effacer à nouveau. Tout recommencer, une fois de plus.

Plus loin, un couple se promenait.
Elle avait faim.

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histoire

ft. faim. vengeance. vide
« You will be the death of me, I feel it in my bones »

Elle l'avait su la première fois que ses yeux s'étaient posés sur lui ; ça l'avait prise aux tripes, un frisson désagréable mordant sa nuque. Rien de plus qu'un pressentiment, au début, mais qui très vite deviendrait une certitude.

Cinquième fille d'une famille de pécheurs à la réputation impeccable et au commerce florissant, Carleen avait passé toute son enfance sur cette petite île de ce qu'est aujourd'hui la côte galloise, un goût de sel sur les lèvres et toujours les pieds dans l'eau. Une de plus à qui il faudrait bien trouver une utilité, de quoi faire prospérer les finances de la famille à défaut du nom.

Et le sort l'avait choisi, lui.

Iorwerth – le fils unique du bailli, et avec statut venaient influence et pouvoir. Ainsi une impossibilité de lui refuser quoi que ce soit. Il avait mauvaise réputation, des mots qu'on se communique à mi-voix sur son passage et des regards furtifs. Il avait l'amour de l'alcool et des femmes, et se faisait toujours le centre d'attention lorsque la main-d’œuvre du village se rejoignait à la taverne le soir venu. Bruyant et fanfaron, personne n'osait jamais lui dire non, et sûrement pas le défier.

Alors lorsque la nouvelle du mariage arrangé entre eux parvint à ses oreilles, elle sut son sort être scellé.

Elle le savait très bien, elle n'était à leurs yeux rien d'autre qu'une matrice, faite pour enfanter et se taire. Se taire, cependant, elle n'avait jamais su, ni hier ni aujourd'hui, et sûrement pas face à lui. Des coups, elle en avait déjà suffisamment essuyés pour savoir que la dissidence ne serait pas acceptée, que son plaidoyer n'atteindrait pas l'oreille sourde de ses parents. Qu'il en soit ainsi.

Quoi qu'il arrive, elle n'aurait de toute façon aucun avenir ici, rien qui ne soit pas teinté de misère et de regrets. Et épouse prostrée, passive, elle se refusait de l'être. Alors, le soir du mariage venu, elle décida de prendre son destin en main. Portée tout autant par la rage que l’adrénaline, elle avait pris la fuite à peine arrivée devant la maison de son futur époux, surprenant suffisamment ceux présents pour s’offre de l'avance, aussi infime soit-elle.
Elle avait couru, couru jusqu'à sentir le froid mordre son visage, jusqu'à ce que le souffle lui manque. Les chiens lancés à sa poursuite eurent tôt fait de la rattraper, jusqu'à l'acculer au dos du précipice – sous la forme d'une falaise surplombant la mer déchaînée.

Le souffle court, elle fixait ses poursuivants d'un air fier, de celle qui ne courberait jamais l'échine devant eux – devant lui. Oh, Carleen n'était pas stupide, savait avoir épuisé ses options ; sans possibilité de fuir encore, elle ne pouvait que leur tenir tête, jusqu'au dernier instant. Masquant la terreur derrière un sourire obstiné, un regard déterminé. Elle ne serait jamais sa femme, jamais sa possession. Jusqu'à la fin maîtresse de sa propre vie.

Et, dans un dernier acte de défiance, elle avait sauté.

***

« Now I decay beneath the waves, my wine-dark grave »

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, les dernières traces de ce qu'elle fut s'effritèrent pour de bon, ne laissant derrière eux qu'une enveloppe creuse. Il ne restait que la façade, et une faim que rien ne semblait pouvoir satisfaire. Un besoin impérieux que pas une seule fois elle ne tenta refréner, incapable de n'en avoir ne serait-ce que la volonté. Il n'y avait que la faim, les chairs putréfiées et l'eau saumâtre.

La mer avait refusé de l'engloutir, préférant la régurgiter dans les bras de celle qui lui volerait tout avant de lui offrir le monde sur un plateau d'argent. Un être obnubilé par sa recherche de perfection, son désir de conquérir ce que sa nature impie lui refusait. Vampire, apôtre de la mort ou simplement monstre, différents noms qui se rejoignent en une conclusion : elle était une anomalie à éradiquer, et Varvana son nom.

