COMME UN PETIT CREUX - LIZE UCHTENHAGEN [TERMINÉE]
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Lize
La bouche, la mâchoire et les dents de Lize ont été créées dans le seul but de pouvoir s’attaquer à n’importe quel matériau, dangereux ou non. Elle peut donc mordre et mâcher sans problème des choses aussi dures que du bois, des petites pierres ou du métal mou.
Les prédispositions naturelles et artificielles de Lize la rendent efficace au combat sans entraînement auprès d’un professeur. Les quelques mois passés à chasser des bêtes sauvages de la forêt, comme des sangliers ou des ours lui ont appris à tirer parti de ses armes naturelles, comme ses dents ou ses mains. Ses jambes lui octroient une mobilité animale dont elle sait mobiliser la force en cas d’affrontement.
Lize est la dernière d’une longue lignée de projets avortés et échoués de la part du tristement connu Professeur Uchtenhagen. Les recherches de cette famille, suspectée de n’être composée que d’un seul membre à la longévité douteuse, cherchent à reproduire une créature maintenant disparue, le nécrophage. C’est un sang de synthèse optimisé, reproduit d’après les expériences visant à recréer le prédateur qui coule dans les veines de sa fille. Ce sang à donné à la jeune fille le goût de la chaire que partagaient ses “ancêtres”, ainsi qu’une grande partie de leur bestialité et de leur force.
En plus d’avoir créé une fille aimante et obéissante, le professeur Uchtenhagen peut se targuer d’avoir créé un élément singulier et stupéfiant dans l'expérience vivante qu’est sa fille. Un élément au potentiel immense, absent des créatures d’origines. L’assimilation. Lorsqu’un “aliment” ou une partie d’un “aliment” qu’ingère Lize arrive jusqu’à son estomac, il est consumé et absorbé par son organisme. Son corps peut ensuite adopter certains traits ou caractéristiques de cette nourriture, jusqu’au prochain repas et pendant une quinzaine de minutes, pour les morceaux les plus petits, et une petite heure pour l’entité dans sa globalité. Au bout de ce temps, les capacités disparaissent et le corps de Lize reprend son fonctionnement et son aspect normal. Néanmoins, cette pratique est lourde et complexe pour son organisme, alors cette assimilation ne peut fonctionner que sur un seul aliment à la fois.
Le corps de Lize est un bijou d’eugénisme. Il est optimisé avec des organes résilients, des os solides et du sang riche. Si bien que les blessures de la jeune fille, tant qu'elles ne sont pas trop graves ou trop mortelles, finissent par se soigner d’elles même, sans intervention extérieure.
Tout comme les nécrophages légendaires d’un âge révolu, Lize dispose de capacités physiques stupéfiantes pour un être humain. Elle dispose d’une force surhumaine au niveau des jambes et des bras qui lui permettent de chasser efficacement, et à grande vitesse tout en bénéficiant d’une mobilité animale. Néanmoins, la plus grande force physique de la jeune femme réside dans sa mâchoire, capable de broyer sans problème les os d’une personne normalement constituée.
Depuis sa création au stade d’éprouvette, jusqu’à la fin de sa croissance, Lize a toujours été la cible de nombreuses expériences et opérations de remplacement et d’amélioration. Même si elle reste humaine, elle n’a absolument rien à voir avec ce que la nature est capable de concevoir sans l’intervention d’un cerveau malade et passionné.
Tout ce qui apaise la faim paraît bon
22 juillet 2020 - Abords de VeniseEli, je t’écris sur une feuille bien solitaire ce soir, car je n’ai pas trouvé plus de feuilles pour rédiger ma lettre de la semaine. J’espère que tu me pardonneras. Pour les nouvelles, sache que j’ai bien réussi à quitter Padoue sans encombre. Au loin, j'aperçois la fameuse lagune de Venise. C’est joli de nuit, toutes ces lumières posées sur l’eau, on dirait des étoiles.
