Prince de l'essaim - Cyne Vermillio
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Exp :
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Date d'inscription :
Cyne
Le garçon, d'apparence commune, semble avoir tout ce qu'il faut pour devenir populaire : calme, souriant, prompt à aider ceux qui le demandent, talentueux dans son domaine et doté du savoir d'une famille dont les racines s'ancrent à l'apparition des premières épidémies... Et pourtant, peu de camarades d'études semblent avoir conservé une amitié avec lui.
En même temps, les gens le remarquent, le ressentent, cette présence imposante, grouillante, vivante, qui s'étend dans les murs, sous le sol, dans les airs alors qu'il marche. Cyne n'est pas une personne, mais plusieurs, une colonie. À l'implantation du Crest, le corps des Vermillio se lie avec des vermines, des rats, des corbeaux, des poissons et tout ce qui grouille, s'étendant à chaque membre ajouté. Il partage leurs mémoires, leurs sens et leurs sensations...
Cyne a depuis appris à vivre avec lui-même. Il connaît le goût des rats sous les crocs, la douleur de se faire dévorer, la sensation de la mort, mais aussi de la naissance, l'air sous les plumes, la respiration aquatique, le bonheur de retourner à la colonie. Même s'il ne peut pas faire abstraction du chaos d'informations, le "prince" a appris. C'est nécessaire pour jouer le rôle d'humain, pour poursuivre ses recherches, pour faire plaisir à "maman".
Car oui, la famille vénitienne des Vermillio a toujours été marquée par une malédiction, le cadeau empoisonné de la première mage familliale de l'âge des dieux. Une urgence, une mission, qui les pousse à aller plus loin dans leurs recherches, à comprendre encore davantage l'origine de ces dons et par quelle force Gaïa distribue ces cadeaux épidémiques et à l'aider dans son œuvre... Les savoirs du Crest chuchotent à leurs oreilles et prennent la forme de cet amour maternel hérité des temps immémoriaux. Cela pousse le petit prince à la grandeur, lui montre le chemin qui se trouve aujourd'hui chez lui, dans le nid de serpents qu'est Venise.
Plongeant dans les recoins pourrissant des corps, une formation magique singulière émerge, intimement liée à l'entropie du vivant. Cette discipline est connue sous le nom de Carnentropie (Entropie dans la chair), elle guide les étudiants audacieux à travers une exploration profonde et souvent dérangeante de la dégradation et de la transformation du vivant. Les apprentis carnentropistes s'immergent dans les mystères des processus corporels, cherchant à comprendre comment l'entropie œuvre inévitablement pour altérer chaque aspect de la chair, comme un effet insidieux s'insinuant dans les méandres de la vie.
Au sein de salles de rituels voilées et de laboratoires d'alchimie intérieure, les élèves apprennent à percer les secrets du déclin, à embrasser l'inévitable détérioration tout en cherchant à influencer son rythme et ses conséquences. La Carnentropie ne se contente pas de révéler les réalités fragiles de l'existence, mais elle confère également aux adeptes le pouvoir de canaliser ces connaissances pour favoriser la guérison, la régénération, et même la transformation. Cependant, cet art vient avec des défis, car manipuler l'entropie du corps demande une compréhension subtile et respectueuse de l'équilibre délicat entre le chaos et l'harmonie. Les carnentropistes apprennent ainsi à danser avec les forces de la décomposition tout en cultivant une sagesse qui préserve l'intégrité essentielle de l'individu, évitant que la putréfaction ne prenne le dessus.
Les maitres, manient les mystères de la dégradation avec une finesse alchimique sans égale. Dans un équilibre entre science et magie, ils transforment les principes entropiques en agents de régénération ou de corruption. Les adeptes transmutent les plaies en cicatrices emblématiques, ou bien utilisent les flux du déclin pour corroder et altérer. Leurs rituels méticuleux rassemblent des herbes obscurcies, des élixirs distillés des tréfonds et des incantations murmurées dans l'écho du désordre. De la guérison de blessures physiques à la propagation délibérée de dégénérescence, leur magie alchimique tisse un fil entre le chaos et l'harmonie, montrant que de la détérioration peut naître aussi bien la beauté inattendue et résiliente que la destruction insidieuse.
Parmi leurs exploits, ces mages étudient également les maladies et les épidémies avec un regard unique, cherchant à démêler les intrications complexes de l'entropie corporelle pour trouver des moyens d'apporter la guérison là où la déchéance s'est infiltrée, tout en gardant en réserve l'aptitude à déchaîner ces mêmes forces pour des fins offensives, pour faire pourrir les corps, corroder les objets par l'intermédiaire de vie fongique corrosifs ou propager des agents pathogènes redoutables dans les rangs des adversaires.
L'ombre affine, sélectionne, produit à travers les âges de parfaits descendants... telle une souche épidémique que l'on préserve, la lignée des Vermillio, d'Ecrates, et avant cela des Asu, a été soigneusement contrôlée par la volonté de la lignée pour préserver les forces et le sang nécessaires à l'accomplissement des desseins de l'Ancestor.
Les circuits de Cyne prennent une forme complexe, de l'extérieur on pourrait voir quelque chose de très tentaculaire et sans véritable cohérence. Toutefois, avec un peu plus de concentration, on remarque que le réseau de circuits ressemble à s'y méprendre à un grand nombre de petites entités rattachées. Comme des dizaines voire des centaines de petits rats dont les queues s'entremêlent au niveau de la tête, tel un terrifiant roi des rats.
La lignée a toujours eu besoin d'une couverture, d'un moyen de se faire accepter par leurs pairs et de pouvoir continuer les recherches sans provoquer la colère de la masse populaire. Ainsi, les agents de la peste se sont rapidement fait passer pour des médecins, leur permettant ainsi de se rapprocher au plus près des épidémies et de leurs genèses. Médecins de la peste, prêtres de Mercure ou disciples d'Hippocrate, il est possible de remonter jusqu'au premier médecin Asu, car après tout, c'est elle l'origine de la famille et de ses secrets.
