We made plans
and god laughed

Contexte

Alors que le Graal a été démantelé, d’étranges meurtres corrompent les canaux de la Sérénissime. Le Conseil de Venise, autorité suprême de la ville, doit faire face à cette situation alors qu’un mariage prévu entre deux familles du conseil devait mettre fin à plusieurs années de rivalité. L’Association des Mages et la Sainte Eglise ont dépêché leurs éléments afin de résoudre ce mystère; véritable menace pour le Secret de la Magie. Dans l’ombre, les Apôtres de la Mort se nourrissent du chaos. Vous aussi entendez l’appel des muses de la désolation et venez mettre en lumière les secrets qui stagnent dans les abysses de Venise.
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illustrations par Zhimin Gao et Aw anqi. Codage pâr Kylas (mikazuki) sur le support du blank theme par Kim. Contexte et concept de jeu inspirés des oeuvres TYPE-MOON et du Naruverse.
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Harmonia Absolutus


Aurore Berthollet


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Aurore Berthollet
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Berthollet
Aurore
“Death is the mother of beauty. And what is beauty? Terror.”
19172 cmFrançaiseLondres / AnnecymagussingulierClock Tower
La voie vers la racine est tracée dans la multiplicité. Les Mages affinent leurs recherches, puisent dans le monde les dernières traces de mystère. Transcender l’être, matérialiser l’âme, nourrir la Terre, sacrifier les sens : toute ignominie est bonne à prendre.

Néanmoins, certains se soustraient à cette foule bercée dans l’horreur. Il existe des mages qui poursuivent le sublime, qui s’enivrent dans la beauté jusqu’à consumer leur raison.

On pourrait se dire qu’ils ont abandonné le macabre pour embrasser le merveilleux. Qu’ils se distinguent de ces érudits ayant embrassé l’affreux.

Pourtant, les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles.

Aurore Berthollet


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Harmonia AbsolutusAurore Berthollet
Aucun des paysages qui défilaient sous mes yeux ne m’étaient véritablement étrangers. A vrai dire, plus le train s’approchait de Venise, plus je pouvais sentir un étrange sentiment de sérénité. La sensation d’être à ma place, d’enfin quitter les paysages inhumains de Londres et d’échapper à l’environnement claustrophobe de ma ville natale. Pourtant, rien des contours iodés de l’horizon n’évoquait de souvenirs en moi. Que ce soient les panneaux aux lettres transalpines, l’absence de montagnes ou encore la délicate odeur marine qui embaumait le wagon. J’aurais dû être perdue, incapable de comprendre la langue et incapable de me fondre dans ce tableau. Mais il n’en était rien.

Je comprenais les mots dans leur mélodie, dans la voix qui les accompagnait, et me retrouvais là, inconnue et libre. Ce manque de repère était un remède à ma condition. Comme si le monde avait été épargné  du poison que je suis. Cela eut été pour un bref instant.

« Prossima Tappa : Venezia »

Le trajet avait été si rapide, trop rapide. J’aurais aimé passer encore quelques heures à regarder les paysages défiler, à me noyer dans cette bulle hors du temps dans laquelle rien n’était attendu de moi à part patienter. Profiter de mes derniers instants de répit avant l’ouragan qu’allait être ma nouvelle vie. Faire la connaissance de mon nouveau tuteur, un favoris de l’académie, et terminer mon apprentissage à ses côtés. Vivre recluse dans ses appartements, une tour d’ivoire dans laquelle je ne pourrai faire de mal à personne. D’ailleurs, avait-il couvert les miroirs comme je lui avais écrit ? S’était-il assuré d’interdire aux domestiques l’accès à ma chambre ? Comprenait-il vraiment qu’il venait d’inviter une calamité dans sa demeure ? Peut-être pensait-il que je n’étais qu’une jeune mage inoffensive, dont l’affliction, bien que singulière, ne pourrait avoir de véritables conséquences sur son quotidien. Un animal esclave de sa nature, pourtant incapable de meurtrir les hommes.  Mais la réalité est toute autre. Quand on parle de moi, exister c’est déjà trop.

« Excusez-moi mademoiselle, vous avez fait tomber ça »

Le vieil homme qui avait partagé son siège pendant tout le trajet lui tendait une boucle d’oreille délicate, ornée du blason de la famille Berthollet.

« Oh » son expression était des plus réconfortantes, il avait l’aura d’un grand-père heureux de savoir que sa petite fille ne serait pas attristée par la perte de ses bijoux « Merci beaucoup, elle a dû glisser sans que je m’en rende compte ».