De cette période grotesque de son existence, Carmina n'a que des bribes de souvenirs, un kaléidoscope sanglant de moments épars et de sensations floutées par le temps. Les cercueils creusés à même la pierre de cette cave humide, débordant d'eau salée et de restes humains, gravés de symboles ésotériques. Le regard éternellement insatisfait de sa mère et toujours, un appétit sans fin. Impossible à oublier, comme les râles de ses nombreuses sœurs, toutes confinées à leur tombes marines, chacune représentant l'ambition de leur créatrice, ainsi que ses innombrables échecs.

De toutes les jeunes femmes enlevées, il n'en restera finalement qu'une poignée ayant survécu aux expérimentations de la vampire. Le résultat de plusieurs siècles de recherches, de torture et défiance face à la nature personnifié en ces âmes résilientes et pourtant brisées.

Et parmi elles, Carleen.

***

« Beware the wave-soaked maidens, to whom the depths belong. »

Elle n'était plus fille de pécheurs chantant pour les enfants du village, ni la sœur aimante ni la future épouse refusant de se plier à la tradition. Non, tout ça lui avait été arraché sans lui demander son avis, après qu'elle ait décidé de forfaire sa vie en sautant de cette falaise. À présent, c'était un monstre qui paradait son visage, portait son nom; de son sourire charmeur on pouvait voir poindre crocs acérés, autant que sa faim était insatiable.

Les années s'était faites décennies depuis son premier réveil, et si elle avait retrouvé un semblant de conscience, sa volonté, elle, restait le reflet de celle de sa créatrice. Un pantin de chair en décomposition aux pensées décousues. Il lui faudrait encore des années avant de retrouver un semblant d'identité, tout autant que les dernières preuves qu'elle fit un jour vivante. Et du temps, elle en avait à présent bien plus qu'elle n'en aurait jamais eu au cours de son existence mortelle.

Pour l'heure cependant, son monde s'arrêtait aux murs froids de cet antre putride. Elle était imparfaite, un mot qui n'avait que peu de sens pour celle qui n'avait alors pas encore conscience du parjure de son existence. Cette existence au goût de sang et de sel.

***

« I am the undertow, come, take my hand, I’ll drag you below. »

Des entrailles de l'île devenue sa demeure, elle avait fini par sortir aux côtés de ses sœurs, qui à présent ne se comptaient plus que sur les doigts d'une main. Leur mère s'était établie dans l'ancienne demeure des gardiens du phare, aux côtés de personnages peu recommandables, et étonnement humains. Des individus de la plus basse espèce, et ayant suffisamment peu de morale pour accepter cette alliance contre-nature.

De jour, les bandits assuraient la sécurité des créatures tapies dans le sous-sol de la bâtisse, attendant leur heure; une fois la nuit arrivée, c'était à elles d'assurer la pérennité de leurs protecteurs en s'attaquant aux marins cherchant repos sur leur rivage. L'or pour eux, le sang pour elles.

De cette île et sa triste histoire n'existent aujourd'hui que d'éparses rumeurs, récits de marins ayant miraculeusement survécu à sa légende. Celle d'une voix enchanteresse guidant les navires à travers le brouillard, séduisant son équipage à la façon des sirènes; de la lumière du phare s'évanouissant soudainement et menant les victimes au naufrage certain. Une histoire sanglante qui, si elle a été enjolivée pour effrayer les curieux, n'est pas erronée pour autant.

Cette voix, c'était Carleen. Enfant imparfaite, mais toujours désireuse de prouver sa valeur, effrayée d'être oubliée par sa créatrice. Cette voix, avant même d'être viciée par son sang, su causer perte et désolation chez les Hommes. Terreur et fascination.

***

« We're sinking with graceful motion, lying forever, in the arms of the ocean. »

Quelque part, elle le savait. Ça n'était un cadeau qu'en apparence, et la motivation de Varvana n'était faite ni empathie ni affection pour elle.

Carleen – à présent Catrin – se tenait devant la demeure de ses nouveaux employeurs. Un patriarche et sa famille, ayant fait fortune dans le commerce maritime. On lui avait raconté que le vieil homme à la tête de cette entreprise était le fils du bailli de la ville voisine, et qu'il était aujourd'hui trop vieux pour assister les affaires familiales, passant ses journées à fixer la mer depuis son fauteuil.

Cela faisait un peu plus de soixante ans depuis leur dernière rencontre. Qu'il ait vécu si vieux tenait du miracle pour l'époque, à croire que ceux ne méritant rien finissaient toujours pas gagner. Cette fois, pourtant, elle aurait le dernier mot.