Cyne sait alors comment soigner le corps en plus de le faire pourrir, comment le motiver en plus de savoir l'essouffler, comment le renforcer en plus de savoir l'affaiblir. Elle tient finalement en main une pièce à deux faces qui, ensemble, permet de comprendre et d'agir sur le corps de nombreuses manières : potions, drogues, phéromones ou rituels.
La déesse Gula partit, laissant sa plus belle prêtresse seule dans la ville... Elle ne pouvait pas la suivre. En tant que prêtresse, elle avait échoué à guider la cité. Elle se sentait honteuse d'avoir été épargnée. Une dernière caresse, une dernière marque d'affection à son encontre... Elle ne méritait pas que l'amour fou qu'elle ressentait à cet instant lui soit rendu. Mais elle prouverait qu'il est vrai, dans cette vie ou une autre, à travers le temps, elle montrerait qu'elle peut apprendre. Et qu'elle pourrait toucher ne serait-ce qu'un fragment de la beauté de ce que Gula peut créer, suivant son exemple. Puis elle le donnerait, se bijou, se savoir, ces souvenirs à sa déesse. Tous suivraient son exemple, et tout ce qu'elle aurait gagné sera redonné... Tout ce qu'ils auraient gagné sera redonné. Car la première, “maman” comme l'appelle Cyne, demandera à toute sa lignée de poursuivre son amour, de se rapprocher de plus en plus du miracle. Ne sachant pas encore que le mystère s'étiolerait et que plus le temps défilerait, plus cette quête d'amour perdrait son sens... sans déèsses, sans moyen de s’accomplir, Ne laissant que le sentiment, profond, brut, inévitable.
Dès lors, chaque descendant essaiera de se rapprocher de ce souvenir, de comprendre les forces qui permettent à Gaïa de propager des maladies, des pestes, des essaims, et d'embellir cette l'usage, tout comme l'aimée déesse. Bien sûr, ils ne partent pas les mains vides dans cette quête. Les Asu étaient déjà d'excellents soigneurs, capables de ramener en pleine santé une personne au bord de la mort. Mais avec le temps et la sagesse, ils ont accompli bien plus. Celle qui est maintenant nommée "la mère des sauterelles" pouvait, grâce à ces élixirs, permettre aux sauterelles de se multiplier à une vitesse si absurde qu'elles pouvaient ravager l'ensemble des cultures d'une cité pour les contraindre à la famine. Les premiers pouvoirs étaient capables d'infecter les cadavres de champignons qui permettaient à des armées vaincues de se relever et d'avancer vers l'ennemi, alors que la corruption grandissait pour se répandre. Certains rendaient des élus quasiment insensibles à la douleur, la fatigue, faisant fi de leurs blessures et leurs corps transportaient des pestilences, semblant vivre indépendamment du reste du corps. Enfin, à cette époque, ils pouvaient créer d'eux-mêmes des maladies comme le typhus d'Athènes, qui a mis à genoux la cité...
Avec le temps, les connaissances se sont affinées, la compréhension est devenue plus précise, mais le mystère s'est estompé... Des Essaim de locustes provocateurs de l’age des dieux, les descendants ont fini par devenir des rats discrets, et pour compenser ces pertes, la mère a aidé la ligné d’un nouveau cadeau à la fin du premier millénaire... La colonie... Former un tout, comme un moyen de rester connecté avec cette nature alors que le monde se dégrade. Il est difficile de connaître l'horreur du premier à avoir subi cette transformation. Ces souvenirs ont été arrachés du passé, cependant, une chose est sûre : il est entré dans la légende. Un simple joueur de flûte qui apparaît dans un village, manipule des nuées de rats, enlève des enfants. Ce que la comptine ne dit pas, c'est que les rats sont revenus. Et sous la symphonie de la flûte, les rats ont dévoré nombre de chairs humaines.
Puis le temps a continué, et les rats ont vécus avec la civilisations… Ils suivaient, recherchaient, amélioraient, les cadeaux que donnait la grand-mère Terre. La peste noire, la variole et bien d'autres maladies ont été poursuivies par ce qu'on appelle maintenant les Vermillio. Chacun a suivi les rites, les épopées alchimiques, les composants rares et les élixirs étranges. Ils ne sont peut-être pas capables de magie comme autrefois, cependant, ils ont gagné en subtilité. Potions de flétrissement, champignons qui font pourrir le bois, élixirs de non-morts temporaires, ils se sont spécialisés, se sont adaptés. Leur connaissance plus approfondie du corps humain leur permet de jouer sur des facteurs que leurs ancêtres n'auraient pu imaginer, allant jusqu'à comprendre l'ADN et la réalité des maladies de l'ère moderne. Après tout, que se passe-t-il lorsque l'on fait de la thérapie génique, mais que l'ADN transporté viralement est celui d'un ogre ? Que se passe-t-il quand un champignon de légende colonise le cerveau ? Que se passe-t-il lorsque l'on remonte l'horloge interne d'un corps ou que l'on l'accélère... Lorsqu'on pousse des organismes complets à effectuer des mitoses effrénées pour se multiplier à une vitesse chaotique. Autant de savoirs alchimiques, de potions et d'élixirs, spécialités des Vermillio, écrits dans le creuset de leur savoir millénaire.
Le jeune homme est une petite bombe à retardement, car dans son corps sommeillent un nombre abject de virus, de bactéries et autres pourritures soigneusement emprisonnées dans cette statue de porcelaine. Ces derniers s'entassent, se mélangent et s'affinent à travers le temps et les expériences du prince de la vermine. Gare à ceux qui ouvriront la boîte de Pandore, car le corps, à sa mort, doit libérer tout ce qu'il contient, laissant se déverser les fléaux qui y sont contenus.
Toutefois, cet embarras d'honneur n'est pas le seul effet pratique, car si briser complètement la boîte serait un fléau, l'ébrécher n'en est pas moins souhaitable. Gare à celui qui tranche le corps de Cyne, car les fluides qu'il contient et les gaz qui s'en échappent ne sont pas moins dangereux.