« Il n’y a aucun soucis, je suppose qu’avec le foulard autour de votre tête vous n’avez pas senti grand chose »

« Oui ce doit être ça. Encore merci. »

Je prenais soin de remettre ma boucle d’oreille sans défaire le nœud qui tenait mon foulard en place.

« Comme vous parlez français, je suppose que vous rendez visite à quelqu’un ? »

Son sourire grandit, comme s’il se perdait dans la plus douce des réflexions.

« Oui, ma fille et mes petits enfants. C’est l’anniversaire du plus petit, regardez c’est eux !»

Il farfouilla dans son portefeuille quelques instants, les mains tremblantes de vieillesse, et en sortit une photo aux coins abîmés. Dessus, on pouvait voir l’homme accompagné d’une jeune femme aux cheveux d’or, un bébé dans les bras et deux filles accrochées à sa longue jupe. Tous avaient l’air heureux, le mur de pierre en arrière plan décrivant les contours d’une belle maison. Modeste mais accueillante. Le foyer d’une famille aimante.

« Vous allez les voir souvent ? »

« Autant que je peux, ça me fait voyager. Et vous, pourquoi allez-vous à Venise ? »

« Les études, je vais dans une sorte de pensionnat pour l’année »

Un mensonge sans l’être.

« Et comment est-ce qu’ils s’appe- »

Soudain, je sentis mes cheveux se tirer avec force, comme arrachés par la poigne de mille hommes, avant que le nœud autour de mon cou ne cède face à la pression. Le choc délogea les grosses lunettes de soleil noires qui couvraient la moitié de mon visage, m’exposant entièrement aux yeux du monde. Derrière moi, le contrôleur dont le bouton de manchette s’était pris dans mon foulard se confondait en excuses. Tantôt en italien, tantôt dans un anglais hésitant. Il devait vraiment se sentir mal, mais je n’écoutais rien, je savais que j’avais mis trop de temps à mettre mes mains sur mon visage. J’avais si peur de les retirer et de voir l’expression du pauvre vieillard. J’espérais tant qu’il n’ait rien eu le temps de voir, que l’action soit si chaotique que rien de tangible n’en soit ressorti. Que mon visage n’existe jamais dans son esprit.

Après une éternité, ou ce qui sembla être une éternité, j’entrouvris le creux de mes doigts prête à lui faire face. Il fallut une demi-seconde pour que mes yeux s’habituent de nouveau à la lumière, pour qu’ils acceptent la réalité. Lorsqu’il firent enfin la mise au point, je reconnus tout de suite ce regard. Les yeux figés, sculptés dans le marbre. La bouche entrouverte, vide, en pleine extase. Il avait la main tendue vers moi, comme s’il avait tenté de m’aider, l’autre crispée sur l’accoudoir. Sa poigne était si forte que ses doigts étaient devenus blancs, glissant le long du plastique dans un crissement assourdissant.  Seul un râle, ou plutôt un gargouillis, s’échappait de sa gorge. Toute chaleur, toute compassion, toute humanité avaient été retirées de son corps. Une carcasse vide, une mue ayant entrevu la perfection.

***

Aujourd’hui, j’ai ôté la vie à un homme. Une crise cardiaque fulgurante. Ni mon affliction, ni ma condition, ne constituent des excusent valables à cet acte. Je ne sais pas ce qui me dégoûte le plus,  sa mort ou la certitude qu’il ne sera pas le dernier. Pour tout vous dire, je me déteste parce que je sais que je finirai par l’oublier. Il y en aura tellement d’autres, tellement d’autres innocents qui verront leur vie ruinée par ma simple existence. Alors, que restera-t-il du souvenir de cet homme à par le goût âpre de ma propre fatalité ? Il sera noyé dans le flot des corps émaciés, de ceux qui n’ont pu reprendre une vie normale après avoir goûté à l’harmonie absolue. Son visage me hantera pendant quelques jours avant que mes instincts égoïstes ne reprennent le dessus et que mon propre malheur n’écarte la culpabilité.

Oui, je le pleurerai quelques jours mais, ultimement, mes larmes s’imprégneront des narcisses prenant racines dans mon coeur. Ca a toujours été comme ça. Dix neuf années de haine artificielle. Je pense m’être convaincu que je me détestais, peut-être pour me donner bonne conscience, pour expier mes fautes. Me flageller tous les jours pour des crimes qui, si ils ne sont pas de mon fait, émanent de mon incarnation. J’en viens à penser que mes remords sont factices, qu’ils sont fabriqués par la dernière once d’humanité qui agonise en moi. La dernière fibre altruiste qui ronge les os que je lui jette dans mes singulières nuits d’incertitudes. J’ai l’impression d’être en proie au même mal qui affecte le monde autour de moi.