Si ce soir je t’écris, c’est car j’ai besoin de te parler de ce qui se passe dans ma tête depuis l’accident de l'autre fois. En fait, j’ai l’impression d’avoir changé depuis que je suis partie de la maison, et en mal. Si ce soir, je t’écris, c’est, car j’ai besoin de te parler de ce qui se passe dans ma tête depuis l’accident d’il y a une semaine. Il me répétait souvent que j’étais une jeune fille obéissante, qui rechignait rarement à ranger ma chambre ou à me préparer pour les douloureuses opérations qui m’attendaient. Qu’il était rare pour une fille de mon âge d’avoir autant confiance en un adulte. Que j’étais sage quoi. Ou alors quand il me répétait que j’étais une grande rêveuse. Que mon imagination était infinie et systématiquement belle, toujours pleine d’amour. Il aimait beaucoup écouter les histoires que j'inventais lorsque je m'ennuyais dans ma chambre. Des histoires de fées, de monde d’animaux qui se terminaient presque systématiquement sur un grand mariage suivis d’un grand banquet. Ces histoires mettaient souvent en lumière un autre aspect qu’il louait souvent, celui que j’étais du genre à vouloir défendre les autres. C’est probablement, car je n’avais personne, et, car je souhaitais plus que tout au monde protéger le peu que j’avais, à savoir les gens que j’inventais dans ma tête. Je lui répétais souvent que je voulais devenir un chevalier des temps modernes et protéger les gens en danger… Ou policière, ou pompier, ou médecin… C’est probablement, car je changeais toujours d’avis qu’il disait de moi que j’étais pleine de lubies. Il m’arrivait souvent dans mes longues journées de me trouver une passion dévorante qui me lassait au bout d’un simple après-midi. Une boule d’énergie incapable de rester concentré plus de quelques minutes quoi…
Mais depuis que je suis partie, j’ai l’impression que je suis bourrée de défauts. Bien que j’aimerais toujours aider les autres, je sens que je suis attirée par la violence. C’est sans me poser une seule question que j’ai chassée une grande quantité d’animaux dans la forêt, et les mots désagréables des policiers vis-à-vis de mon père me donnent envie de les frapper. Pourtant, ce n’est pas vraiment de la colère qui provoque ça, juste que ça me semble simple et efficace. Une violence froide qui m’a l’air d’être la réponse à beaucoup de questions, même si j’essaie de me retenir. Et cette envie de cogner tous mes problèmes me fait me rendre compte que je suis bien plus fragile que je le pensais, mentalement, j’entends. Tout m’impacte lourdement et j’ai constamment l’impression d’être à fleur de peau. Je pleure, je m’énerve, je me calme, je m’amuse, le tout à intervalle très court. Et tout de manière toujours extrême. J’ai l’impression d’avoir perdu ma demi-mesure sur le chemin… Et pour finir, la chose qui est maintenant évidente pour toi comme pour moi. J’ai faim, tout le temps. Peu importe ce que je mange, j’en veux plus. Ça me rend folle. Pourtant, je mange autant qu’à la maison, quand j’attrape un mouton ou un sanglier. Mais j’en veux plus, même si j’avale n’importe quoi. J’ai commencé à manger les plastiques de mes gâteaux, les cannettes de mes sodas et les couverts de mes plats. Tout ce qui me passe sous la main quoi. Je crois que je ne suis plus très normale et je comprends pourquoi Papa voulait me garder auprès de lui. Il me manque…
J’espère que si un jour, je rencontre quelqu’un comme toi, je ne lui ferais pas peur ou même si je revois Papa, qu’il ne me rejettera pas. Ça me fait peur et ça m’empêche de dormir la nuit…
J’arrive en bas de verso donc…
Lize.
À Eli, ma copine,
Alors ? Ce nom te plaît ? Moi en tout cas, je le trouve super. J’y ai beaucoup réfléchi. J’y ai tellement réfléchi que je me suis couchée après 22 h hier, et je suis satisfaite du résultat. Tu sais, je me suis beaucoup entraînée à l’écriture depuis ma première lettre, je remplis des cahiers tous les jours, et Mathilde et Papa sont super fiers de moi. Du coup, j’en profite pour t’écrire un petit mot depuis ma cabane secrète. Je me suis dit que je pourrais te parler de la maison aujourd’hui ! J’aimerais bien que tu les rencontres. Du coup, je vais te ré expliquer.