L'ombre attend, elle s'étend entre les fissures des bâtiments, elle pullule dans les eaux stagnantes, elle prolifère dans le cœur des nuisibles... Une ombre insidieuse, préceptrice, professeur et témoin des sombres magies de la famille Vermillion. Un ancêtre qui garde secrètement ces souvenirs et qui a maudit sa lignée. Un crest qui se grave à la naissance, qui grandit en même temps que ce dernier... Dans la famille, tous n'ont pas été mages, loin de là, mais tous les mages voient l'ombre, tous écoutent ses chuchotements, ressentent sa putréfaction, se laissent contaminer par ces savoirs... Certains ont essayé de fuir cette responsabilité, de la vénérer, d'autres de la contrôler et enfin, comme Cyne, de l'aimer.
Ce savoir s'incruste dans les chairs et ne peut se retirer si facilement, il lie le corps et l'esprit à la masse grouillante, connecté au système de la colonie, permet de ressentir la chair des rats, le vent sur les plumes des corbeaux. Il se répand comme des filaments fongiques dévorant le corps... Un chaos de sensations qui aurait dû rester étranger à l'humain, vient parasiter l'esprit, lentement, insidieusement, grandissant en même temps que son hôte, alors que les savoirs se développent d'eux-mêmes, comme la pourriture qui dévore une pomme... Et qui resterait proche d'une pomme attaquée par les vers ?
L'enfance de ces descendants est difficile, ils vivent comme des parias, ressentent le rejet, la solitude... Les parents ont la sensation étrange d'un fils qui n'est pas le leur, qui a appris de quelqu'un d'autre, qui se comporte de manière étrangère, est élevé par autre chose... Ce sont souvent les mères qui se rendent compte de cela en premières, qui, un matin, se lèvent et voient leurs enfants mais ne les reconnaissent pas. À la place d'un visage, un masque, à la place de paroles, du vent... Bien trop souvent, cette situation mène à l'isolement, seul avec l'ombre, à poursuivre ces dessins d'une manière ou d'une autre, que l'on le souhaite ou non.
Les Vermillions cherchent, ils s'étendent, poussés par l'urgence de l'ombre et l'instinct de la colonie, obligés de se cacher à l'abri des regards de l'humanité. Ils collectent du savoir pour le transmettre aux futurs de la colonie, pour l'affiner de plus en plus, dans l'espoir d'aidé gaïa à répandre une nouvelle peste... La peste noire a vu disparaître la moitié de la population européenne, la variole a décimé les peuples de l'Amazonie... Mais un jour, oui un jour, une arrivera à mettre à genoux l'humanité, n'y a-t-il pas de l'ironie à faire disparaître le cancer qu'est l'humanité par la maladie ?
Le cadeau ultime que peut offrire la mère à travers sa ligné, sa plus grande bénédiction et également la plus grande souffrance qui se grave dans la chaire et dans l'esprit. Se cadeau donne un noms, un titre, souvent appelé le "Prince des Essaims", Cyne possède un don étrange source de ce qu'il est. Pour établir un lien avec une colonie de petite créature, il offre aux animaux une goutte de son propre sang, devenant ainsi un pont entre leur conscience collective et la sienne. Les petits de la colonie naissent ainsi liés, partageant inconsciemment leurs pensées et émotions avec leur Prince. Cependant, cet échange massif de sensations provoque une douleur intense, un tourbillon chaotique qui ébranle les limites de l'endurance humaine.
Cette capacité offre au mage des possibilités uniques. Les essaims de rats, corbeaux, sauterelles et grenouilles deviennent des espions infaillibles, leur vision perçante et leurs déplacements agiles faisant d'eux les yeux et les oreilles du Prince. Les essaims peuvent aussi servir de bouclier protecteur, formant une barrière vivante contre les menaces qui pèsent sur le jeune homme. Cependant, la véritable force réside dans la coordination parfaite qu'il peut exercer sur eux. En émettant des sifflements complexes à la manière d'un flutiste, le Prince guide les animaux dans une danse synchronisée, orchestrant leurs mouvements comme s'il jouait une mélodie envoûtante.
Toutefois, le prix à payer est élevé. Les moments de communion avec les essaims, bien que privilégiés, sincères et puissants, sont éprouvants. Les sensations et émotions enchevêtrées peuvent submerger l'esprit du mage, menaçant de le noyer sous un flot de chaos sensoriel. Si certains ancêtres ont voulu se débarrasser de ce don, Cyne l'embrasse pleinement, revivant l'étreinte de la mère et ressentant avec elle le lien à la terre.
L'étude académique de l'entropie s'étend tel un vaste champ fertile où la physique, la biologie, la thermodynamique, et même la philosophie se rejoignent. Les esprits curieux pénètrent les profondeurs de cette notion, explorant les implications profondes de l'augmentation inéluctable du désordre dans l'univers. Dans ces enceintes intellectuelles, on questionne les limites mêmes de notre compréhension, remettant en cause nos notions de temps, d'ordre et de chaos, tout en cherchant à révéler les structures sous-jacentes qui guident l'évolution de notre univers en proie à l'entropie constante. Le champ de travail est si vaste que beaucoup se spécialisent dans un domaine et l'étudient plus précisément. Les Vermillios, quant à eux, sont des spécialistes de l'entropie de la chair, la "Carnentropie", et des influences de la grande force sur les fonctions biologiques des corps.
Profondément sous l'île de Giudecca, s'étend un réseau de ruines immérgées sur laquelle la ville c'est batie. Les boyaux sont anciens et labyrinthiques, et les plans et passages se sont perdus dans le temps. S'y déplacer est particulièrement périlleux, entre les zones effondrées, inondées ou simplement condamnées. Peu de gens savent que l'on peut s'enfoncer encore plus profondément...
Là, au fond des boyaux, les générations de Vermillio ont bâti d'abjects repaires. Les eaux sales s'y déversent, les odeurs se mêlent aux spores fongiques qui abondent et prolifèrent. Sous les pas, les roches semblent spongieuses, crasseuses. Le sol est constamment jonché d'une couche de rats qui se dispersent sous les pas, le toit et les hauteurs sont habités par des oiseaux qui ont réussi surnaturellement à se faire un passage aussi profond...