Plus je rejette mon image dans le miroir, plus elle m’est étrangère, et plus je tombe sous le charme. Je n’arrive pas à savoir si je suis moi-même ou si le vice en moi m’a altéré pour toujours. J’arpente des sentiers de contradictions, je nage à contre courant de tout ce qui tisse mon être. Je peux sentir mes vaisseaux sanguins danser en cercle, ma respiration épouser le chant du monde, l’horizon se brouiller en une parfaite anamorphose, impossible à déchiffrer car j’en suis le centre. Je promets que j’essaye d’y échapper, tous les jours. Je force mes veines à épouser les courbes de mes membres, je performe une respiration dissonante, et je regarde le monde comme une spectatrice. Mais rien n’y fait. Jour après jour, je sens mon esprit s’aliéner face à l’humanité et la chose qui dort en moi s’impatienter. Je ne reconnais ni mon reflet ni ma chaire. J’en viens à me demander si je suis encore humaine. Après tout, il n’y a rien de plus inhumain que la perfection.

Les ambulanciers ont insisté pour que je les accompagne à l’hôpital, sûrement par peur que je sois traumatisée. Bah oui, c’était moi la pauvre fille innocente témoin de la mort d’un vieillard. Tout le monde avait l’air de me prendre en pitié. J’ai refusé les cigarettes, l’épaule pour pleurer, et toutes les mains tendues. De toute façon, je ne mérite que d’attendre sur ce quai qu’on vienne me chercher. Seule, piégée avec mes pensées. Je me voyais déjà rentrer, défaire mes valises, et cesser d’exister.

Il fallut un certain temps avant qu’on vienne me chercher. Ca ne m’a pas vraiment dérangé d’attendre. Je regardais les trains partir, les gens se presser, les couples s’embrasser. Je m’imprégnais des scènes du quotidien vierges de mon influence. Quand tout est encore organique, imparfait. La gêne qui se cache dans les adieux, les yeux boursouflés par les pleurs, les cris strident des enfants qui écorchent la réalité.

Quand enfin une silhouette s’approcha de moi, le pas très peu assuré et l’air confus, j’ai tout de suite senti que quelque chose clochait. Rien de surnaturel, juste un de mes derniers instincts humain.

« Mademoiselle Berthollet… Oui euhm... » l’homme ne me regardait pas, mais je n’arrivais pas à discerner s’il détournait le regard par connaissance de mon affliction ou par pure timidité « Je suis vraiment confus de vous avoir fait attendre aussi longtemps. Il y a eu… » il marqua une pause un peu trop longue «...un incident ».

« Un incident vous dites ? » rien ne pouvait être simple.

« Oui euhm… Monsieur Rigel est introuvable. Son homoncule, qui reste toujours à ses côtés, ne sait pas non plus où il se trouve. C’est inquiétant je… enfin... »

Il ne me regardait pas mais, même s’il l’avait fait, les lunettes que je portais cachaient mon haussement de sourcil.

« Le professeur Fersen est prêt à vous accueillir dans ses appartements. C’est une solution provisoire mais cela nous laissera le temps de vous trouver un nouveau tuteur. »

Non. C’était le pire scénario imaginable. Le professeur Fersen ne m’était pas inconnu, au contraire. C’était un excentrique qui, parfois, me suivait dans les couloirs de la Tour. Il était toujours très gentil, ce n’est pas ça le soucis. Mais, il semblait attiré par moi. Pas dans un sens charnel, c’était plus scientifique que ça. Le plus étrange c’est que sa fascination pour moi était « pure ». Je veux dire par là qu’il n’était pas affecté par ma condition. C’est ce qui arrive lorsque les gens ont un haut potentiel spirituel. Non, contrairement à tous les malheureux ayant croisé ma route, Leland Fersen semblait fasciné par moi et ce de son propre fait. Ce qui le rendait d’autant plus étrange à mes yeux. Qui voudrait s'approcher d'une telle abomination ? Toute personne saine voudrait mettre autant de distance possible entre elle et moi. C'est pour ça que j'ai été envoyée à Venise d'ailleurs.

A cet instant j’aurais voulu protester, m’indigner, exiger qu’on me trouve un nouveau tuteur immédiatement ou alors qu’on me renvoi en France. Mais, la seule chose qui est sortie de ma bouche est un« Oh. » résigné.

Certains appellent ça le karma.