Encore jeune à la mesure des apôtres de la mort, sa présence ici était avant tout un test. Sa mère désirait simplement voir de quoi elle était capable, si tous ses efforts n'avaient pas été en vain. De toutes ses filles, celle-ci semblait être la plus prometteuse, et rien de mieux que lui offrir une vengeance sur un plateau d'argent pour s'assurer de sa loyauté. Au moins pour quelques décennies de plus.

Ainsi, elle avait usé de ses contactes humains pour lui assurer un poste de femme de chambre auprès de cette famille qui aurait pu être la sienne. L'ironie de la situation l'amusait, et plus d'une fois Varvana vint à guetter l'annonce d'un massacre qui étonnement tardait à venir.
Il semblerait que sa création soit capable de faire montre de patience, en plus d'une ténacité admirable – mais pour combien de temps? Toutes deux le savaient, après tout, la faim n'allait pas en s'améliorant avec les jours qui filaient, et il lui faudrait tôt ou tard se nourrir.

Et pourtant, elle tint bon, jusqu'au dernier moment.

Depuis la fenêtre de sa chambre, donnant sur la baie, Iorwerth assista, impuissant, à la perte de tout ce qu'il avait durement acquis au fil des années. Les uns après les autres, adultes comme enfants. Il les vit faire chemin vers les flots agités, désespérés de rejoindre la voix séductrice qui s'échappait de la brume. Elle les guidait, lentement mais sûrement vers une fin certaine, cruelle. Une fin injuste.
Cette même voix qui depuis des jours déjà, le torturait chaque nuit, murmurant au creux de son oreille des promesses aux allures de menace et emplissait son esprit de la vision d'un visage familier. Chaque instant passé éveillé le voyait consumé par ces chimères cauchemardesques et pourtant si séduisantes, jusqu'à souffrir de ne pouvoir l'atteindre.

Au petit matin, on retrouva le vieillard sur la plage, ou du moins ce qu'il en restait. Au delà de son visage déformé en un rictus horrifié, il n'y avait que chairs ensanglantées et plaies béantes, teintant le sable pâle d'un rouge sombre, macabre. Et à quelques pas de là flottaient les corps sans vie du reste de sa famille.

***

« I too once thought I was home there, wasn’t alone there, up where it all came undone. »

De retour au nid, elle avait retrouvé sa place parmi les pions de sa créatrice, son approbation toujours aussi brève, comme son attention.

Cependant, cette expérience lui appris une leçon qu'elle n'oublierait pas. Peu nombreux étaient ceux ayant l'opportunité d'obtenir une vengeance bien méritée, et elle se savait particulièrement fortunée. Cette simple notion implanta en elle une idée qui finirait tôt ou tard par germer, et prendre racine.

Et la vie sur l'île reprit son court, les jours se succédant jusqu'à se confondre. Seuls les mortels changeaient vraiment, des nouveaux visages à chaque décennie, jusqu'à ce qu'elles ne puissent trouver de nouveaux volontaires aisément; même les bandits n'étaient plus aussi naïfs qu'auparavant.

Deux autres de ses sœurs avaient finir par périr, de la main divine de l’Église. Leur première rencontre avec une menace véritable, leur mère bien en sécurité dans son antre et s'étant gardée de les prévenir. Une rencontre qui laissa Carleen troublée, n'ayant d'autre choix que d'admettre la vérité: elle y passerait aussi, tôt ou tard. Et celle qui se disait être sa mère depuis bientôt deux siècles ne ferait rien pour l'en empêcher, bien au contraire. Elle serait simplement remplacée, comme les autres.

On dit que les suceurs de sang sont voués à se trahir, que c'est intrinsèque à leur nature. Sachant ce fait, personne ne sera surpris d'apprendre que, dans les mois qui suivirent cette réalisation et l'éveil de son instinct de survie, Carleen entra en contact avec un membre de l'Église par lettres interposées. Assumant l'identité d'une âme inquiète et soucieuse des activités malfaisantes de l'île et ses habitants, elle cultiva prudemment une relation de confiance avec son naïf correspondant, le tout culminant en un plan qui assurerait sa survie. Qu'importe le prix.

Et ce matin là, alors que l'aube commençait à poindre, elle n'hésita pas en scellant la porte donnant accès au sommet du phare. Leurs regards s'étaient croisés un bref instant; pour la première et dernière fois, Varvana lui accordait son respect tandis que les premiers rayons du soleil se reflétaient sur les miroirs l'entourant.

De cette matinée elle serait la seule survivante.