Malheur à celui qui s'aventure là où il ne devrait pas... Des boyaux remplis de rats à tel point que l'on pourrait s'y noyer, des fermes champignonières dont l'air empeste au premier abord, des pièces grouillantes d'insectes ou de choses en décomposition... Et pourtant, au milieu de ces immondices, la nature est omniprésente, pesante comme pourrait l'être une forêt.
Cyne a là tout le matériel pour effectuer ses recherches : matériel alchimique, vieilles bibliothèques de la famille et zones de recherche. On peut y trouver une ferme de champignons, une couveuse, un grand pigeonnier, une salle remplie d'insectes, un trou d'eau infesté de divers animaux aquatiques (grenouilles, écrevisses...) et une salle remplie de serpents. Cependant, les rats sont les plus présents. Il peut compter sur la colonie pour récolter des informations à travers la ville.
Pourtant, si l'on se résout à voir plus loin que la colonie, on pourrait se laisser happer par la beauté solennelle des lieux... Des roches de marbre lisse remplies de veines d'émeraude qui se reflètent sur l'eau de jade... Des statues romaines, sur lesquelles sont attachés quelques aigles qui surveillent depuis des siècles. Des tableaux de toutes époques et de tous pays ornent les couloirs comme une fresque relatant l'histoire de l'humanité. Des murs d'eau retenus par la magie qui permettent de voir la vie qui s'y meut, comme un aquarium sans paroi... Puis la grande salle, le cœur du Valetudinaria, un endroit où les rats ne parcourent que les coins des murs, où les oiseaux n'occupent le ciel que par petites dizaines, un endroit qui regroupe et expose toutes les merveilles précédemment citées... Ici, dans la grande voûte du toit, de nombreuses alcôves ont été formées, la plupart sont vides, celles qui ne le sont pas représentent les illustres légendes de la famille immortalisée ici comme gardiens du savoir.
L'intérieur du corps de Cyne est à moitié mort et pourtant renferme plus de vie que bien d'autres humains... cette particularité le rend inhumainement résistant, capable de survivre ou de se déplacer malgré des os broyés ou de la chair découpée... le liquide rouge verdâtre épais qui lui sert de sang se coagule rapidement, les muscles agissent d'eux-mêmes comme mue par leur propre volonté et ce, quelle que soit la douleur de l'hôte ; la conscience ne veut pas s'en aller, la forçant à vivre cet instant.
Si ce corps grossier et corrompu offre une résistance non négligeable aux frappes contondantes, aux attaques perçantes ou même tranchantes, il est à noter que cette chair particulièrement vivante et les gaz qu'il renferme sont particulièrement inflammables. Ainsi, Cyne et sa lignée ont toujours tendance à s'éloigner des feux embrasés, comme un réflexe naturel qui les pousse à créer de la distance face à une faiblesse.
Primum non nocere... suus 'a mendacium
Cyne est un mage aux deux visages. D'une part, émane une douceur remarquable. Une bienveillance artificielle le pousse à offrir son aide sans réserve et à se montrer un auditeur attentif pour quiconque a besoin de lui. Doué avec les enfants, il sait les guider avec patience et se prête parfois à leurs jeux, lui donnant un côté naïf. On pourrait presque voir en lui un jeune adulte qui essaie de récupérer les bribes d'une enfance volée. À la tour de l'hologe, lors des travaux dirigés, sa pédagogie enveloppée d'un sourire bizarrement chaleureux guide les étudiants à travers leurs recherches. Cependant, derrière cette façade se cache une ambiance étrange, presque dérangeante, grouillante, pourrissante. Comme un rat domestiqué, il apparaît mignon, joueur et inoffensif, mais une étrangeté ineffable émane de lui.
De l'autre côté du spectre, le véritable esprit de Cyne est grouillant et complexe. Il partage un lien profond avec une ruche d'esprits : une colonie hétéroclite de vermines, de rats et d'oiseaux. Cette communion l'éloigne de l'humanité, car il est constamment submergé par les émotions et les sensations de l'essaim. Les réponses qu'il offre, bien qu'apparemment empathiques, peuvent se révéler artificielles, car il doit masquer la cacophonie intérieure qu'il perçoit.
Sous-jacente à cette dualité, Cyne ressent un amour profond pour tout ce qu'il observe. Les êtres faibles l'attirent particulièrement, et il souhaite les chérir comme des nourrissons. Cet amour s'étend aux humains, bien qu'il ressente une certaine pitié envers ceux qui cherchent à dominer par la force. Après tout, il connaît la douceur d'être protégé, l'étreinte réconfortante du nombre, l'amour que la grand-mère nature offre à tous ses enfants. Ainsi, il ne ressent pas de haine envers ceux qui se frayent un chemin à travers l'acier et la science, sacrifiant leurs racines, car ces gens sont si tristes. À quel point sont-ils aveugles pour se mutiler ainsi ?
Heureusement, même dans les moments les plus sombres, lorsque les écorchés vomiennent leur fureur, elle est là, elle réconforte, maman, la sombre présence dans son esprit, son guide. Les murmures de "maman" sont omniprésents dans l'esprit de Cyne, agissant comme un conseil constant, une poussée vers le savoir. Il voit en cette énigmatique figure maternelle une parodie d'affection, qu'il chérit par-dessus tout. Les incitations de "maman" guident ses ambitions de connaissance... car le savoir, la colonie, l'essaim doivent grandir, et peut-être que le prince deviendra roi.
Loin, loin, loin... À une époque où l'écriture se manifestait par des encoches, une époque où l'on érigeait des pyramides pour assurer nos récoltes, une époque où le monde demeurait un mystère des plus opaques, une époque où les dieux marchaient et discutaient parmi les hommes. Cette ère lointaine portait son lot de miracles, de merveilles et de joyaux, et l'un d'eux était Isin, la cité de nacre, une ville construite dans les roches blanches de l'estuaire de Gula, éclatant de pureté sous les rayons du dieu Soleil. Une ville où chaque maison, chaque animal, chaque plante et chaque habitant rayonnait de beauté. Une ville qui pouvait à juste titre s'enorgueillir de ses merveilles et se laisser emporter par la rivière de la vanité.
