Explicit Vita
ft. Carmina
Le soleil s'était levé comme à son habitude.
Jaune pour les peintres et les enfants, blanc et aveuglant pour le reste du monde.
Mon soupir las quotidien s'était échappé de mes lèvres et j'avais commencé ma journée comme à mon habitude. L'appartement portait encore quelques traces noircie sur les murs et le plafond après l'incendie, mais heureusement il n'y avait pas eu de dégât structurels définitif. Juste un grand besoin de peinture et de papier peint. Je l'avais échappé belle avec cette histoire de gaz. Encore un coup de cette étrange infinité dressé au pas de ma porte. Encore un coup du stress, pressée par le temps et les responsabilité.
Encore un jour comme les autres.
La vie à l'université se portait bien, sans trop de surprise. L'université internationale de Venise accueillait des représentant de tant d'origines différentes que je ne me sentais vraiment pas unique dans ma situation, un sentiment agréable pour mieux accepter mon nouveau cadre de vie. Cette petite semaine d'introduction aux différentes matières principales me donnait un avant-goût agréable de l'avenir qui se profilait devant moi. Bientôt je commencerai mes recherches pour rédiger mes premiers articles universitaires à faire approuver sur mes sujets favoris.
Une étape importante si je souhaitait continuer l'année prochaine en master à l'université Ca'Foscari, l'université de Venise avec la filière d'anthropologie la mieux cotée de la région.
Parfaire mon italien et faire démontrer mes compétences, voilà mes deux objectifs de cette année.
J'avais aussi fait quelques rencontres, notamment un groupe de d'amies avec qui j'ai fait mon premier exercice de recherche groupée en TD d'histoire de la pensée économique. On était sortie le soir même, après être restée ensemble à la bibliothèque jusqu'à pas d'heure. Je pense que nous avons toutes été ravie de se découvrir studieuses les uns les autres, alors le petit verre pour clore la journée n'avait pas été de refus. Il est accepté de passer ainsi son temps libre une fois les obligations de la journée accomplie. La temps dédié au social et au divertissement ne doit pas être oublié tant qu'il n'entrave pas celui allouée au développement personnel et professionnel.
Et puis j'ai revu Andréa aussi. Nous ne partageons pas de cours, au vu de la différence d'année, mais le hasard a fait que nous chemin se sont croisé au niveau de l'espace vert, pour le déjeuner. A vrai dire je m'étais installé au même endroit que la première fois, comme pour inviter la possibilité de se revoir, sans assumer l'envie de parler à une figure sympathique et familière. Avoir partagée une telle mésaventure avec lui m'avait rapidement donnée des raisons de le considérer comme une ancre rassurante. Nous n'avons pas parlé de grand chose. Je ne crois pas que c'était l'objectif. Un peu des professeur, un peu des sujets, un peu de nos vies.
Je n'avais pas encore abordé mon passé d'orpheline.
Il ne m'avait pas encore parlé de ses parents.
Mais ensemble, le sandwich jambon, tomate, laitue, beurre, oeuf, fromage était moins fade.
Trois déjeuner à emporté, dans un cycle constant pour briser le quotidien tout en préservant l'habitude. Sandwich, salade de riz et omelette aux légumes. Simples à préparer, simples à conserver, simples à transporter. Ils m'accompagnaient chaque jour de la semaine, entreposés dans des tupperware standardisés dans le frigo dès le weekend. Organisé à la manière des tenues éternellement propres posées au pied de mon lit chaque soir à côté de mes affaires du lendemain. Une vie simple et bien organisée.
Agréable, épanouissante et sûre.
Cette pensée me berçait tranquillement sur le retour de l'université. Le roulement de l'eau était presque imperceptible depuis le bateau bus mais pour une étrangère comme moi, il parvenait encore à percer le mur de l'habitude. Le soleil était déjà couché, mon départ de l'île universitaire s'était fait très tardif, plongée dans mes recherches je m'étais callée sur mon alarme la plus permissive afin de continuer mes prises de notes.
Ce n'était pas grave, cette soirée avait été aussi productive qu'intéressante. Il me suffisait de rentrer, retirer mes chaussures, me débarrasser de mes affaires dans la petite machine à laver que j'avais réussi à faire rentrer dans l'appartement, prendre une douche, enfiler ma tenue de nuit, démêler mes cheveux, mettre mon ordinateur à charger, mais uniquement le temps du repas, préparer l'une de ces conserves avec une portion de pate minute, faire la vaisselle, débrancher l'ordinateur, préparer mes affaires pour le lendemain à savoir l'ordinateur, l'intitulé du syllabus, le sujet du premier dossier donné par notre chargé de TD, mes notes et rédaction à ce sujet, un nouveau stylo, le précédent étant à venu au bout de son encre, et quelques feuille vierges, mes vêtements aussi, puis me mettre au lit sans oublier d'éteindre les lumières.
Rien de plus simple.
Le plan de ma soirée se répétait dans mon esprit aux côtés de l'itinéraire vers l'appartement. Un chemin indirect, mais qui ce soir privilégiait la côte du Dorsodouro pour profiter un peu plus longtemps de la lagune afin de servir de cet instant liminal qui sépare le temps de travail et le temps domestique. Un instant de silence et de paix. Un choix d'autant plus motivé par le calme qui régnait sur cette partie de la ville. Les habitants comme les touristes devaient être installés en terrasse de café et dans les salles de restaurant plus au cœur de la ville, les locaux fermaient leurs volet pour entamer leur cycle nocturne, les rares passant restaient silencieux et leurs regards évasif pendant quelques propriétaire quittaient leurs établissement.
Une belle soirée.
Mon sourire tranquille s'effaça cependant lorsque j'entendis un bruit quelque peu strident venant de non loin.
De ma poche, tout simplement.
Mon téléphone ?
L'alarme sonnait du ton le moins mélodieux que j'avais pu trouver pour me rappeler que jamais je ne devais l'entendre. Un peu surprise je n'en étais pas moins soudainement submergée par le stress. Je m'étais permise de rêvasser et voilà que j'avais perdu la notion du temps, tel Alice tombant dans le terrier il me suffisait d'un instant d'inattention pour me perdre. Et si j'en croyais les tréfonds de mon cœur, je ne me perdrait pas que dans les rues de Venise, mais à travers l'espace et le temps.
Comme le prouvait mon alarme.
Encore heureux, je n'étais pas trop perdue dans l'espace, l'appartement ne se trouvait plus qu'à quelques minutes d'ici. Je n'avais qu'à prendre la ruelle ici pour couper à travers l'un des rares pâtés de maison uni pour rattraper le pont et...
Un hoquet de surprise m'étouffe.
Qu'est-ce que c'est que ça ?