Depuis que je suis bébé, j’habite ici, dans la montagne. C’est une ancienne base militaire en Suisse que Papa à acheté il y a longtemps, et qu’il a aménagé pour que ça ressemble à une vraie maison. Il y a plein de pièces ici. En haut, c’est là où on habite, avec les chambres, la salle à manger, la salle de bain et tout, et en bas, c’est là où travaille Papa. Je n’ai pas trop le droit d’y aller car c’est dangereux. Mais des fois, j’y vais parce que je dois me faire opérer. Mais promis un jour, je t’enverrais un super plan, tu vas voir, c’est génial y a plein de place !
Du coup dans la maison, il y a d'abord Elsa. Elsa, c’est la dame qui fait le ménage. Elle ne parle pas beaucoup, mais grâce à elle, tout est toujours propre. Le sol brille et y a pas une seule araignée au plafond, rien. Elle est gentille, mais elle est un peu bizarre car elle à la peau toute blanche et les cheveux aussi.
Sinon il y a Mathilde, c’est ma nourrice. Elle, elle est normale, mais elle parle plus et elle joue souvent avec moi. Vu que Papa travaille beaucoup, elle s’occupe de moi presque tout le temps. Elle s’occupe de mes cours, de m’apprendre à lire et à compter et joue avec moi à cache-cache. Je crois qu’elle m’avait dit que c’était une ancienne élève de Papa quand il était professeur, et qu’elle s’occupe de moi depuis ma naissance. Elle est très intelligente et elle aide Papa quand il faut m’opérer. Je l’aime beaucoup.
Et le meilleur pour la fin, Papa. Mon Papa, c’est le meilleur, il m’offre plein de cadeaux, il fait le plus d’efforts possibles pour être avec moi et on s’aime beaucoup. Il porte toujours une tenue qui le couvre totalement, et un masque sur le visage. Il dit que c’est pour sa santé et son travail. Mais bon, Papa, il est chercheur. Je ne sais pas ce qu’il cherche, mais il y passe tout son temps (sauf quand je veux jouer et avant d’aller dormir). Avant, il était professeur, mais je crois qu’il s’est disputé avec son école, et depuis, il est là. C’est lui qui s’occupe de me réparer, car je suis très malade. Il ne le dit pas, mais je crois que c’est ça qu’il cherche, un médicament pour que j’arrête d’être malade. Il s’excuse souvent de ne pas trouver quand je dois réapprendre à marcher ou des choses comme ça. Mais entre nous, ça sert à rien, moi, je lui en veux pas. Je suis sûre qu’il a les yeux tout noirs derrière son masque à force de travailler. Et puis il est toujours gentil avec moi donc je vois pas pourquoi je serais triste ou en colère.
Et pour ma Maman, bah, j’en ai pas. Papa n'en parle pas très souvent, mais il dit que ma Maman n’a pas voulu venir vivre avec nous. Je connais juste son nom, c’est Invitro ! C’est bizarre, mais tant pis pour elle, moi, je suis heureuse ici.
Voilà, voilà, j’ai mal au poignet à force d’écrire, de toute façon, je te réécris bientôt !
Ta super méga Copine
Lize
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Ça y est ! C’est enfin mon anniversaire et j’ai huit ans ! Papa m’a dit que j’étais grande maintenant alors pour fêter ça, j’ai eu la plus belle fête d’anniversaire du monde. Quand je me suis réveillée ce matin, ma chambre était remplie de cadeaux. Il y en avait des grands, des petits, tous empilés comme une immense montagne multicolore. J’avais très envie de l’escalader, mais Mathilde, m’a bien fait comprendre que c’était une très mauvaise idée et que je risquais de me blesser, en plus d'abîmer les cadeaux de papa. Alors j’ai attendu qu’on me les descende, pendant que je mangeais mon petit-déjeuner. Quand papa est arrivé, j’ai tout ouvert, ça a été long et il y avait tellement de papiers cadeau par terre que je pouvais me cacher dessous et avancer sans être vue, comme un requin féroce. Par contre, j’ai perdu un morceau de mon petit-déjeuner en dessous…
Mais pour les cadeaux, il y en avait pleins ! Un nouveau lit, des nouveaux vêtements, une nouvelle robe opératoire, des légos, des livres d’images, des crayons, et même un super support à perfusion ROSE … J’arrive même pas à me souvenir de tout, mais maintenant ma chambre, c’est une vraie chambre de grande, avec des jouets de grande. Après on a mangés tous ensemble avec les gens de la maison. Papa, Mathilde et Elsa (c’est la sœur de Mathilde et elle fait à manger et le ménage.) m’ont fait souffler les bougies du plus gros gâteau du monde, et ils m’ont dit de faire un vœu. Alors j’ai fait le vœu de pouvoir te rencontrer un jour, genre, pas dans ma tête quoi, pour de vrai et qu’on puisse jouer toutes les deux à cache cache. Surtout que la maison est super grande. Y a plein de pièces et y a même des rails qui mènent au bureau de papa. Alors, j’espère qu’il se réalisera un jour.