La cité était sous l'égide de Gula, déesse de la guérison. C'est elle qui avait contribué à bâtir un tel joyau, une telle merveille, à travers sa propre magie et celle de ses serviteurs. On les appelait les Asu, une caste de médecins, de sorciers, d'exorcistes et de devins, respectée bien au-delà des murs de la cité pour leur savoir. Ils étaient le trésor le plus précieux de la déesse, et parmi eux, un éclat brillait particulièrement : Shael, la voie, l'éclatante, celle qui serait plus tard connue comme l'ombre ou la mère, à travers sa lignée... Mais pour cela, il a fallu un miracle.
Un jour, lors du solstice d'été, où le soleil trônait au plus haut dans le ciel, le roi de la cité put contempler le joyau, la cité de nacre étincelante, les habitants tous rayonnants, portant de magnifiques présents dans les mains. Sa vanité lui chuchotait à l'oreille : "Tout cela est à toi, c'est grâce à toi. N'as-tu jamais vu pareille merveille, seigneur ?" S'il était resté silencieux, peut-être la cité aurait-elle survécu encore un millénaire, mais il parla : "À vous, peuple d'Isin, contemplez MA belle cité. Cette année est particulière, celle de la naissance de mon fils. J'ordonne que la moitié de ces dons lui soit réservée, pour accompagner la naissance de votre prochain roi, celui qui, tout comme moi, permettra à notre cité d'atteindre une beauté que même les dieux ne pourraient égaler." Le soir même, la moitié de la population avait péri. En une semaine, les deux tiers... En un mois, les trois quarts... En un an, la totalité... Il fallut dix ans pour que le mal qui sommeillait ne se dissipe... Et cent ans avant que des humains ne reviennent s'installer dans les ruines d'Isin.
Les habitants toussaient en crachant du sang, les sauterelles dévastaient les récoltes, les bêtes écumaient de rage dévoraient les fermiers, les nobles s'endormaient pour ne plus jamais se réveiller, le bois des bâtiments pourrissait et s'effondrait sur lui-même. Les peintures, les statues, l'or et les ornements se désintégraient en de difformes parodies, et de la belle cité ne subsistait qu'un squelette... Mais pour beaucoup, ce pourrait être perçu comme l'horreur d'une punition, les souvenirs du crest familial y voient une bénédiction, une preuve d'amour et de miséricorde. Car oui, la fondatrice du crest, la prêtresse Shael, a vécu ces évènements.
La tristesse de la déesse perceptible dans le discours, la pitié de son regard lorsqu'elle prend d'une main une sauterelle et de l'autre une poignée de terre, la beauté du miracle lorsque la force de la terre-mère s'unit à la magie de la dame, la libération de sa miséricorde sur la ville. La déesse et la terre avaient permis au bien de demeurer bon, de rester beau, en faisant pourrir leurs corps avant que leurs âmes ne se corrompent trop par leurs vanités, par leurs désirs de spolier la terre et les dieux, avant que le but de leur existence ne soit atteint, entaché, écorché, déraciné...
Ensuite, la déesse s'en est allée, laissant sa plus précieuse prêtresse seule dans la ville... Elle ne pouvait pas la suivre. En tant que prêtresse, elle avait échoué à guider la cité. Elle se sentait honteuse d'avoir été épargnée. Une dernière caresse, un dernier signe d'affection à son encontre... Elle ne méritait pas que l'amour fou qu'elle ressentait en cet instant lui soit rendu. Mais elle prouverait qu'il était vrai, dans cette vie ou dans une autre, à travers le temps, qu'elle pouvait apprendre. Et qu'elle pourrait toucher ne serait-ce qu'un fragment de la beauté que Gula peut créer, en suivant son exemple. Puis elle le donnerait, ce joyau, ce savoir, ces souvenirs, à sa déesse. Tous suivraient son exemple, et tout ce qu'elle aurait gagné serait redistribué... Tout ce qu'ils auraient gagné serait redistribué. Car la première, "maman" comme l'appelle Cyne, demanderait à toute sa lignée de perpétuer son amour, de s'approcher toujours plus du miracle. Sans savoir que le mystère s'estomperait et que plus le temps passerait, plus cette quête d'amour perdrait son sens... sans déesses, sans moyen de s'accomplir, ne laissant que le sentiment, profond, brut, inévitable.
Dès lors, chaque descendant essaiera de se rapprocher de ce souvenir, de comprendre les forces qui permettent à Gaïa de propager des maladies, des pestes, des essaims, et d'embellir l'usage de ces fléaux, tout comme l'aimée déesse. Bien sûr, ils ne se lancent pas dans cette quête les mains vides. Les Asu étaient déjà d'excellents guérisseurs, capables de ramener à la vie une personne à l'agonie. Mais au fil du temps et de la sagesse, ils ont accompli bien plus. Celle que l'on appelle maintenant "la mère des sauterelles" pouvait, grâce à ses élixirs, permettre aux sauterelles de se multiplier à une vitesse si démesurée qu'elles pouvaient ravager toutes les cultures d'une cité et la condamner à la famine. Les premiers pouvoirs étaient capables d'infecter les cadavres de champignons, permettant ainsi à des armées vaincues de se relever et d'avancer vers l'ennemi, tandis que la corruption se propageait. Certains pouvoirs rendaient les élus presque insensibles à la douleur, à la fatigue, ignorant leurs blessures, et leurs corps propageaient des pestilences, comme s'ils vivaient indépendamment du reste du corps. À cette époque, ils étaient capables de créer des maladies telles que le typhus d'Atènes, qui a mis à genoux la cité...