***

« When we've said goodbye, remember me once in awhile, promise me you'll try. »

Si questionnée, elle parle de cette époque de sa vie comme étant son âge d'or, son apogée. Une ère de beauté et de liberté, de renouveau.

Il était loin le temps de sa fuite, où son quotidien se résumait à voyager de villes en villages, en quête de quoi satisfaire la malédiction l'accablant tout en faisant profil bas. Une époque qui lui appris également la modération et la discrétion, forcée de revoir ses méthodes alors encore grossières, sauvages.

Tout cela lui avait permis, enfin, de s'épanouir comme elle le méritait. La favorite de toutes les soirées et des grands noms de ces temps; celle que beaucoup voulaient dans leur cour ou à leur bras – et leur lit. Pauvre Carleen était devenue la mystérieuse Charlotte, Cybèle ou encore Céleste. Vraisemblablement insaisissable, elle avait cultivé l'art de disparaître une fois son temps expiré en un lieu, pour réapparaître quelques années plus tard avec un nouveau nom et visage, une histoire fraîchement manufacturée. Le monde contrit de la bienséance et protocols, elle l'avait fait sien et comptait en profiter pleinement.

Ce fut pour elle une période d'ivresses et d'imprudences, souvent tentée par un cou de trop et forcée de prématurément se faire oublier, pour tout recommencer. Puis, le temps vint où les menuets et valses ne suffisaient plus à combler son ennui, les visages si oubliés, tous si semblables; lentement mais sûrement, les doutes s'installaient. Et avec eux, le bal des regrets.

Oh, elle l'avait pourtant toujours su: tôt ou tard, la réalité finirait par la rattraper. Mais quitte à donner sa dernière révérence, ce ne serait pas sans un coup d'éclat.

Une soirée dont la décadence fit parler les cercles mondains des semaines durant.

***

« But know I'll return and I'll be dead awake, I'll be dead awake, rising from the stake. »

L'entre-deux guerres.

Derrière elle, le glamour et le faste d'un âge passé, troquant ses plus belles années pour une vie anonyme et ennuyeuse – mais sûre. Ou du moins autant qu'elle pouvait l'être en ces temps troublés. Car même après une existence déjà bien conséquente, il ne suffisait parfois que d'un moment d'inattention et faiblesse pour voir cette sûreté tomber en poussière.

Et c'était tout ce qu'il avait fallu pour qu'elle se retrouve dans cette position plus que fâcheuse.

Au travers des conversations lointaines de ses ravisseurs, elle avait pu glaner quelques informations, un avant-goût de ce qu'ils lui réservaient. Le sort avait voulu qu'elle croise la route d'un groupe de magi en quête de fortune, de quoi supporter leurs recherches probablement, ou simplement de quoi échapper à leurs circonstances actuelles. Quelle que soit leur raison, la vampire avait rarement vu des mortels aussi désespérés et téméraires – juste de quoi attiser sa curiosité, la convaincre de se faire passive pour un temps. Pas qu'elle soit en position de force pour autant, mais ça, hors de question de l'admettre.

Ils avaient pour ambition de l'affaiblir suffisamment pour qu'elle ne soit plus une menace immédiate, avant de procéder à un démembrement barbare quoi que temporaire. Le tout pour vendre le résultat de leur sordide entreprise à de crédules acheteurs, en leur vantant des propriétaires soi-disant magiques, et toutes plus improbables les unes que les autres.

Pour la première fois depuis longtemps, elle retrouvait la peur primaire qui lui était autrefois si familière, et la faim. L'affaiblir revenait à la priver de subsistance, poussant son corps dans ses retranchement et flirtant avec la déliquescence. Pourtant, là où elle attendait la rage, le désir de leur faire payer, elle ne trouvait qu'un étrangement sentiment de paix, inconsciemment résignée. À croire qu'elle accueillait cette fin probable à la façon d'un repos bien mérité.

Il fait savoir, cependant, que les Humains eux aussi sont sujets aux erreurs, si aisément victimes de leur hubris. Il n'avait fallu que d'un faux pas pour que le prédateur alors affamé ne se jette sur sa proie, l'instinct n'ayant pas encore rendu les armes. Et elle qui s'était habituée aux méthodes plus douces et tempérées, l'espace d'une nuit, retrouva ses racines oubliées, dans un crescendo de hurlements désincarnés.