Après avoir tout mangé, Papa m’a dit qu’il voulait bien m’emmener me promener dehors vu que j’étais presque une adulte. J’étais trop heureuse, car ça faisait super longtemps que je voulais voir le ciel, les animaux, sentir le vent et tout ça quoi ! On a traversés la grosse porte en métal qui fait mal aux oreilles et on a passé tout l'après-midi à marcher. J’ai vu des arbres, des vrais, et des petits oiseaux. On a même descendu un peu de la montagne pour voir la rivière. Une vraie rivière, avec des vrais poissons. Et quand le ciel est devenu orange, papa m’a portée pour rentrer, car j’étais trop fatigué. Je crois que je me suis endormie sur la fin, mais sur le chemin, on a parlé de toi ! Je lui ai dit que j’aimerais beaucoup avoir une copine, comme une sœur. Il m’a encore expliqué que c’était pas possible avec son travail et qu’il n’y avait personne à part nous quatre dans le coin.
Après, il m’a dit que je devrais t’écrire de temps en temps. Que même si tu n’étais pas vraiment là, ça serait une bonne chose, de quand même avoir une amie de mon âge. Et qu’en plus, je pouvais t’imaginer comme je le voulais et que ça faisait de toi une super copine ! Et puis après il m’a dit à quel point il tenait à moi et qu’il était content d’être mon papa. Ça me fait plaisir de passer du temps avec lui comme ça, vu qu’il est souvent occupé…
Mais voilà ! C’est pour ça que je t’écris (enfin, avec l’aide de Mathilde parce que j’ai fait beaucoup de fautes sur les premières fois.). Et puis c’est un peu comme si tu étais à mon anniversaire aussi !
J’aimerais plus t’écrire tout de suite maintenant, mais je dois te laisser. Papa dit que mes tibias (je sais pas où c’est), ont besoin d’être changés. Donc je dois me laver, enfiler ma robe d’opérations et y aller. Mais je t’envoie une autre lettre une fois que je remarche normalement, c’est promis !
Plein de bisous
Pour ma meilleure amie de toujours
Salut Eli, j’espère que tu vas bien ! Moi, je suis plutôt fatiguée en ce moment et ça explique pourquoi je ne t’ai pas écrit plus tôt. Normalement, je t’envoie une lettre le lendemain de chacun de mes anniversaires depuis déjà 8 ans, pour te faire partager tout ça (en plus de toutes les autres, mais celle-ci, c’est la plus importante.). Pas de chance pour moi, mon opération de la mâchoire s’est plutôt mal passée. Un rejet de greffe ou quelque chose comme ça, donc j’ai dû attendre que papa m’en fabrique une autre et me la mette. T’imagines ? La mâchoire, c’est le plus douloureux en plus, avec l’estomac et les intestins. Mais vu que c’est pour mon bien, je reste forte, comme toujours ! Au final, ma seule déception, c’est d’avoir dû être nourrie sous perfusion pendant plus longtemps que d’habitude… Enfin ! Toi, j’espère que tu vas bien, même si cette question est un peu bête.