Avec le temps, les connaissances se sont affinées, la compréhension est devenue plus précise, mais le mystère s'est estompé... Des essaims de sauterelles provocateurs de l'ère des dieux, les descendants sont peu à peu devenus des rats discrets, et pour pallier ces pertes, la mère a doté la lignée d'un nouveau don à la fin du premier millénaire... la colonie... Formant un tout, comme un moyen de rester connecté à cette nature alors que le monde se dégrade. Il est difficile de ressentir l'horreur du premier à avoir subi cette transformation. Ces souvenirs ont été arrachés du passé, cependant, une chose est certaine : il est entré dans la légende. Un simple joueur de flûte qui apparaît dans un village, manipulant des nuées de rats, enlevant des enfants. Ce que la comptine ne dit pas, c'est que les rats sont revenus. Et au rythme de la symphonie de la flûte, les rats ont dévoré de nombreuses chairs humaines.
Puis le temps a continué de s'écouler, et les rats ont coexisté avec les civilisations... Ils suivaient, recherchaient, perfectionnaient les dons que la grand-mère Terre accordait. La peste noire, la variole et bien d'autres maladies ont été traquées par ce que l'on appelle maintenant les Vermillio. Chacun respectait les rites, les quêtes alchimiques, les ingrédients rares et les élixirs étranges. Ils ne possédaient peut-être plus la magie d'autrefois, cependant, ils avaient gagné en subtilité. Des potions de flétrissement, des champignons qui faisaient pourrir le bois, des élixirs pour les non-morts temporaires, ils se sont spécialisés, ils ont évolué. Leur compréhension plus approfondie du corps humain leur permettait de jouer sur des facteurs que leurs ancêtres n'auraient pas pu imaginer, allant jusqu'à comprendre l'ADN et la réalité des maladies de l'ère moderne. Après tout, que se passe-t-il lorsque l'on pratique la thérapie génique, mais que l'ADN véhiculé est celui d'un ogre ? Que se passe-t-il lorsque des champignons légendaires colonisent le cerveau ? Que se passe-t-il lorsque l'on remonte ou accélère l'horloge biologique d'un individu... Lorsque l'on pousse des organismes complets à subir des mitoses effrénées pour se multiplier à une vitesse chaotique. Autant de connaissances alchimiques, de potions et d'élixirs, des spécialités des Vermillio, forgées dans le creuset de leur savoir millénaire.
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Porteur d'Epidemie |
Malédiction - Amour de Gula |
Esprit de la colonie |
Exp :
Quartz:
Date d'inscription :
Nous soufflons, la buée s'échappant en volutes tourbillonnantes, créant des voile laiteux qui reflètent les rayons de la pleine lune. Sous nos pieds, la neige grince alors que nous marchons sur le manteau immaculé qui recouvre les rues de Venise... Le bruit de la glace transportée par les vagues s'entrechoque en tintements doux comme des carillons, attirant notre attention. Oui, à cette époque, quand nous étions enfants, l'eau gelait sous le froid mordant de l'hiver.
Puis des cris déchirent le silence de la nuit, se mêlant à des douleurs et à des pleurs... C'est ici, par cette fenêtre, que nous nous voyons, enfin une partie de ce que nous étions... si petits, si fragiles. Si la sage-femme nous avait lâchés à ce moment précis, nous n'aurions jamais pu voir ce souvenir. Le premier père était là, il pleurait. Dire qu'il nous le reprochera tant de fois, quelle preuve d'hypocrisie. À côté, la cause de son malheur, la mère qui nous a donné naissance, est morte... La aussi le père me le reprochera, mais en y regardant bien, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. L'endroit est miséreux, l'humidité emplit les narines et les médecins sont incompétents. C'est la pauvreté d'un homme qui ne travaille pas assez qui a tué cette femme, pas se que nous étions. Je le regarde pleurer. J'aurais aimé pouvoir lui parler, lui déclarer ma haine, le frapper de colère et de vérité, mais en ce temps, en cet endroit, nous ne le pouvons tout simplement pas.
Alors nous reculons, nous laissons happer par les brumes des souvenirs, plus loin, dans la mémoire commune...
Les nuages se dissipent alors qu'une éblouissante lumière vient frapper nos yeux. La cacophonie des grillons chante comme une chorale primaire et résonne dans nos cœurs, comme s'ils battaient au rythme de cet orchestre. De l'eau perle sur mon front, de la poussière est soulevée alors que nous marchons sur la terre battue de la campagne italienne. Puis nos yeux commencent à s'habituer à la lumière de cet été, et nos oreilles discernent les sons d'enfants jouant au bâton... Alors, nous avançons.
Des gamins jouent aux chevaliers, essayant d'abattre un monstre qui sévit dans la région. Ils le poursuivent en courant et en criant... Ce monstre a l'air bien fragile, plus petit que des enfants de deux ans, ses membres montrent des signes évidents de maltraitance, sa course est hésitante. Nous étions faibles, nous avions peur, nous pleurions beaucoup, nous étions le parfait souffre douleur... L'escouade de chevaliers fauche les jambes de la rachitique bête d'un coup d'épée, elle chute comme un tas d'os rebondissant sur le le sol calcaire avant de se mettre en boule... Puis, parmi le groupe, le frère s'avance, fils d'une mère qui n'est pas la nôtre mais d'un meme père, plus jeune, plus fort, le sourire du prédateur, du dominant, de l'homme qui impose sa volonté sur ses lèvres. Il lève l'épée et abat la bête encore et encore... Que j'aurais aimé pouvoir chuchoter les mots, montrer le pouvoir qui sommeille, le laisser se libérer, le voir s'étouffer dans sa propre langue en décomposition...
Cela dure longtemps... suffisamment longtemps pour qu'une jambe soit brisée dans l'opération. Toutefois, avec le temps et l'ennui, les chevaliers rentrent chez eux pour le repas du soir, le monstre, lui, reste là jusqu'au petit matin, où son père vient le chercher... Le monstre a été puni pour ne pas être rentré pour le diné et s'être blessé au milieu des bois. On lui demande même de remercier son frère grâce à qui il a pu être "retrouvé"... Tous, ils ne nous aiment pas, ils veulent nous jeter, comme une pomme vermoulue dans le panier du fermier. Ils finissent par le faire... mais toi, maman, tu étais là, comme tu l'as toujours été... Regarde, cette ombre dans le coin de la pièce, ce rat qui se balade entre les planches, ce corbeau qui regarde depuis les hauteurs. Tu étais là, tu m'aimais, et cet amour m'a fait vivre.