De cette fâcheuse aventure, elle garde en mémoire chaque instant, chaque infime parcelle de douleur; son corps grotesquement déformé, et l'exaltation qui l'emplit lorsque les rayons de l'astre lunaire vinrent sceller leur sort.

Et puis, le vide. Son compagnon dans l'éternité.

***

« All I have found are your mortal remains, lying on this dirty ground. »

Si elle avait été de ceux croyant au destin, peut-être que son arrivée à Venise lui aurait semblé la plus naturelle qui soit.

Après de nombreuses décennies passées dans l'ombre à nouveau, son besoin de reconnaissance, de contacts humains l'avait poussée à refaire surface ici, en Italie. La ville aux canaux, la cité baignée par les eaux de la mer Adriatique. Le théâtre d'un énième renouveau, et de son retour sous les feux des projecteurs, ainsi que d'un évènement bien plus inattendu.

Des relations avec des humains, elle en avait eues par le passé, nombreuses et rapidement oubliées, jamais vouées à durer. Comment le pourraient-elles, de toute façon? Pourtant, lorsque celui-ci a confessé son affection grandissante pour elle, un moment d'hésitation la saisit. L'espace d'un instant, elle se demanda si c'était une chance qu'elle devrait saisir, celle de peut-être retrouver des fragments de son humanité perdue. Peut-être qu'en agissant comme on l'attendait d'elle, elle pourrait réellement ressentir quelque chose, quel qu'il soit.

Ettore était un homme fort singulier – et c'était peu dire. Avant tout son partenaire sur la scène dans le rôle d'un certain fantôme aux penchants musicaux, l'envers du décor se révélait des plus surprenants. Accueillant chaque jours avec la certitude qu'il serait le dernier, qu'une spectre de malheur inconnu le poursuivait inlassablement, elle avait découvert en lui un homme terrifié par l'idée de vivre sans pouvoir mener ses entreprises à bout. C'était à vrai dire même un miracle qu'il ait finalement osé lui confier son transport.

Et c'est de cette même façon qu'il vécu ses jours jusqu'au dernier, expirant à la veille de leur dernière représentation et de leur dixième anniversaire, laissant derrière lui un vide insoupçonnable.

Elle n'a jamais su dire quand il avait cessé d'être simplement une fascination du moment, devenant une part importante de sa vie, ou si elle n'avait fait que s'en convaincre. Quand il s'était éteint, l'aspect éphémère de l'homme s'était manifesté à elle de façon étonnement cruelle. Des humains pourtant, elle en avait vu mourir fréquemment, très souvent de sa main. Quelle était la différence, pourquoi ce trouble soudain? Qu'avait-il que les autres n'avaient pas? Étaient-ce ses émotions véritables ou simplement un tour de son esprit fatigué, ses désirs secrets de repos venus se jouer d'elle?

Des questions encore aujourd'hui sans réponse.

Et face à sa dépouille décharnée, la terre fraîchement creusée de ses mains nues, elle avait hurlé ses regrets, cette peine incompréhensible et révoltante. Ceux de n'avoir pas été suffisamment égoïste, de ne pas lui avoir arrachée ce qu'elle-même avait perdu il y a bien des siècles déjà. Un simple choix altruiste qui aujourd'hui revenait la hanter.

À vouloir prétendre être plus qu'une simple bête sanguinaire, elle s'était cruellement heurtée à la réalité.

***

« There's someone walking over my grave, or is that you dancing in front of my future headstone? »

Carmina. Fille de Cristina et Ettore, célèbres acteurs de théâtre musical, et élevée dans le secret après le décès de son père. Pour la première fois depuis la réclusion de sa mère, il y a trente ans de cela, elle apparaît aux yeux du grand public.

C'est le nouveau visage qu'elle a décidé d'adopter, abandonnant derrière elle des regrets devenus trop lourds, encombrants. Il est temps, elle le sait; le monde change, les choses bougent et sortent de l'ordinaire. Elle-même, depuis deux ans déjà, à vu son quotidien chamboulé par une intrusion fortuite – elle se demande parfois si c'était un signe. Quelque chose allait se produire ici, bientôt, et elle voulait être au premier rang pour y assister.

Et puis, cette année marque les sept-cent ans de son existence creuse, un jalon qui mérite d'être célébré. Mais les fêtes d'aujourd'hui n'ont plus la même saveur, les soirées ont perdu de leur intérêt; Carmina n'est pas certaine de pouvoir encore briller de la même façon. Son regard sur le monde qui l'entoure est sceptique, incertain.

Elle est fatiguée.
Si fatiguée.




   
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