Mais parlons un peu de mon anniversaire ! (C’est plus amusant.). Comme chaque année, on a tous passé la journée ensemble, et Papa ne s’est pas absenté une seule fois pour travailler ! Comme d’habitude, j’ai été noyée sous les cadeaux et j’ai eu le costard trop cool que je voulais tant, je ressemble à une vraie femme d’affaire, je te jure ! Mais je me demande bien comment Papa fait pour acheter tout ça sans sortir de la maison, on est isolés du monde ici. Je veux dire, j’ai jamais entendu un seul livreur frapper à la porte du Bunker en 10 ans. Même pendant ma sortie annuelle, je n’ai jamais vu une seule autre maison à des kilomètres aux alentours. Enfin, tu le sais autant que moi, Papa est le plus grand secret que je connaisse… Quoiqu’il en soit, comme les autres années, on a beaucoup beaucoup mangé (enfin surtout moi) et on à passés une journée dehors avec Papa…
Tu sais ? J’ai essayé de lui parler de mon envie de sortir un petit peu plus, de voyager avec lui, de rencontrer des gens. Je me suis dit que vu que c’était mon anniversaire, il serait un peu plus enclin à me laisser me promener un peu quoi… Mais c’est non, toujours. Comme d’habitude, il s’excuse sincèrement, je l’entends à sa voix même si son visage est toujours dissimulé derrière son masque. Et puis, il me dit que c’est dangereux pour moi d’être dehors, que le monde n’est pas aussi bon que dans les livres qu’il m’offre. Pourtant, ma croissance est bientôt terminée, et les opérations arrivent à leur terme. Mes os sont adaptés à ma taille adulte, ma mâchoire fonctionne du feu de Dieu et mes organes ne me font plus mal du tout. Un dernier drainage de sang, quelques changements de viscères et tout sera bon. Mais non, il ne veut rien entendre… Vraiment, je réfléchis de plus en plus à l’idée de partir pour quelque temps sans son accord… J’ai de l’amour, tous les objets et cadeaux que je désire, je mange à ma faim, mais pourtant, j’ai envie de plus. C’est égoïste, je sais, ça risque de faire du mal à Papa. Probablement lui rappeler le départ de maman …
Tu sais Eli, j’aimerais des fois recevoir des réponses à ces lettres que j’écris et qui ne partent jamais. Entendre tes conseils et m’aider à prendre la bonne décision, comme le ferait une amie de chair et de sang.
Bon, il se fait tard, je vais poser mon crayon et aller dormir. De toute façon, je te renvois une lettre la semaine prochaine et d’ici là, j'aurais probablement pris une décision.
Ta meilleure amie qui t’aime.
Eli, ma seule amie.
Voilà maintenant plusieurs mois depuis la dernière fois où je t’ai écrite. Je voulais attendre de trouver un papier présentable et un crayon qui ne fuit pas, mais je n’en peux plus, j’ai vraiment besoin de t’écrire. De poser sur le papier tout ce que j’ai sur le cœur et de raconter tout ce qui s’est passé. Lors de la dernière lettre que j'ai rédigée, j’ai dit que j'allais partir et que mon choix était fait. Que je m’étais préparée du mieux que je pouvais sans éveiller les soupçons. J’ai laissé un mot, derrière moi, expliquant tout ce qui m’avait poussée à faire ce choix. Que j’aime Papa et que ça ne changera jamais, mais que j’avais besoin de sortir un peu. Je me suis faufilée en dehors du bunker par le système de rechargement d’un vieux canon démilitarisé, et je suis partie dans une direction, au hasard.
Je dois avouer que je ne suis pas aussi bonne survivaliste que je le prétendais. J’ai dû me perdre et vivre en forêt pendant de longs jours. Mais ça va, la nature regorge de nourriture, Sangliers, cerfs, ours (pas terrible l’ours). J’avais juste à les attendre et à les frapper très fort au niveau de la tête. La peau ça se retire en tirant un bon gros coup dessus, et après tout se mange, rien ne se perds. Puis, au bout d’un mois, peut-être, je suis tombée sur mon premier village. Tu imagines bien à quel point j’étais heureuse. C’était beau, il y avait des maisons, des voitures et surtout des gens. Et au fond, les habitants étaient gentils. Ils m’ont donné un tout petit peu de nourriture, des vêtements et de quoi me laver. Ensuite, je suis repartie pour découvrir d’autres horizons. J’ai marché, couru et grimpé jusqu’à user mes chaussures… Enfin, je vais t’épargner tous les détails, mais pour résumer, je n’ai pas croisé plus de vie dans les montagnes.