Nous sentons ton étreinte et voyons les brumes qui m'emportent à nouveau. Maman, où nous emmènes-tu cette fois-ci ?
Cette odeur, oui, nous la reconaissons. Qu'elle est douce à notres nez... une humidité qui emplit les narines, des volutes d'effluves que le corps ne peut comprendre, ce doux mélange fongique et animal qui est la tanière de nos ancêtres... les galeries sous Giudecca, le marbre lisse parfaitement sculpté et surnaturellement préservé par rapport à ces milliers d'années. Les statues romaines qui trônent entre les écoulements d'eau déversant le liquide vert, mélange relâché de la cité. Les pierres noires sur lesquelles gît une masse grouillante, mouvante, qui s'écarte sous mes pas nus. Les yeux rouges qui parcourent le toit en des constellations sanglantes d'oiseaux ayant miraculeusement frayé un chemin à travers les boyaux du monde... Et puis, il y avait nous.
Là, au centre du grand hall, observés par les statues de nos plus illustres ancêtres... L'adolescent de 16 ans, gisant à moitié mort au sol, ne se rend pas compte de leur envergure... l'encenseur du typhus athénien, ici la main du le fléau de Rome, la statue au bec de corbeau "le grand menteur" ayant introduit la saignée, ici l'explorateur des indes, celui qui a vu supprimé de l'histoire tant de peuples amérindiens... Un jour, peut-être, nous serons dans une des alcôves vides de la crypte. Mais ce souvenir ne mène pas au futur, il nous montre notre passé, le présent de la faible créature qui gît au sol.
Il est si maigre, il ne mange plus que ce qu'il trouve dans les poubelles, ne boit que dans les caniveaux... Et parfois, maman, c'est toi qui le nourris, d'un rat ou d'un pigeon trop malhabile et dont la chair fraîche et délicieuse coule dans nos bouches. En y repensant, je crois que nous n'aurons plus jamais de repas aussi bon que ceux donné dans la famine. Enfin, ça, cette adolencent que nous étions ne le sait pas encore. Il a d'autres préoccupations, il est absolument terrifié d'être ici, au milieu de la colonie. Malgré sa position, il tient solidement un couteau ensanglanté d'hemoglobine noircie, comme si une part de volonté était encore inscrite en lui... À vrai dire, maman, je suis presque déçu que tu ne nous aies pas montré le souvenir de comment il est arrivé ici. Celui où, sous tes conseils, j'ai utilisé le couteau pour planter mon alcoolique de père, avant de fuir la fausse mère et les hommes de la police... Sans toi, j'aurais été attrapé.
Tiens, les choses bougent, le jeune adolescent a lâché le couteau, la vie commence à le quitter... Cela signifie que tout va bientôt commencer... Que de souvenirs à revoir, cela me fait si chaud au cœur. Regarde, maman, toute la colonie s'est arrêtée, seule l'eau qui coule se fait entendre... Tous respirent à l'unisson, attendant l'avant-dernier soupir... C'est maintenant. Tous se ruent sur le corps, libérant les griffes, les becs... Ils commencent à le dévorer... Non, nous commençons à nous dévorer. Je m'en souviens, c'est un souvenir si amusant. La sensation des tripes et des réseaux neuronaux attachés qui s'échappent du périmètre de compréhension du cerveau, les giclées des petites bêtes qui jouent entre nos poumons, la lumière qui se dissipe sous la nuée recouvrant nos yeux...
Et les voilà, tous les deux qui attendent dans l'ombre, l'un est mon oncle je crois... Il n'a jamais daigné me rencontrer, il n'attendait que d'être libéré de toi, ce fils indigne, il a subi notre dégoût, notre fureur... l'autre était là pour l'implémentation, on voyait sur son visage qu'il se retenait de déglutir ce qu'il avait mangé au moment où les rats et les corbeaux se sont écartés pour montrer le spectacle... puis l'opération a commencé, méticuleuse, précise... Nous savons reconnaître un travail d'orfèvre, et ici, que de talent, chaque brin retiré de l'un et transplanté à l'autre, et puis, une fois finie nous nous réveillâmes... renaissâmes.
C'était la première fois que nous ressentions à travers la colonie. Nous pouvions sentir les odeurs comme jamais nous ne les avions senties, ressentir la faim distordue, le plaisir de manger cette chair fraîche, l'animosité que nous ressentions envers nous-mêmes pour que le rat devant se pousse afin d'accéder à la nourriture, le vent sous nos plumes... Et alors que le premier soupir allait être soufflé, tu es là, maman... Ton ombre s'étend dans la masse, prend forme alors que tu tends tes mains vers moi... Tant d'amour, je réponds en levant mes bras pour te rejoindre... Mes boyaux se restructurent, ma chair se remet en place, mon sang, un sang d'un rouge verdâtre, se remet à couler dans mon corps.je...non, nous renaissions... Maman, c'est le plus beau souvenir.
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"Bon, cela fait déjà trois heures. Vous pouvez déposer vos travaux sur la paillasse avec votre copie, et nous nous retrouverons la semaine prochaine pour voir les résultats."
Dans la salle de classe, on n'entend que la précipitation suscitée par les mots de l'homme derrière le bureau. Les étudiants se dépêchent de griffonner sur leurs feuilles les quelques phrases qu'ils espèrent qui feront la différence. D'autres rangent leurs affaires en silence, et enfin, certains commencent déjà à discuter de l'épreuve, affichant parfois des visages graves, parfois emplis de joie. Cyne, au loin, sourit, et laisse malgré le règlement les quelques minutes précieuses qui permettront peut-être à certains de finir complètement leurs copies. Les élèves passent en file, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un dans la salle, l'air visiblement effrayé, les yeux passant de manière chaotique d'une ligne à l'autre…
L'adulte se lève doucement, avançant vers le retardataire en silence, chacun de ses pas est doux, comme s'il marchait sur un petit nuage. D'un œil attentif, il observe un peu plus le travail du jeune élève. Sur le côté, quelques fioles et alambics bouillonnent, des erlenmeyers contenant divers produits de couleurs différentes que Cyne saurait énumérer, et enfin, tout au bout, un élixir dont la teinte grise et les quelques cristaux en suspension indiquent à l'œil expert des imprécisions sur les dosages, une température trop élevée et probablement une formule récitée à la hâte… Toutefois, cela ira bien pour le prochain exercice, voire pourrait entraîner quelques effets imprévus et amusants sur ces petites grenouilles. Normalement, celles-ci devraient gonfler et voler comme des bulles… Cyne a l'intuition qu'une d'entre elles se transformera en petite fusée, et cela le fait sourire.
"Désolé monsieur, je finis juste d'écrire la réponse à cette question et je vous donne la copie… je fais vite…"
Cyne est interrompu dans ses pensées par l'adolescent qui arrache son regard du vide pour se l'approprier… C'est un élève qui n'est pas très doué et n'a pas un grand avenir dans la tour. Un petit poisson dans un océan de requins, il finira sûrement par travailler en bas de l'échelle pour un mage bien plus important que lui. Il finira par trouver un ou une compagne et vivra dans la simplicité des petits gens de la tour qui font tout et rien en même temps. Quelle chance a-t-il… Cyne glisse ensuite ses yeux vers les notes et voit les phrases qui s'enchaînent, mal écrites à la hâte, remplies de fautes d'empressement. Cette petite souris a bien besoin d'aide, semble-t-il.
"Arrête s'il te plaît et regarde-moi… La thaumaturgie, comme l'étude, ne se font pas dans la précipitation, et le temps est le plus important ingrédient de l'alchimie. Alors respire un peu et calme-toi… Je vais faire le tour des tables pour ramasser les copies et voir leur travail. Alors prends le temps d'écrire et relis-toi par la même occasion, d'accord ?"
L'élève s'arrête, les deux se regardent dans les yeux. Puis il détourne le regard, honteux, vers sa copie, en marmonnant des mots d'excuse qui n'ont que peu d'importance. Il ferme les yeux, respire un grand coup, puis reprend sa tâche. Cyne, comme une brise, s'écarte et se laisse transporter, voguant à travers les tables, vérifiant les résultats allant du formidable au catastrophique. Il capte d'un regard les complexités et arrive à deviner l'équation de leurs échecs au résultat douteux de leurs préparations…
Il finit par s'arrêter devant une des vitres. Là, à l'extérieur, sur le rebord gît un cadavre. Petit, pas plus grand qu'une balle de tennis, un petit passereau étendu le ventre vers le haut. Il a dû heurter la vitre à pleine vitesse et en est mort sur le coup. Quelle tristesse. Il ouvre les volets pour saisir le petit corps si précieux, le porte dans ces mains comme un nouveau-né. Oui, il devait être là depuis ce matin, il y avait donc quelque chose à faire… S'avançant vers son propre bureau, il dépose le petit cadavre à plat sur la surface de pierre avec autant de tendresse qu'il est humainement possible à Cyne, sous le regard un peu médusé de l'élève. N'y prêtant pas attention, Cyne saisit une fiole logée dans sa manche, un liquide verdâtre semblant avoir plusieurs résidus et copeaux à l'intérieur.
"Si tu as fini, tu peux déposer ta copie sur le bureau."
L'élève est surpris. Le magus ne l'avait même pas regardé, et pourtant, il savait qu'il avait terminé, le regardait et attendait pour rendre. Bien sûr, l'étudiant n'a pas remarqué le rat sur la bibliothèque qui le regarde depuis sa hauteur. En tous cas, le jeune ne demande pas son reste et dépose rapidement sa copie, visiblement gêné par l'odeur de la petite chose qui gît sur le bureau.
Cyne, lui, verse deux gouttes du liquide dans la bouche du petit cadavre animal. Le corps bouge légèrement, pris de spasmes. Puis discrètement, un petit appendice blanc sort de l'œil. Une aile bouge, puis une patte, et enfin le corps entier de l'oiseau se met sur ses pattes, chantant doucement. Cyne sourit, tend la main à la créature et la pose sur son épaule. Que ce petit oiseau repose en paix, et que le cadavre vivant profite pleinement de sa courte vie fongique, pense intérieurement Cyne…
Puis une ombre s'étend derrière lui, une présence qui pose une de ses mains sur l'autre épaule de Cyne. Le jeune adulte ne peut pas la voir, mais il l'entend. Les bourdonnements de criquets, cette sensation maternelle, son cœur qui s'emballe, son sourire qui s'élargit. “Maman” est là.
"Nous savons que tu veux te dépéchez maman, mais le départ vers Venise n'est que dans un mois. Ne t'inquiète pas, nous n'allons pas arriver trop tard. Qu'est-ce que nous avons hâte de revoir la maison familiale, de ressentir la crypte et de nous plonger dans ce nid de serpents… Dis, tu penses que l'on se fera des amis ?"
La pression sur l'épaule se fait plus forte, les chuchotements plus rauques. Il faut se préparer, il faut profiter des opportunités, il faut poursuivre la tâche, il faut en savoir plus. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut. Il faut…………… Cyne écoute patiemment, impérieusement. Maman est inquiète, elle s'inquiète pour lui, elle l'aime, et lui l'aime en retour, posant sa main sur la sienne. Oui, bientôt, il reviendra à Venise.
Narrateur |
Ultimate One |
Témoin du Destin |
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Quartz:
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MJ
On est vraiment très heureux de voir que tu as aussi bien compris le thème du forum et que tu as plongé tête baissée dans un concept à la fois intéressant et lié au contexte du forum. Je suis sûr que tu vas nous raconter des histoires en or.
Ta fiche est vraiment super, la narration notamment de l'atelier et des aspects mystiques et mentaux du Crest de Cyne sont particulièrement réussi et donne bien le ton. J'espère qu'il ne va pas être chassé trop vite par l'Eglise, Venise mérite d'avoir un peu plus de vermine en son genre.
Avec cette validation durant le mois de relancement du forum tu commences aussi avec un petit prime de 50 quartz que tu peux dépenser en boutique !
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