Au bout d’un moment, je suis tombée sur une ville. UNE VILLE. Y avait pleins de lumières, pleins de voitures, plein de maisons, c’était immense ! Le rêve quoi. Mais les gens étaient moins gentils, personne ne voulait me donner à manger, sauf la police qui est venue me trouver à force de me promener. Ils m’ont demandé de leur raconter mon voyage, de leur donner mes papiers et adresse… C’est là que je me suis rendu compte que je ne savais ni comment rentrer, ni comment contacter Papa. Ils m’ont réclamé son nom. Vu que je l’ai toujours appelé Papa, je n’ai pas trop sur comment répondre à cette question, ni à quoi il ressemble vu qu’il a toujours eu son masque bizarre sur le visage. J’ai bien essayé de leur expliquer que c’était pour sa santé et pour son travail, et que c’était normal qu’il le porte tout le temps, mais ça a semblé plus les énerver. Pas contre moi, contre lui. Je n’ai pas tout compris, mais je n’ai pas supporté rester avec des gens qui disent du mal de lui, alors je suis partie par la fenêtre et ai quitté la ville. Et tout ça s’est répété de ville en ville, si bien que maintenant, j’évite la police. Je n’ai pas envie d’entendre qu’il est dangereux, toxique ou malade, car c’est faux. Toi aussi, Eli tu le sait hein ? Papa, c’est le meilleur père du monde.
Enfin, après, … Je suis arrivée ici, à Padoue en Italie il y a quelques jours. J’ai décidé de me poser un peu, trouver de quoi manger en dehors des moutons ou des bêtes sauvages qui traînent en rase campagne, ou des fruits sur les arbres et un endroit stable où dormir. Car depuis que je suis partie, j’ai faim, tout le temps. C’est difficile à décrire, mais, même si je mange beaucoup, j’ai faim. Le matin, j’ai faim, le midi, j’ai faim, le soir, j’ai faim, et même la nuit, j’ai faim. Si bien que je dors plutôt mal. Mais bonne nouvelle, j’ai trouvé un endroit comme celui que je cherchais. Ce sont des gens qui sentent le thym et qui ont aussi l’air aussi très fatigué qui m’ont dit que je pouvais dormir la bas. Ils appellent ça un Squat. C’est une sorte d’immeuble abandonné, ou il y'a plein de gens différents qui dorment et qui prennent des médicaments. Pour la plupart, ils étaient sympas, mais … Il s’est passé un truc qui…
Tout à l’heure, y a des gens qui sont venus m'embêter pendant que j’essayais de dormir et de ne pas penser au fait que j’avais faim. Ils sentaient le désinfectant et ils ont commencé à essayer de prendre mes affaires. Ils ont touché à mon sac et à mes vêtements. Je leur ai crié d’arrêter alors ils se sont énervés. Moi aussi, je l’étais. Je sais même pas pourquoi je l'étais. Et puis, je me souviens plus trop ce qui s’est passé mais j’en ai frappé un contre le mur et … et… Son crâne, il a … il s’est… Cassé ? Mais j’étais toujours énervée alors j’ai cogné sur les autres aussi, comme lorsque je chassais. Je ne sais vraiment pas comment c’est arrivé, mais je sais que là, ils sont morts, dans la pièce d'à côté. Enfin, je crois.
Si jamais quelqu’un l'apprend, je vais aller en prison, je le sais. J’ai essayé de nettoyer le sang sur mes mains et sur mes vêtements, mais ça part pas ! J’ai tout essayé, ça reste collé. Je ne veux pas aller en prison, je veux rentrer chez moi. Papa avait raison, le monde extérieur fait peur. Et j’ai jamais eu autant envie de manger que depuis que j’ai les mains couvertes de sang. Eli, il faut que je te le dise, que j’en parle, car sinon mon cœur va exploser, mais… J'ai l'impression qu'une partie de moi à envie de les bouffer....
Je dois partir, je t’écrirais dès que possible.
Ton amie qui a besoin de toi
Lize.
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